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Politique - Décryptage

Lorsque Geagea sollicite les Saoudiens sans les nommer...

Quelques jours après le discours du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, lors de la cérémonie en hommage aux « martyrs » du parti, sa prise de parole continue à susciter de nombreuses interprétations. Geagea a en effet envoyé des messages dans toutes les directions. Mais au-delà de la dimension interne, des milieux diplomatiques arabes à Beyrouth ont une autre lecture. Pour eux, le chef des FL a voulu aussi adresser indirectement un message à l’étranger et en particulier à l’Arabie saoudite. En effet, la relation entre les FL et Riyad est une des rares que le royaume a maintenues après avoir pratiquement renoncé à la politique intérieure libanaise, à partir de 2019, après la démission du Premier ministre Saad Hariri et par conséquent, celle de son gouvernement, sur fond de mouvement de révolte populaire.Sur le plan du spectacle, Geagea a frappé fort, donnant l’image d’un parti discipliné, marqué par la présence massive des jeunes pour bien concrétiser le slogan choisi pour la cérémonie : « Demain est à nous. » Selon les ambassades arabes qui suivent de près la situation interne, il s’agirait en réalité de messages précis, destinés à rappeler à ceux qui en douteraient que les FL sont un acteur principal sur la scène interne, surtout après les changements qui se déroulent au sein du CPL, qui leur ont permis de devenir la principale formation politique chrétienne. À travers cette démonstration de force, le chef des FL aurait voulu dire aux dirigeants du Golfe, et en particulier aux Saoudiens, qu’ils devraient s’impliquer de nouveau sur la scène libanaise et s’intéresser à leurs alliés, pour ne pas laisser le pays à la merci du « camp de la moumanaa ».

En effet, selon plusieurs sources diplomatiques, l’Arabie saoudite est le pays du Quintette (formé par Riyad, Doha, Le Caire, Washington et Paris) qui s’implique le moins dans le dossier présidentiel, se contentant de répéter que le royaume n’a pas de candidat en particulier et ne souhaite qu’un président qui puisse sortir le Liban de la crise dans laquelle il se trouve. Il y a eu en effet plusieurs visites de l’émissaire présidentiel français Jean-Yves Le Drian à Riyad, ainsi qu’à Beyrouth. Il y a eu aussi des réunions du Quintette tantôt en France et tantôt en Arabie saoudite, sans que cela ne conduise à une percée. Entre-temps, Riyad s’est rapproché de Téhéran et même de Damas, ce qui a poussé les Libanais à croire que la fin de la vacance présidentielle était proche. Le Hezbollah et ses alliés ont cru que les chances de leur candidat Sleiman Frangié étaient renforcées et le camp adverse essayait d’empêcher une telle possibilité. Mais c’était toutefois avant le 7 octobre et le lancement du Déluge d’al-Aqsa. Brusquement, toutes les cartes régionales, mais aussi libanaises, ont été mélangées. Selon les sources diplomatiques arabes précitées, le chef des FL aurait actuellement la crainte de ne pas être pris en considération dans toute solution éventuelle. En effet, les émissaires internationaux qui se sont récemment succédé au Liban avaient tous pour principal souci de sonder les intentions du Hezbollah et ses projets pour la guerre et même pour ce qu’on appelle « le jour d’après ». Par conséquent, Geagea ainsi que d’autres composantes libanaises craignent de ne pas être inclus dans les négociations à venir. C’est d’ailleurs pour cette raison que le chef de Meerab a déclaré dans son discours qu’il n’acceptera pas que le Hezbollah exploite sa participation à la guerre de Gaza pour obtenir des acquis politiques sur le plan interne libanais. Mais en même temps, et pour la première fois depuis l’adoption de l’accord de Taëf en 1989 parrainé principalement par l’Arabie saoudite, qu’il avait d’ailleurs appuyé, Geagea a ouvert la voie à d’éventuels amendements constitutionnels, après la présidentielle.

Dans la bouche du chef des FL, il ne s’agit pas d’une phrase banale, surtout en raison des relations particulières entre Riyad et Meerab. Certains l’ont interprétée comme la reconnaissance par Geagea que l’Arabie ne veut plus s’intéresser au dossier libanais. Mais pour d’autres, il s’agirait d’une main tendue à l’adresse des Saoudiens pour qu’ils sortent enfin de leur position réservée à l’égard du Liban. Dans les coulisses politiques libanaises, l’impression la plus répandue est que les parties les plus influentes restent les États-Unis et l’Arabie saoudite ainsi que l’Iran. Les Américains sont actuellement occupés par leur campagne électorale ainsi que la guerre à Gaza et en Ukraine, sans parler de la rivalité avec la Chine, tandis que l’Iran laisse le Hezbollah gérer la situation interne. Il faut donc que l’Arabie saoudite intervienne pour rétablir un certain équilibre dans les rapports de force interne.

