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Audience éprouvante au procès d'un mari qui faisait violer sa femme

Gisele P. (C), entourée de son avocat Stéphane Babonneau, arrive au palais de justice lors du procès de son mari accusé de l'avoir droguée pendant près de dix ans et d'avoir invité des inconnus à la violer à leur domicile de Mazan, une petite ville du sud de la France, à Avignon, le 2 septembre 2024. Christophe SIMON/AFP

Droguée et violée pendant plus de dix ans en France par des dizaines d'inconnus recrutés par son mari, Gisèle P. est restée stoïque mardi à l'écoute d'un long et cru résumé des faits qui a poussé sa fille à sortir de la salle d'audience au deuxième jour d'un procès hors norme.

La principale victime, chemise blanche, est restée très digne, ne laissant aucune émotion transparaître, à l'écoute du résumé d'un dossier de 31 tomes, lu sans aucun mot préalable pour elle ou ses trois enfants. Sa fille Caroline a elle quitté l'audience. Lorsque le président de la cour, Roger Arata, a expliqué que des photos l'exhibant dénudée, sur des photomontages, avaient été retrouvées dans l'ordinateur de son père, dans un dossier intitulé « Autour de ma fille, à poil », elle s'est écroulée en sanglots. Ses deux frères, assis à ses côtés, ont tenté de la soutenir, tout comme sa mère, qui lui a posé une main sur la jambe. Mais, face à la litanie de détails, moins de 20 minutes après le début de l'audience à Avignon (sud), Caroline a dû quitter la salle, prise de tremblements, escortée par ses deux frères et son avocat, avant de réapparaître quelque vingt minutes plus tard.

Dans le box réservé aux accusés détenus, son père, Dominique P., 71 ans, en tee-shirt gris, est demeuré impassible à la lecture des faits. De temps à autre, il a lancé des regards vers la salle où sont assis les 32 accusés comparaissant libres. Dix-huit autres hommes comparaissent détenus à ses côtés. Sans compter Dominique P., 72 hommes au total ont été recensés par les enquêteurs, à partir des photos et vidéos prises par le mari lui même. Mais 50 seulement ont donc été identifiés et appréhendés, risquant jusqu'à 20 ans de réclusion pour viols aggravés. « Compte tenu du nombre d'accusés, de la masse d'informations saisies et afin d'en avoir une information pour tous, la lecture à venir sera concise et concentrée sur les points saillants du dossier », a précisé M. Arata.

450 cachets commandés 

Lundi, le huis clos demandé par le ministère public et certains accusés, avait été refusé, la principale victime souhaitant que la « honte change de camp ».

L'énoncé des faits débute le 12 septembre 2020 avec l'arrestation de Dominique P., par un agent de sécurité d'un supermarché de Carpentras (sud de la France) après avoir filmé des clientes sous leur jupe. Dans sa poche, des préservatifs et un appareil photo. Interrogé, il explique alors avoir « agi sous des pulsions » qu'il n'a « pu contrôler ». En garde à vue, il indique que son épouse (le couple est en instance de divorce depuis la révélation des faits) était absente du domicile conjugal depuis un mois et qu'il avait « eu des pulsions » depuis deux semaines. Mais, lors de plusieurs perquisitions, les enquêteurs tombent sur des milliers de photos et vidéos dans lesquelles sa femme est violée à son domicile par des inconnus recrutés sur internet. Dominique P. utilisait le forum d'un site controversé, coco.gg (fermé depuis juin par la justice) sous le pseudonyme « Marc Dorian ». « Tu es comme moi, tu aimes le mode viol », avait-il lancé à un de ses interlocuteurs dans une discussion retrouvée par les enquêteurs. A d'autres, intéressés par sa méthode, il explique qu'en administrant des somnifères à son épouse - 450 cachets auraient été commandés en l'espace d'un an, selon l'Assurance maladie -, il pouvait abuser d'elle et obtenir des pratiques qu'elle refusait en temps normal.

« Lever le voile » sur la soumission chimique intrafamiliale est un des enjeux du procès, a indiqué lors d'une suspension d'audience, Antoine Camus, un des avocats de Gisèle P. de ses trois enfants et quatre petits-enfants. Ce procès, rarissime par le nombre total d'accusés, 51 - dont un, en fuite, sera jugé par défaut -, va se dérouler jusqu'au 20 décembre. Les accusés sont âgés de 26 à 74 ans.

Droguée et violée pendant plus de dix ans en France par des dizaines d'inconnus recrutés par son mari, Gisèle P. est restée stoïque mardi à l'écoute d'un long et cru résumé des faits qui a poussé sa fille à sortir de la salle d'audience au deuxième jour d'un procès hors norme. La principale victime, chemise blanche, est restée très digne, ne laissant aucune émotion transparaître, à l'écoute du résumé d'un dossier de 31 tomes, lu sans aucun mot préalable pour elle ou ses trois enfants. Sa fille Caroline a elle quitté l'audience. Lorsque le président de la cour, Roger Arata, a expliqué que des photos l'exhibant dénudée, sur des photomontages, avaient été retrouvées dans l'ordinateur de son père, dans un dossier intitulé « Autour de ma fille, à poil », elle s'est écroulée en...