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Moyen-Orient - Entretien express

« L'Iran veut alléger les sanctions, le seul moyen est de faire des concessions »

Analyste au Eurasia Group, Gregory Brew fait le point sur la position américaine face à la possibilité de reprendre les négociations sur le nucléaire iranien.

« L'Iran veut alléger les sanctions, le seul moyen est de faire des concessions »

Le guide suprême iranien Ali Khamenei et le président Massoud Pezeshkian lors d'une réunion avec le gouvernement à Téhéran, le 27 août 2024. Khamenei.IR/AFP

Le flou est-il finalement levé ? Mardi 27 août, s’adressant au nouveau gouvernement iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a tenu des propos ambigus. « Nous ne devrions pas placer nos espoirs dans l’ennemi… Cela n’est pas contradictoire avec l’idée de discuter avec ce même ennemi dans certains domaines », a déclaré le guide suprême, laissant entendre qu’il autorisait la reprise d’un dialogue avec les Occidentaux, notamment sur le dossier nucléaire. À l’appui de cette interprétation, le réformiste Massoud Pezeshkian avait gagné l’élection présidentielle début juillet, alors qu’il faisait campagne pour relancer la diplomatie en vue de lever les sanctions imposées au pays. Autres indices en ce sens : la validation de Abbas Araghchi en tant que ministre des Affaires étrangères et la réintégration de Mohammad Javad Zarif au poste de vice-président pour les Affaires stratégiques, tous deux ayant contribué à la signature de l’accord de Vienne en 2015. Alors que la menace d’une riposte iranienne à l’assassinat du chef palestinien Ismaïl Haniyé à Téhéran continue de planer sur la région, et à l’approche de l’élection présidentielle américaine en novembre, Washington est-il de son côté prêt à relancer les efforts vers un deal ? Le point pour L’Orient-Le Jour avec Gregory Brew, analyste au Eurasia Group.

Alors que l'administration de Joe Biden a relancé les négociations pour un retour à l’accord de Vienne dès 2021 – sans succès – pourquoi ce regain actuel d’intérêt de la part des Iraniens ?

Certains commentaires récents des dirigeants iraniens, notamment du guide Ali Khamenei, suggèrent qu'il y a un regain d'intérêt pour la reprise de la diplomatie nucléaire avec les États-Unis. En réalité, cet intérêt existe depuis près d'un an et reflète les préoccupations du régime, qui estime que les sanctions pèsent sur l'économie et affaiblissent la stabilité interne de l’Iran et, par conséquent, son emprise sur le pouvoir. Le nouveau gouvernement de Massoud Pezeshkian, qui a reçu le soutien de Khamenei, a fait de l'obtention d'un allègement des sanctions sa priorité principale, et il est probable qu'il poursuive cet objectif, même si la place laissée à la diplomatie dépendra du résultat des élections américaines.

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Justement, avec la présidentielle en vue et le risque d’un embrasement régional suspendu à une riposte iranienne, dans quelle mesure la Maison-Blanche peut-elle profiter de cette ouverture affichée au dialogue ?

Je pense que l'administration Biden continuera de faire ce qu'elle a fait au cours des dix derniers mois : s'efforcer de contenir la pression penchant pour une escalade au Moyen-Orient, contrer l'Iran en combinant pressions diplomatiques et force militaire, et dans le même temps, garder la porte ouverte à la diplomatie pour l’avenir. Les pourparlers ne reprendront pas avant l’élection de novembre, d’un côté parce que l'équipe de Biden n’a pas suffisamment de temps pour faire de réels progrès et, de l’autre côté, parce que s'engager avec l'Iran est politiquement impopulaire aux États-Unis. Il n'y a rien à gagner pour Biden, même si les Iraniens se montrent intéressés à reprendre des pourparlers.

Il y a aussi la question du programme nucléaire iranien et de son intensification au cours des trois dernières années. L'administration Biden a clairement indiqué que tout progrès ou action diplomatiques sur les sanctions dépendait de la réduction des activités nucléaires de l'Iran et de l'amélioration de ses relations avec les inspecteurs nucléaires de l'ONU. À moins que l'Iran prenne des mesures en ce sens, je doute que les négociations avancent.

Dans la situation actuelle, bien que l’Iran ait toujours refusé de lier un deal nucléaire à son programme de missiles ou ses activités régionales, comment l’accord de 2015 pourrait-il être modifié ?

Je pense qu'il est clair pour toutes les parties concernées que le JCPOA (acronyme de l’accord de Vienne en anglais, NDLR) est mort et que si les pourparlers reprennent, ce sera en vue d'un nouveau deal, bien que ce dernier se basera sur les engagements initiaux de l'accord de 2015 comme références. L'Iran résistera certainement à l'idée de lier ses activités régionales ou ses autres politiques à un accord, mais les États-Unis feront pression pour obtenir un tel engagement, d’autant qu’ils sont dans la position de négociation la plus forte. L'Iran veut un allègement des sanctions et le seul moyen de l'obtenir est de faire des concessions.

