Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Conflit

Seul un cessez-le-feu à Gaza peut retarder la réponse de l'Iran à Israël, selon des sources iraniennes

Un haut responsable iranien a déclaré que l'Iran pourrait lancer une attaque directe si les pourparlers sur Gaza échouaient ou s'il percevait qu'Israël faisait traîner les négociations.

Seul un cessez-le-feu à Gaza peut retarder la réponse de l'Iran à Israël, selon des sources iraniennes

Des enfants assis devant la maison du chef adjoint du Front populaire de libération de la Palestine, Jamil Mazhar, qui a été visé par des frappes israéliennes à Nusseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 août 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. Photo EYAD BABA

Seul un accord de cessez-le-feu à Gaza issu des pourparlers espérés cette semaine retiendrait l'Iran de riposter directement contre Israël pour l'assassinat du chef du Hamas Ismaïl Haniyé sur son sol fin juillet, ont déclaré à Reuters trois hauts responsables iraniens.

L'Iran a promis une réponse sévère à cet assassinat qu'il impute à Israël qui, lui, n'a ni confirmé ni démenti son implication. Un regain de tensions entre les deux pays qui a conduit la marine américaine à déployer des navires de guerre et un sous-marin au Moyen-Orient pour renforcer les défenses israéliennes.

L'une des sources, un haut responsable de la sécurité iranienne, a ainsi déclaré que l'Iran lancerait une attaque directe, avec ses alliés tels que le Hezbollah, si les pourparlers sur Gaza échouaient ou s'il percevait qu'Israël faisait traîner les négociations. Les sources n'ont toutefois pas précisé combien de temps l'Iran attendrait que les pourparlers progressent avant de réagir.

Face au risque accru d'une guerre au Moyen-Orient, non seulement après l'assassinat d’Ismaïl Haniyé mais aussi celui du commandant du Hezbollah Fouad Chokor quelques heures avant dans la banlieue sud de Beyrouth, l'Iran a entamé ces derniers jours un dialogue intense avec les pays occidentaux et les États-Unis sur les moyens de calibrer les représailles, ont déclaré les sources, qui ont toutes parlé sous le couvert de l'anonymat.

Lire aussi

Malgré la menace d’escalade régionale, l’heure n’est pas à la bombe atomique en Iran

Dans des commentaires publiés mardi, l'ambassadeur des États-Unis en Turquie a confirmé que Washington demandait à ses alliés de l'aider à convaincre l'Iran de désamorcer les tensions. Trois sources gouvernementales régionales ont fait état de conversations avec Téhéran pour éviter l'escalade avant les pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza, qui doivent débuter jeudi en Égypte ou au Qatar.

Une source au sein du régime iranien a, elle, confié au Financial Times, dans un article publié lundi qu’« il se peut qu’il n’y ait pas d’attaque du tout, ou qu’il y en ait une ce soir », ajoutant qu’« attendre la mort est plus difficile que la mort elle-même ». Selon cette même source, si l’Iran « gardera le doigt sur la gâchette », il voudra également « voir si Israël fera d’abord un compromis sur Gaza, forçant (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu à accepter un cessez-le-feu, et si les États-Unis et les États occidentaux reprendront les négociations pour relancer l’accord nucléaire ».

Punition « sévère »

« Nous espérons que notre réponse sera programmée et exécutée de manière à ne pas nuire à un éventuel cessez-le-feu », a ainsi déclaré vendredi la mission de l'Iran auprès des Nations unies dans un communiqué. Le ministère iranien des Affaires étrangères a lui déclaré mardi que les appels à la retenue « contredisent les principes du droit international ».

Le ministère iranien des Affaires étrangères et le corps des Gardiens de la révolution n'ont pas répondu immédiatement aux questions posées dans le cadre de cet article. Le bureau du Premier ministre israélien et le département d'État américain n'ont pas répondu aux questions.

« Quelque chose pourrait se produire dès cette semaine de la part de l'Iran et de ses mandataires... C'est une évaluation des États-Unis et d'Israël », a pour sa part déclaré John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche, à la presse lundi. « Si quelque chose se produit cette semaine, le moment choisi pourrait certainement avoir un impact sur les pourparlers que nous voulons mener jeudi », a-t-il ajouté.

Le week-end dernier, après une frappe israélienne sur une école à Gaza faisant des dizaines de morts, le Hamas a jeté le doute sur la poursuite des pourparlers. Les deux belligérants ont tenu plusieurs cycles de négociations au cours des derniers mois sans parvenir à un cessez-le-feu définitif. En Israël, de nombreux observateurs pensent qu'une réponse est imminente après que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que l'Iran « punirait sévèrement » Israël pour la frappe à Téhéran.

