Le ministre libanais de la Santé Firas Abiad et le président de l’Ordre des médecins Youssef Bakhache ont tenu vendredi une conférence de presse conjointe afin d’aborder la question de la prise en charge des blessés des deux attaques à distance des 17 et 18 septembre.
Ces deux jours-là, des milliers d’explosions de bipeurs puis de talkie-walkies utilisés par des membres du Hezbollah et de leur entourage ont été déclenchés simultanément, faisant 40 tués et 2 928 blessés, selon le dernier décompte du ministère de la Santé. Le parti chiite et le gouvernement libanais ont imputé l’attaque à Israël, engagé dans une guerre contre le Hezbollah au Liban-Sud depuis presque un an. La plupart des blessés de ces deux attaques souffrent de blessures aux yeux et aux mains, ayant requis dans de nombreux cas une amputation de membres ou une ablation d'organes.
Le ministre de la Santé a rappelé que ces blessés souffrent d’atteintes multiples et ont besoin de soins divers allant des opérations chirurgicales à des séances de physiothérapie, jusqu'à un suivi psychologique… Il a assuré que tous ces soins seront pris en charge par le ministère que ce soit dans les hôpitaux ou dans des centres spécialisés.
Il a souligné que de nombreux pays et particuliers (principalement des émigrés libanais) sont entrés en contact avec le ministère pour faire part de leur volonté d’envoyer des équipes médicales ou de se rendre au Liban pour aider aux soins des blessés. « Tout en saluant cet élan de solidarité, nous appelons ces différentes parties à coordonner avec le ministère et avec les syndicats professionnels, non seulement pour assurer la qualité des soins administrés, mais aussi pour que les équipes locales soient aptes à poursuivre le traitement à long terme », a-t-il dit.
Pour sa part, le président de l’Ordre des médecins a insisté sur la volonté du secteur de santé « de faire en sorte que les soins soient accessibles à tous ».
Convocation du Conseil de sécurité
Le ministre Abiad avait auparavant effectué dans la matinée une vaste tournée dans la Békaa, une région où de nombreuses explosions de bipeurs et de talkie-walkies avaient eu lieu. Sa tournée a englobé les hôpitaux gouvernementaux de Baalbeck (Békaa-nord), de Rayak et de Chtaura (Békaa centrale).
A plusieurs reprises durant sa tournée, M. Abiad a qualifié ces explosions à distance de « crime de guerre », notamment en raison du caractère non-discriminatoire de l’attaque. « Durant mes tournées hier et aujourd’hui (jeudi et vendredi), j’ai vu des femmes et des enfants parmi les victimes des attaques, et il est désormais clair pour le monde entier que les blessés étaient des civils et des familles, surtout que nous comptons deux enfants parmi les tués, une fillette de 10 ans et un garçon de 11 ans », a-t-il dit lors de son passage à l’hôpital Dar el-Amal à Baalbeck.
A plus d’une reprise, il a insisté sur « la position du gouvernement libanais qui s’est traduite par une convocation vendredi d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU spécialement dédiée à ce sujet, afin de placer la communauté internationale face à ses responsabilités ».
Dans tous les établissements qu’il a visités, le ministre de la Santé a par ailleurs salué « la qualité des soins dont nos hôpitaux gouvernementaux se sont montrés capables, et qu’on pensait réservés aux grands hôpitaux universitaires », estimant qu’ils ont appliqué avec succès les plans d’urgence du ministère. Il a souligné cependant que le ministère prendrait en compte les besoins en matière de soins spécialisés des blessés, soit par une aide aux établissements soit par le transfert, le cas échéant, vers d’autres hôpitaux.
Il a rendu hommage à la solidarité dont a fait preuve le peuple libanais, estimant qu’il s’agit de la meilleure réponse aux attaques israéliennes. Le ministre a constaté « le moral élevé des blessés et de leurs familles ».
Firas Abiad était accompagné au cours de sa tournée par le ministre des Travaux publics et des Transports Ali Hamiyé, et a été reçu aux différentes étapes par des députés du tandem chiite. Le député Hussein Hajj Hassan a ainsi loué « la grande solidarité que l’on a constatée dans le secteur de la santé mais aussi dans les milieux politiques et communautaires ». Il a néanmoins réaffirmé que « le Liban continuera à appuyer Gaza, et ne s’arrêtera pas quels que soient les sacrifices ».
Le « front de soutien » à Gaza au Liban-Sud a été ouvert par le Hezbollah le 8 octobre 2023, soit un jour après l’opération « déluge d’al-Aqsa » du Hamas contre Israël.