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Nos Lecteurs ont la Parole

Les deux piliers de l’Église par excellence

Chaque 29 juin, l’Église romaine catholique fête solennellement les deux apôtres Pierre et Paul (le 12 juillet dans l’Église orthodoxe). Les deux fers de lance de l’Église naissante lors des premiers temps de la chrétienté. Les deux colonnes de l’Église par excellence.

Deux grands saints qui n’ont pas le même profil, qui ne se ressemblent guère et qui souvent n’étaient pas du même avis. Pas toujours sur la même longueur d’onde, chacun a eu à sa façon son parcours de sainteté différent de l’autre, même s’ils ont quand même plusieurs points communs. Un des points de divergence le plus saillant était de savoir s’il fallait permettre l’ouverture de la foi chrétienne aux non-juifs, oui ou non.

Saint Pierre

Il correspond trop dans de nombreux faits à notre nature humaine. Premier pape de l’Église, à la base pêcheur chevronné, connaissant parfaitement la mer. Il a laissé barques et filets pour suivre Jésus. De caractère emporté, un peu soupe au lait. Fréquemment fougueux (il a demandé à marcher sur l’eau), impulsif (« Je te suivrai partout où tu iras »), qui s’emporte vite (l’histoire de l’oreille du soldat que Jésus a dû recoller), mais également excessivement trouillard (les trois chants du coq). Il a pleuré amèrement après sa célèbre trahison, lorsqu’il a réalisé qui il avait renié. Souvent rappelé à l’ordre par Jésus, au point d’être traité de Satan. Mais qui a en contrepartie reçu les clés du royaume. Lui qui a eu une éminente parole prophétique en clamant à Jésus « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ». Le plus bouleversant dans son histoire et ce qui a fait de lui un super grand saint, c’est son martyre. Lorsqu’il a exigé la crucifixion à l’envers parce qu’il ne méritait pas d’avoir un sort identique à son maître.

Personnellement, la façon dont il a demandé à être crucifié me remue énormément et au plus profond de mon être. Sans parler de son côté paradoxal, qui le rend plus proche de notre nature humaine, qui me touche également trop. Saint Pierre, une effervescence de sentiments comme une grande partie du commun des mortels que nous sommes.

Saint Pierre, l’homme aux clés, le rocher de l’Église, représente indubitablement, pour nous chrétiens, l’ardeur et la ferveur de la foi.

Saint Paul

Connu à la base sous le nom de Saül. Juif, fier d’être citoyen romain de Tarse et de langue grecque. Confectionneur de tentes de métier. Il avait une épine dans son corps (un peu obscure et énigmatique par insuffisance de détails de sa part), dont on ne connaît pas trop au juste jusqu’à présent ni la place dans son corps ni l’importance. L’apôtre des nations qui a sillonné au maximum du possible terres et mers. En voyageant inlassablement par amour pour le Christ, pour prêcher la parole et faire connaître Jésus aux peuples païens. Il a eu une conversion fulgurante. Il a tout compris sur la foi en une fraction de seconde rien qu’en tombant providentiellement de cheval sur la route de Damas. Il était avant sa foudroyante conversion profondément convaincu de bien agir en persécutant les premiers chrétiens. Il a même approuvé le calvaire de saint Étienne et en a été témoin. Saint Étienne, grand saint également et premier martyr de l’Église qui, soit dit en passant, a demandé à Dieu avant de mourir, avec une extraordinaire générosité de cœur, que le péché de son martyre ne soit pas compté à Saül et à tous ceux qui participaient à son meurtre.

Mais ensuite, après son aveuglante conversion (aveuglante, c’est le cas de le dire, parce que Saül est devenu aveugle le temps qu’il arrive chez Ananie – ou Hananiah dans la langue hébraïque), il accepta le sacrement du baptême. Ananie l’a baptisé chez lui pour devenir Paul et non plus Saül.

Après l’avoir connu, Paul a aimé Jésus aveuglément. À l’extrême, jusqu’à en devenir fou, au point de tout considérer comme ordure par amour pour le Christ. Il clamait haut et fort que rien ne pouvait le séparer de l’amour du Christ. Ses Épîtres ont fait de lui indéniablement un des plus grands philosophes de l’ère chrétienne, bien avant saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, deux autres grands philosophes de l’Église. Il a énuméré, dans ses Épîtres, ses nombreuses péripéties. Les graves dangers qu’il a vécus et les sérieux périls qu’il a bravés (en mer, dans les déserts, les bandits, les prisons, la faim, la soif, le froid, les coups de fouet, la lapidation...) rien que par amour du Christ. Un fou de Jésus qui est mort également en martyr décapité. Il est souvent représenté avec un glaive qui évoque son martyre et le tranchant de la parole de Dieu dont il est l’apôtre auprès des païens.

Personnellement, sa folie du Christ, son amour fou de Jésus m’ont de tout temps énormément impressionné. Ce que j’affectionne beaucoup en lui par ailleurs, c’est son côté entier et sa personnalité radicalement authentique. Lorsqu’il persécutait la première communauté chrétienne, il le faisait par profonde et intime conviction, et lorsqu’il a connu le Christ, à travers sa réalité mystique (parce que saint Paul, contrairement à saint Pierre, n’a pas connu Jésus de près), il en est devenu complètement fou.

Saint Paul, l’homme à l’épée, l’apôtre des nations par excellence, représente, pour nous chrétiens, la fougue et l’enthousiasme de l’évangélisation.

À plus connaître la personnalité de ces deux grands saints, qui ont versé leur sang à Rome, probablement entre 64 et 67, par amour pour le Christ, on prend conscience de notre misère humaine, de notre étroitesse d’esprit et de nos mesquineries. Surtout lorsque nous revoyons le parcours de sainteté de chacun de ces deux apôtres. (Sans oublier également saint Étienne dont le nom est intimement lié à saint Paul.)

À la parole de saint Pierre « Seigneur, tu sais bien que je t’aime », fait écho celle de Paul : « Pour moi, vivre, c’est le Christ. »

Deux écoles de sainteté malgré leurs défauts. Défauts qui les rendent encore plus proches de notre humanité, de ses faiblesses, de sa fragilité et de sa vulnérabilité.

En guise d’épilogue, je ne peux que quémander filialement les prières de ces champions en matière de sainteté. Je sollicite humblement leurs bénédictions et leurs intercessions. Qu’ils nous accompagnent toujours et partout, en tout lieu où l’on se trouve, tout le long de notre existence, inch’Allah, sans oublier à coup sûr notre Liban meurtri.

Michel Antoine AZAR,

avocat à la cour

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Chaque 29 juin, l’Église romaine catholique fête solennellement les deux apôtres Pierre et Paul (le 12 juillet dans l’Église orthodoxe). Les deux fers de lance de l’Église naissante lors des premiers temps de la chrétienté. Les deux colonnes de l’Église par excellence.Deux grands saints qui n’ont pas le même profil, qui ne se ressemblent guère et qui souvent n’étaient pas du même avis. Pas toujours sur la même longueur d’onde, chacun a eu à sa façon son parcours de sainteté différent de l’autre, même s’ils ont quand même plusieurs points communs. Un des points de divergence le plus saillant était de savoir s’il fallait permettre l’ouverture de la foi chrétienne aux non-juifs, oui ou non.Saint Pierre Il correspond trop dans de nombreux faits à notre nature humaine. Premier pape de l’Église,...
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