L’affaire du brouillon de l’accord d’entente entre les deux armées libanaise et britannique – qui a suscité une polémique ces derniers jours dans les médias proches du Hezbollah – vient de connaître un nouveau développement. Soumis à l’armée pour avis, le texte, qui prévoit un déploiement d’effectifs de l’armée britannique sur le sol libanais pour assurer les opérations d’évacuation des citoyens britanniques en cas de guerre totale entre le Liban et Israël ou tout autre incident mettant en danger les citoyens britanniques au Liban, a obtenu un avis défavorable de la part de l’institution militaire.
Dans sa réponse, dont L’Orient-Le Jour a pu obtenir une copie, l’armée libanaise précise que le texte soumis a été étudié dans ses plus petits détails. « L’armée considère par conséquent que la teneur du brouillon suscite des craintes quant à la souveraineté et l’indépendance du Liban. D’autant que la mission des forces armées britanniques n’est pas clairement explicitée, ce qui augmente les doutes quant aux objectifs escomptés », indique la missive de la troupe libanaise. Celle-ci motive sa réaction en avançant les remarques suivantes : l’imprécision qui entoure les objectifs relatifs notamment à la liberté de mouvement des troupes britanniques sur le sol libanais, la question de l’immunité juridique requise dans certains cas, les requêtes d’un soutien logistique que l’armée libanaise a considéré comme « déséquilibré » tout comme « la prise de décision » et « l’absence du principe de réciprocité ».
Selon le brouillon soumis par la Grande-Bretagne au Liban et dont L’OLJ a également obtenu copie, l’armée britannique évoque implicitement une liberté de mouvement au paragraphe 3, « sauf lorsque la situation sécuritaire exige une escorte » que « l’État hôte devrait assurer ». Londres requiert par ailleurs « le port d’armes de manière visible » par les soldats britanniques dans le cadre de leur mission. Une autre clause, comprise sous le chapitre de « la responsabilité de l’État libanais », consiste à exempter de toute taxe l’importation puis l’exportation des équipements nécessaires aux effectifs britanniques. Autant de clauses, entre autres, que l’armée libanaise a considérées comme contraires au principe de réciprocité et portant atteinte à la souveraineté.
« Nous suggérons par conséquent à la Grande-Bretagne et à l’Irlande du Nord de reformuler le texte de la proposition de l’accord d’entente en prenant en considération les remarques ci-dessus », conclut la missive, envoyée au ministère des Affaires étrangères qui fera le nécessaire, comme le prévoit la procédure en vigueur.
Le manuscrit provisoire soumis par l’armée britannique mentionne clairement au chapitre 12 « la possibilité de suggérer de part et d’autre des modifications au brouillon, et ce à n’importe quel moment, sans que ces amendements n’entrent pour autant pas en vigueur, sauf lorsque les deux parties apposeront leur contreseing au texte final ».
Contactée, une source diplomatique britannique affirme à L’OLJ que « la sécurité des ressortissants britanniques est une priorité absolue » pour Londres. « C’est pourquoi le gouvernement britannique procède régulièrement à des plans de contingence pour une gamme de scénarios au Liban, ajoute la source. Ce travail inclut des scénarios où le gouvernement libanais pourrait demander de l’assistance au Royaume-Uni, par exemple en cas de catastrophe naturelle. » Pour rappel, plusieurs articles ont déjà été publiés au sujet de cet avant-projet par le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, dénonçant tantôt une « tutelle britannique sur le Liban », tantôt « une occupation déguisée ».
Il est barbu ou pas?
11 h 13, le 14 septembre 2024