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Mais cela soulève une question difficile : à quoi l'Iran est-il prêt à renoncer, et existe-t-il une réelle marge de manœuvre pour un accord ? Même si les discussions reprennent, elles risquent de durer longtemps avant de déboucher sur quoi que ce soit de concret. Tout ce qui pourra être obtenu sera probablement moins ambitieux que ce que contenait l'accord de 2015. Et se fera sans action ou résolution supplémentaire du Conseil de sécurité des Nations unies, où l'Iran bénéficie désormais du soutien à la fois de la Russie et de la Chine.

Le flou est-il finalement levé ? Mardi 27 août, s’adressant au nouveau
gouvernement iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a tenu des propos
ambigus. « Nous ne devrions pas placer nos espoirs dans l’ennemi… Cela
n’est pas contradictoire avec l’idée de discuter avec ce même ennemi
dans certains domaines », a déclaré le guide suprême, laissant entendre
qu’il autorisait...
commentaires (6)

Alors qu’ils viennent pas nous vendre leur solidarité avec les opprimés de la terre. Ils ne font la guerre que pour pouvoir négocier leurs sanctions en attendant de finaliser leur bombe pour avoir le dernier mot dans la région et dans le monde. Si les E.U et les autres pays n’ont pas compris leur but, c!est qu’ils ne veulent vraiment pas comprendre ou alors ils ont déjà un plan B pour en finir une fois pour toute avec ses sanguinaires qui se croient plus forts parce que la vie humaine ne compte pas à leurs yeux. Seul leur soif de sang et de pouvoir les motivent.

Sissi zayyat

12 h 01, le 29 août 2024

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Commentaires (6)

  • Alors qu’ils viennent pas nous vendre leur solidarité avec les opprimés de la terre. Ils ne font la guerre que pour pouvoir négocier leurs sanctions en attendant de finaliser leur bombe pour avoir le dernier mot dans la région et dans le monde. Si les E.U et les autres pays n’ont pas compris leur but, c!est qu’ils ne veulent vraiment pas comprendre ou alors ils ont déjà un plan B pour en finir une fois pour toute avec ses sanguinaires qui se croient plus forts parce que la vie humaine ne compte pas à leurs yeux. Seul leur soif de sang et de pouvoir les motivent.

    Sissi zayyat

    12 h 01, le 29 août 2024

  • Les iraniens ont-ils enfin compris que l'arme nucléaire leur servirait à rien? Que leur dissuasion nucléaire face aux US serait ridicule? Ont-ils enfin compris que leurs activités régionales sont insoutenables à long terme économiquement et politiquement? Que pendant qu'ils dépensent des millions dans des milices leurs voisins cherchent à diversifier leurs économies et leurs politiques pour survivre à la baisse des cours de pétrole.

    E G

    09 h 44, le 29 août 2024

  • Le jour ou l Iran déclarera posséder l arme atomique ( by the way le Brésil est aussi sur le point, est ce vrai) l Arabie saoudite signera le lendemain un accord avec Israël L on verra alors si les copains barbus voudront renoncer aux échec et jouer à la roulette russe

    Zampano

    03 h 27, le 29 août 2024

  • Alleger les sanctions-our avoir une plus grande latitude financière, sans que cela profite à la population mais dont une grande partie servira à accélérer la politique de déstabilisation dans le monde.

    Zeidan

    22 h 26, le 28 août 2024

  • L'intérêt profond des sionistes est de ne plus être menacés tout au long de leur (sur)vie par les pays avoisinants , et pour y arriver , il faudrait qu'ils fassent eu-mêmes des concessions . L'Iran est déjà à un petit pas de déclarer la possession de l'arme nucléaire , et dorénavant il ne faudra plus avoir des raisonnements infantilistes sous-estimant s force . L'Iran s'est gardé de déclencher une guerre régionale car son arme atomique n'est pas encore produite à cent pour cent . Lorsqu'elle le sera , la situation changera du tout au tout .

    Chucri Abboud

    20 h 07, le 28 août 2024

  • S’ils reprennent les négociations sur le programme nucléaire, il s’agira d’un époussetage des accords passés, permettant à l’Iran de faire lever certaines sanctions qui l’asphyxient et permettant aux groupes industriels occidentaux de revenir… sauf que l’Iran risque de voir arriver unTrump, incontrôlable, avec toutes les conséquences que cela impliquerait…

    C…

    20 h 03, le 28 août 2024

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