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Dernières Infos - Diplomatie

Washington lance les discussions sur un cessez-le-feu au Soudan, sans l'armée

Des fidèles de l’armée soudanaise, le 16 avril 2023. AFP

Des discussions sur un cessez-le-feu au Soudan ont débuté mercredi en Suisse sous la houlette des Etats-Unis, malgré l'absence de l'armée soudanaise à la table des négociations.

"Les discussions ont commencé", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'ambassade américaine à Genève, indiquant qu'il n'y avait "pas de changement" quant à la non-participation de l'armée soudanaise. "Il est grand temps de faire taire les armes!" a affirmé l'envoyé spécial américain pour le Soudan, Tom Perriello, sur le réseau social X. La guerre au Soudan oppose depuis avril 2023 l'armée, menée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdane Daglo, un conflit qui a plongé le pays au bord de la famine. De précédents cycles de négociations à Jeddah, en Arabie saoudite, ont échoué, et fin juillet, Washington a invité l'armée et les paramilitaires à participer à des pourparlers de cessez-le-feu en Suisse.

Les paramilitaires ont rapidement accepté l'invitation, mais le Soudan, de facto dirigé par le commandant de l'armée, a exprimé son désaccord, laissant entendre il y a quelques jours que l'armée ne viendrait pas en Suisse. Pourtant, "nous pouvons en faire plus ensemble si les FAS (forces armées soudanaises, NDLR) envoient une délégation", avait lancé mardi soir M. Perriello, sur X. 

"illusion"

Washington a souhaité que ces discussions, coparrainées par l'Arabie saoudite et la Suisse, incluent l'Union africaine, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'ONU en tant qu'observateurs. Le gouvernement soudanais conteste la présence des Emirats arabes unis et l'établissement d'une plateforme de discussions ailleurs qu'à Jeddah. Mais les Etats-Unis estiment au contraire que les Emirats arabes unies pourraient, avec l'Egypte, être "garants" d'un éventuel accord et considère les discussions en Suisse comme une "extension" de Jeddah. De premières discussions entre les deux parties en guerre au Soudan et un émissaire de l'Organisation des Nations unies (ONU), le diplomate algérien Ramtane Lamamra, ont eu lieu du 11 au 19 juillet à Genève, centrées sur l'aide humanitaire et la protection des civils.

L'objectif des pourparlers dirigés par les Etats-Unis est "de parvenir à une cessation de la violence à l'échelle du pays, de permettre l'accès de l'aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin et de mettre en place un mécanisme solide de contrôle et de vérification afin de garantir la mise en œuvre de tout accord", selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, mais ces nouvelles négociations n'aborderont pas "des questions politiques plus larges".

"Les États-Unis ont tenté de créer l'illusion d'un moment d'élan pour forcer les FAS à coopérer (...). Mais il s'agissait d'un bluff et les forces armées soudanaises l'ont percé à jour car elles savent que la communauté internationale est divisée", affirme Cameron Hudson, du Centre d'études stratégiques et internationales à Washington. "Le seul moyen de les amener à discuter est la force brutale: soit le risque de perdre la guerre sur le champ de bataille, soit le risque d'un véritable isolement diplomatique et le risque d'une véritable dévastation économique" mais "aucune de ces pressions n'existe actuellement", a-t-il indiqué à l'AFP.

"graves divisions internes"

Selon Alan Boswell, directeur de projet pour la Corne de l'Afrique à l'International Crisis Group, le camp du général Burhan est "confronté à de graves divisions internes" quant aux discussions en Suisse. Mais il estime que le général Burhan "subira une pression extérieure croissante s'il est vu comme le principal obstacle pour mettre fin de la guerre" 

La réunion en Suisse, dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité, doit durer au maximum dix jours. Elle intervient alors que le Soudan se situe à un "point de rupture" catastrophique, avec une conjonction de plusieurs crises qui risque de faire des dizaines de milliers de morts, a averti cette semaine l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) de l'ONU. La guerre a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué une crise humanitaire majeure, selon les Nations unies. Début août, un organisme soutenu par l'ONU a affirmé que la guerre avait plongé le camp de Zamzam, près de la ville assiégée d'el-Facher, capitale du Nord-Darfour, dans la famine. Depuis début mai, de violents combats se déroulent à el-Facher, seule capitale des cinq Etats du Darfour à ne pas être aux mains des FSR, qui l'assiègent.

Emergency Lawyers, groupe d'avocats soudanais qui documente les atrocités commises depuis le début de la guerre, a signalé "une augmentation des tirs d'artillerie aveugles menés par les FSR sur des zones civiles" cette semaine, en particulier à el-Facher et Omdurman, où ils signalent des frappes sur une école, un bus transportant des civils et un hôpital.


Des discussions sur un cessez-le-feu au Soudan ont débuté mercredi en Suisse sous la houlette des Etats-Unis, malgré l'absence de l'armée soudanaise à la table des négociations.

"Les discussions ont commencé", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'ambassade américaine à Genève, indiquant qu'il n'y avait "pas de changement" quant à la...