Pour l’instant, les Saoudiens ne se prononcent pas, prenant soin de rester autant que possible à l’écart des conflits régionaux en cours. L’heure de sortir de cette zone grise a-t-elle sonné pour eux ? Rien ne semble l’indiquer, en dépit des tentatives de relancer l’action du Quintette. Il faudra probablement attendre que la situation régionale se décante pour obtenir des réponses claires.

Quelques jours après le discours du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, lors de la cérémonie en hommage aux « martyrs » du parti, sa prise de parole continue à susciter de nombreuses interprétations. Geagea a en effet envoyé des messages dans toutes les directions. Mais au-delà de la dimension interne, des milieux diplomatiques arabes à Beyrouth ont une autre lecture....
commentaires (9)

By the way, je viens de lire un article très intéressant about la longévité des abeilles. Rien à voir avec scarlet mais juste intéressant.

Wlek Sanferlou

14 h 32, le 06 septembre 2024

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • By the way, je viens de lire un article très intéressant about la longévité des abeilles. Rien à voir avec scarlet mais juste intéressant.

    Wlek Sanferlou

    14 h 32, le 06 septembre 2024

  • Maître chanteur pense que les saoudiens sont naïfs qu’il peut les manipuler facilement en jouant sur la corde sensible de la moumana’a

    Hitti arlette

    14 h 09, le 06 septembre 2024

  • Samir geagea est un opportuniste. Il dérouille déjà la machine électorale pour les prochaines législatives. Pour cela, il a besoin de l’aide financière saoudienne pour grossir sa formation aux frais du prince et le servir, au besoin en pliant l’échine.

    Hitti arlette

    13 h 47, le 06 septembre 2024

  • Résumé de votre analyse : par son discours il se veut rassembleur, à mi-chemin de tous les courants, se rapprocher de plus en plus du "centre de la vie politique", alors qu’il ne s’éloigne d’un millimètre de Meerab…

    NABIL

    12 h 19, le 06 septembre 2024

  • ""Par conséquent, Geagea ainsi que d’autres composantes libanaises craignent de ne pas être inclus dans les négociations à venir"". Au nom de quoi Geagea peut participer dans l’avenir à des négociations ? Pour faire de la figuration au nom d’une importante composante de la vie politique, et pour ainsi dire qu’il a des choses à dire sur l’après-guerre. La plus importante négociation de l’après-guerre, c’est les armes du Hezb. Là le chef Ouèètes ne pèse pas lourd en solo…

    NABIL

    12 h 15, le 06 septembre 2024

  • ""...Sur le plan du spectacle, Geagea a frappé fort, donnant l’image d’un parti discipliné…"" comment voulez-vous qu’il porte le costume d’un présidentiable, alors qu’il procède à un show rappelant un passé milicien. Il reste inaudible sauf devant des partisans convaincus, et même s’il parle fort, son passé parle plus fort que lui…

    NABIL

    12 h 05, le 06 septembre 2024

  • On voit bien le vide laissé par Saad Hariri sur la scène politique. Geagea cherche à outre passer la position de celui-ci, mais le "Royaume" ne donnerait les clés qu’à son ambassadeur ou à leur homme de confiance, le bien nommé Saad. Pour rappel, il fut snobé par le chef Ouèète, lors de sa venue en février pour se recueillir sur la tombe de son père, et à haute voix pour calmer les vivats de ses partisans, il a déclaré : ""Chaque chose en son temps"". En attendant, le "candidat naturel" Geagea peut rester en "stand by", et son discours reste inaudible même par son "allié" Joumblatt.

    NABIL

    12 h 00, le 06 septembre 2024

  • Les primaire ne sont autre que ceux qui vendent notre pays à l'Iran. Tous ceux qui protègent notre constitution et notre souveraineté sont des grands.

    Aboumatta

    11 h 08, le 06 septembre 2024

  • Quand un primaire veut jouer dans la cour des grands !! Il peut toujours brasser du vent pour faire croire qu’il existe et s’egosiller à tout va Ça ne marche pas

    TAMIN FAROUCK

    08 h 58, le 06 septembre 2024

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