Les Jordaniens voteront mardi pour élire un nouveau Parlement, dans un climat de mécontentement face à une économie morose et à la guerre en cours à Gaza.
Deux jours plus tôt, cette frustration s'est manifestée par une fusillade meurtrière, lorsqu'un Jordanien a tué trois gardes israéliens à un poste-frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie occupée.
Ces élections, qui ont lieu tous les quatre ans, sont les premières depuis l'adoption d'une nouvelle loi en janvier 2022, qui a augmenté le nombre de sièges au Parlement, relevé le quota réservé aux femmes et abaissé l'âge minimum des candidats.
Parmi les candidats, figurent des représentants des principales tribus jordaniennes, des centristes, des soutiens du gouvernement, ainsi des indépendants, des membres de la gauche et du Front d'action islamique (FAI), branche politique des Frères musulmans et plus grand parti d'opposition.
Dans un marché animé du centre d'Amman, où les affiches de campagne sont visibles, les avis sont partagés. "Les élections sont (...) notre chance de nous faire entendre et de choisir nos représentants au Parlement, même si nous doutons qu'il y ait un changement significatif", estime Issa Ahmed, un retraité de 65 ans.
Il fait partie des plus de 5,1 millions de personnes inscrites sur les listes électorales, pour une population de 11,5 millions d'habitants, selon la commission électorale.
"Crises et guerres sans fin"
"Notre pays est malheureusement entouré d'une série de crises et de guerres sans fin", déplore M. Ahmed. L'offensive israélienne dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas palestinien le 7 octobre contre Israël, a suscité la colère de nombreux électeurs jordaniens, dont près de la moitié sont d'origine palestinienne.
"Où que l'on regarde à Gaza, il y a des tueries quotidiennes, des destructions, des tragédies (...), cela nous plonge dans la douleur et dans un sentiment d'impuissance, et nous détourne des élections", lâche Omar Mohammed, un fonctionnaire de 43 ans. "Je ressens de l'amertume. Je ne suis pas encore sûr de voter," ajoute-t-il.
La plupart des slogans de campagne abordent les défis quotidiens des Jordaniens, mais la guerre à Gaza reste au centre des préoccupations, notamment chez les candidats du FAI, alors que le royaume et Israël sont liés par un traité de paix depuis 1994.
"La guerre à Gaza et la cause palestinienne occupent une place centrale dans les élections jordaniennes. Tous les regards sont tournés vers Gaza et la Palestine et sur les massacres qui s'y déroulent", affirme Saleh al-Armouti, ancien député et candidat du parti islamiste. "Les élections ne doivent pas être retardées et elles servent la cause palestinienne et la région, mais je crains une abstention due à ces événements," ajoute-t-il.
Pas de bouleversement attendu
La guerre à Gaza a porté un coup dur au secteur du tourisme en Jordanie, qui représente environ 14% du PIB. Cette situation a entraîné une baisse des revenus dans un pays qui dépend fortement des aides étrangères, notamment des Etats-Unis et du Fonds monétaire international, et où le chômage atteignait 21% au premier trimestre 2024.
Oraib Rantawi, analyste et directeur du Centre d'études politiques d'al-Qods à Amman, estime qu'une partie de la société jordanienne "considère que la situation à Gaza est plus importante et a donc accordé moins d'attention aux élections et pourrait s'abstenir d'y participer".
Selon lui, les partis politiques ayant pris position sur Gaza, comme les islamistes, pourraient en tirer avantage, sans pour autant bouleverser l'équilibre politique.
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