Les bipeurs détenus par des milliers de membres du Hezbollah qui ont explosé mardi proviendraient d'une société-écran israélienne, rapporte le New York Times, citant trois sources au sein des services de renseignement ayant connaissance de l'opération.
Selon le média américain, B.A.C. Consulting, la société hongroise qui aurait vendu les bipeurs piégés au parti chiite est « une société-écran ». Cette entreprise était « israélienne » et « produisait des bipeurs pour l'entreprise taïwanaise Gold Apollo ». Selon l'article du NYT, au moins deux autres entreprises ont été créées pour dissimuler le fait que les appareils étaient fabriqués par des agents des services de renseignement israéliens. « Même avant que Hassan Nasrallah ne décide d'étendre l'utilisation des pagers, Israël avait mis en place un plan pour créer une société écran qui se ferait passer pour un producteur international de bipeurs », écrit le NYT.
« B.A.C. acceptait des clients ordinaires, pour lesquels elle produisait une gamme de bipeurs classiques. Mais le seul client qui comptait vraiment était le Hezbollah, et ses bipeurs étaient loin d'être ordinaires. Produits séparément, ils contenaient des batteries imprégnées de l'explosif PETN », poursuit le NYT, citant trois officiers du renseignement. « Les pagers ont commencé à être expédiés au Liban à l'été 2022 en petites quantités, mais la production a rapidement augmenté après que M. Nasrallah a appelé ses partisans à ne pas utiliser leurs téléphones portables », poursuit le quotidien américain.
Le secrétaire général du Hezbollah a mis en garde à plusieurs reprises contre les risques posés par les smartphones, les décrivant comme des « dispositifs d'espionnage facilement contrôlables ». « Jetez vos smartphones, enterrez-les, mettez-les dans une boîte de métal et éloignez-les », avait même dit le leader du parti chiite, lors d'un de ses discours en février, après le début de la guerre entre sa formation et l'État hébreu, dans le sillage du conflit à Gaza déclenché le 7 octobre 2023.
Au cours de l'été, les envois de pagers vers le Liban ont augmenté, avec des milliers d'unités arrivant dans le pays et étant distribuées parmi les officiers du Hezbollah et leurs alliés, selon deux responsables du renseignement américain interrogés par le quotidien américain. « Pour le Hezbollah, il s'agissait d'une mesure défensive, mais en Israël, les agents du renseignement se référaient aux pagers comme des « boutons » à activer lorsque le moment serait opportun. Il semble que ce moment soit arrivé cette semaine », écrit encore le NYT, qui précise que selon trois responsables du renseignement et de la défense, l'explosion a été déclenchée quand Israël a activé les pagers pour qu'ils émettent un bip et a envoyé un message en arabe qui semblait provenir de la haute direction du Hezbollah.
Mardi, une source de sécurité libanaise interrogée par Reuters, avaient indiqué que les bipeurs étaient fabriqués par l'entreprise basée à Taïwan, Gold Apollo. Une information rapidement démentie par la société concernée. Selon le ministère taïwanais des Affaires économiques, dans un communiqué cité par la chaîne NBC, Gold Apollo a exporté 260 000 pagers entre 2022 et août 2024, principalement vers les marchés européens et américains. « Il n'y a pas de trace d'exportation directe vers le Liban », ajoute le texte. Un porte-parole du ministère taïwanais des Affaires économiques contacté par NBC avait ensuite évoqué mercredi l'éventualité d'une fabrication « par un autre producteur, qui les aurait simplement étiquetés avec la marque Apollo », soulignant que cette possibilité fait actuellement l'objet d'une enquête.
Gold Apollo avait indiqué, mercredi également, que la compagnie hongroise B.A.C. Consulting KFT, basée à Budapest, avait une licence pour produire ces bipeurs et avait fabriqué les appareils livrés au Liban. « En vertu d'un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l'unique responsabilité de BAC », a indiqué dans un communiqué Gold Apollo. Toutefois, la PDG de BAC Consulting, Cristiana Bársony-Arcidiacono, contactée au téléphone par la chaîne américaine NBC, a démenti que l'entreprise fabrique ces appareils. « Je suis juste l'intermédiaire. Je pense que vous vous êtes trompés », a-t-elle indiqué, bien qu'elle ait confirmé travailler avec Gold Apollo. Mme Bársony-Arcidiacono se présente, selon sa page LinkedIn, comme « consultante stratégique sur le Moyen-Orient ».
Rien de tout cela ne se serait produit, si le hezbollah avait fait passer ces produits au scanner a l'arrivée, ce qui malheureusement leur aurait coûté, comme a tout citoyen, des droits de douane..
16 h 46, le 19 septembre 2024