Avec à peine quatre mois devant elle avant de céder la place, l'administration du président Joe Biden continue à espérer la signature d'un accord de cessez-le-feu à Gaza, après des semaines d'efforts infructueux.
Une issue positive rejaillirait aussi sur la vice-présidente, Kamala Harris, engagée dans une bataille acharnée avec le républicain Donald Trump pour la présidentielle du 5 novembre.
Depuis l'annonce le 1er septembre par Israël que le Hamas avait tué six otages, dont un citoyen américain, l'administration Biden a encore accentué ses efforts pour obtenir une trêve qu'elle estime impérative. Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reste inflexible après avoir juré de détruire le Hamas. Et ce malgré la pression d'une large partie de la population israélienne, favorable à un compromis.
Washington a affirmé cette semaine qu'un accord de cessez-le-feu était approuvé "à 90%". Mais chaque jour qui passe sans qu'il ne soit conclu "risque de faire dérailler un bien fragile" processus, a reconnu le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Le 31 mai, M. Biden avait présenté un plan prévoyant une trêve de six semaines à Gaza, accompagnée d'un retrait israélien partiel et de la libération d'otages, puis à terme un retrait total israélien du territoire. Avec le Qatar et l'Egypte, les Etats-Unis, principal allié d'Israël, font des efforts de médiation depuis des mois pour convaincre les deux camps de s'accorder.
"Calendrier politique"
Parmi les points d'achoppement figure notamment la volonté de M. Netanyahu de conserver un contrôle israélien sur le "couloir de Philadelphie", zone tampon le long de la frontière entre Gaza et l'Egypte.
Les médiateurs américains travaillent sur un accord déterminant quand et d'où les forces israéliennes doivent se retirer, tout en veillant aussi à préserver les intérêts de l'Egypte. Mais M. Netanyahu comme le chef du Hamas, Yahya Sinouar, craignent pour leur avenir politique en cas d'accord, souligne Merissa Khurma, directrice du programme Moyen-Orient au Wilson Center.
"Honnêtement, je ne m'attends pas à une avancée majeure", dit-elle. "Je pense que Netanyahu, en particulier, est bien conscient du calendrier politique américain et du rôle de la politique intérieure."
M. Biden a apporté un soutien sans faille à Israël depuis l'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël limitrophe, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Mais il a aussi critiqué la riposte d'Israël, lui reprochant de ne pas faire assez pour protéger les civils à Gaza. La guerre a fait 40.939 morts dans le territoire palestinien, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. D'après l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des enfants. Le président américain s'est toutefois largement refusé à utiliser le principal levier dont il dispose à l'égard d'Israël - la limitation des ventes d'armes -, au grand mécontentement de l'aile gauche de son Parti démocrate.
"Ca peut toujours empirer"
Selon des sondages de l'Arab American Institute (AAI), Kamala Harris aurait plus à gagner qu'à perdre en durcissant le ton avec Israël, l'inverse étant vrai pour Donald Trump, dont le Parti républicain est très majoritairement pro-israélien.
Ghaith al-Omari, expert du Washington Institute, estime également que ni M. Netanyahu ni le Hamas ne souhaitent véritablement un accord et insiste sur la complexité des questions restant à régler. "Ce n'est pas parce qu'un accord est prêt à 90% que nous sommes plus proches d'un accord", souligne cet ancien conseiller de l'Autorité palestinienne. "Je ne pense pas que les négociateurs américains soient naïfs. Ils sont conscients de la difficulté des choses. Mais je crois que ce à quoi nous assistons maintenant, c'est les Etats-Unis cherchant à maintenir en vie les négociations."
La fin des combats à Gaza est aussi un pré-requis à la reprise des discussions pour la reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite, gardienne de deux des sites les plus saints de l'islam. M. Blinken a affirmé jeudi être convaincu qu'un accord restait possible avant le départ de Joe Biden de la Maison Blanche, espérant infléchir M. Netanyahu, qui rêve d'une normalisation avec l'Arabie saoudite.
Un cessez-le-feu à Gaza est enfin nécessaire pour éviter une plus grande déstabilisation de la région, en particulier une guerre ouverte entre Israël et le Liban, observe M. al-Omari. "C'est le Moyen-Orient. Ca peut toujours empirer et c'est généralement ce qui se passe."
Une issue positive rejaillirait aussi sur la vice-présidente, Kamala Harris, engagée dans une bataille acharnée avec le républicain...