Pour venger l'assassinat, au cœur de sa capitale, du chef du Hamas Ismaïl Haniyé, l'Iran pourrait recourir au même modus operandi. Selon le quotidien koweïtien al-Jarida, Téhéran aurait préparé à cet effet une liste de 128 cibles potentielles, en Israël et à l'étranger.
Citant une source au sein de la Force al-Qods, l'unité d'élite des gardiens de la révolution en Iran, le média affirme que cette liste noire inclut des responsables à différents niveaux, politique, sécuritaire et militaire. La source assure également que les services de renseignements iraniens surveillent les déplacements de ces cibles et n'attendent que la décision politique pour les éliminer. Elle ajoute que lorsque le commandant de cette unité, Ismaïl Qa'ani, a présenté la liste au guide suprême iranien Ali Khamenei, ce dernier a répondu que l'assassinat du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu permettrait au monde d'aller mieux, arguant que ce dernier refuse de mettre fin à la guerre à Gaza et risque une guerre régionale pour assurer son maintien au pouvoir. L'article ne précise toutefois pas si le nom du Premier ministre israélien figurait sur cette liste. Elle inclurait toutefois les membres les plus extrémistes de son gouvernement, comme Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et son collègue des Finances, Bezalel Smotrich. Y figureraient aussi des responsables du Mossad et de l'armée israélienne, dont des officiers chargés des drones ainsi que des bases militaires de renseignements qui ont été utilisées pour mener des opérations d'assassinat. La source citée par al-Jarida a également souligné que le ministère iranien de la Sécurité a identifié plus de 50 personnalités sécuritaires travaillant pour Israël, ainsi que des centres de renseignements affiliés à Tel-Aviv à l'extérieur d'Israël, affirmant que ces personnalités pourraient également être ciblées.
Selon la source, les drones qui surveillent ces personnalités sont de type « Shahab », un modèle iranien sophistiqué encore non officiellement dévoilé. Sa spécificité ? D'après la même source, les radars ne peuvent détecter ces drones – pouvant transporter deux missiles de 20 kilos, capables de détruire des voitures blindées ou de pénétrer le béton – qu'après qu'ils ont ouvert le feu. La source précise toutefois que Qa'ani a informé Khamenei que l'assassinat de ces cibles nécessite du temps et de la patience, et qu'il fallait attendre un petit faux pas de la part de ces cibles pour passer à l'acte.
Après l'assassinat d'Ismaïl Haniyé, des informations ont fait état d'un désaccord entre le président iranien Massoud Pezeshkian et les gardiens de la révolution autour de la réponse à cette provocation israélienne. Fraîchement élu sur un programme d'ouverture et de modération, le premier préférait une riposte sécuritaire, telle que l'assassinat d'un responsable israélien, dans un souci d'éviter un embrasement régional. Mais l'aile militaire du régime iranien préférerait une riposte plus musclée, y voyant la seule façon de sauver le prestige de la République islamique.
Dans la même veine, le quotidien Israel Hayom a rapporté ce week-end qu'un drone de reconnaissance appartenant au Hezbollah – qui promet lui aussi de venger l'assassinat de son commandant militaire Fouad Chokor dans la banlieue sud de Beyrouth – a filmé une résidence privée de Benjamin Netanyahu. Selon ce média – repris par al-Ahed, l'un des organes médiatiques du Hezb –, des « dispositifs de défense israéliens » ont lancé dimanche une alerte concernant la présence d’un drone à proximité d’une villa appartenant au PM israélien, située à Césarée, à 37 kilomètres au sud de Haïfa, sur la côte méditerranéenne. L'armée israélienne a toutefois ajouté que « les radars et les systèmes de défense risquaient parfois de produire de fausses alertes en raison de dysfonctionnements techniques ».
Ces déclarations de où, quand et comment sont un peu l’équivalent de “ soyez prudents, nous avons l’intention de vous assassiiner ».
14 h 37, le 21 août 2024