La politique régionale de l'Iran est définie par l'élite des Gardiens de la révolution, qui ne rendent compte qu'à Khamenei, la plus haute autorité du pays. Le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, relativement modéré, a lui réaffirmé à plusieurs reprises la position anti-israélienne de l'Iran et son soutien aux mouvements de résistance dans la région depuis son entrée en fonction le mois dernier.

Lire aussi

Tandis que les efforts pour retenir l'« axe » iranien se poursuivent, Netanyahu joue l'escalade à Gaza

Meir Litva, chercheur principal à l'Alliance Center for Iranian Studies de l'université de Tel-Aviv, a déclaré qu'il pensait que l'Iran ferait passer ses besoins avant l'aide à son allié le Hamas, mais que l'Iran voulait également éviter une guerre à grande échelle. « Les Iraniens n'ont jamais subordonné leur stratégie et leurs politiques aux besoins de leurs mandataires ou de leurs protégés », a déclaré M. Litva. « Une attaque est probable et presque inévitable, mais je n'en connais ni l'ampleur ni le calendrier. »

Saeed Laylaz, analyste basé en Iran, a déclaré que les dirigeants de la République islamique souhaitaient désormais œuvrer en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza « afin d'obtenir des incitations, d'éviter une guerre totale et de renforcer sa position dans la région ». M. Laylaz a ajouté que l'Iran n'avait pas été impliqué auparavant dans le processus de paix à Gaza, mais qu'il était désormais prêt à jouer « un rôle clé ».

Selon deux des sources, l'Iran envisage d'envoyer un représentant aux pourparlers sur le cessez-le-feu, ce qui serait une première depuis le début de la guerre à Gaza. Ce représentant n'assisterait pas directement aux réunions mais participerait à des discussions en coulisses « pour maintenir une ligne de communication diplomatique » avec les États-Unis pendant la durée des négociations. Les responsables de Washington, du Qatar et de l'Égypte n'ont pas immédiatement répondu aux questions concernant le rôle indirect de l'Iran dans les négociations.

Deux sources haut placées proches du Hezbollah ont-elles affirmé que Téhéran donnerait une chance aux négociations, mais qu'il ne renoncerait pas à ses intentions de riposte. Un cessez-le-feu à Gaza donnerait à l'Iran une couverture pour une réponse « symbolique » plus modeste, a ainsi déclaré l'une des sources.

Missiles d’avril

Enfin, l'Iran n'a pas indiqué publiquement quelle serait la cible d'une éventuelle riposte à l'assassinat d’Ismaïl Haniyé. Le 13 avril, deux semaines après la mort de deux généraux iraniens lors d'une attaque contre l'ambassade de Téhéran en Syrie, l'Iran a lancé un barrage de centaines de drones, de missiles de croisière et de missiles balistiques en direction d'Israël, endommageant deux bases aériennes. Presque toutes les armes ont été abattues avant d'atteindre leur cible.

« L'Iran souhaite que sa réponse soit beaucoup plus efficace que l'attaque du 13 avril », a déclaré Farzin Nadimi, chercheur principal à l'Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient. Selon Mme Nadimi, une telle riposte nécessiterait « beaucoup de préparation et de coordination », surtout si elle impliquait le réseau iranien de groupes armés alliés qui s'opposent à Israël et aux États-Unis dans tout le Moyen-Orient, le Hezbollah étant le principal membre de ce que l'on appelle « l'axe de la résistance » qui, avec les milices irakiennes et les houthis du Yémen, affronte Israël au Liban-Sud depuis le déclenchement de la guerre de Gaza le 7 octobre 2023, après l’attaque du Hamas sur le sol israélien, dans un « front de soutien ».

Deux des sources iraniennes ont déclaré que l'Iran soutiendrait le Hezbollah et d'autres alliés s'ils lançaient leurs propres réponses aux assassinats du chef du Hamas et de Fouad Chokor. Les sources n'ont pas précisé la forme que pourrait prendre ce soutien.

Cet article et une traduction remaniée d’un article de l’agence Reuters paru en anglais.

Seul un accord de cessez-le-feu à Gaza issu des pourparlers espérés cette semaine retiendrait l'Iran de riposter directement contre Israël pour l'assassinat du chef du Hamas Ismaïl Haniyé sur son sol fin juillet, ont déclaré à Reuters trois hauts responsables iraniens.L'Iran a promis une réponse sévère à cet assassinat qu'il impute à Israël qui, lui, n'a ni confirmé ni démenti...
commentaires (2)

Retenez-les où ils font un malheur

M.E

23 h 49, le 13 août 2024

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Retenez-les où ils font un malheur

    M.E

    23 h 49, le 13 août 2024

  • Une attaque massive comme vu le 14 Avril n'a rien donné. Si l'entité utilise seulement 50% de sa force aérienne , les dégâts seront énormes en Iran.

    Dorfler lazare

    17 h 54, le 13 août 2024

Retour en haut