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La jeunesse libanaise face au mur : exil ou résilience ?

Le Liban, jadis un creuset de cultures, d’économies florissantes et d’une société vibrante, est aujourd’hui confronté à une crise multidimensionnelle qui érode les fondements mêmes de son existence. Au cœur de cette tempête, la jeunesse libanaise, autrefois moteur d’innovation et de dynamisme, se trouve à un carrefour existentiel. Devant le spectre de l’exil, certains optent pour la fuite, tandis que d’autres, animés par une farouche détermination, choisissent de rester et de bâtir un avenir meilleur.

L’effondrement économique, caractérisé par une hyperinflation galopante, une pénurie chronique de devises étrangères et une dégradation accélérée des services publics, a plongé le pays dans une spirale infernale. Les jeunes, qui constituent l’épine dorsale de toute société, sont les premières victimes de cette crise. Le système éducatif, jadis un fleuron régional, est en lambeaux. Les universités, confrontées à des coupes budgétaires drastiques et à la dévaluation vertigineuse de leurs revenus en dollars, peinent à offrir une formation de qualité. Les diplômés, dépourvus de perspectives d’emploi, voient leurs rêves d’avenir s’évanouir comme du sable entre les doigts.

La santé mentale, souvent négligée dans les crises, est également gravement affectée. Les jeunes sont confrontés à un stress psychologique intense, marqué par l’incertitude quant à leur avenir, la précarité économique et la perte de repères. Les taux de dépression, d’anxiété et de suicide sont en hausse alarmante. Les réseaux de soutien social, déjà fragilisés par les années de conflit, sont débordés.

Pour nombre de jeunes, l’émigration apparaît comme l’unique horizon. Des milliers d’entre eux ont déjà pris le chemin de l’exil, à la recherche d’opportunités économiques et d’une vie plus stable. Les pays du Golfe, l’Europe et l’Amérique du Nord sont devenus des destinations privilégiées pour cette diaspora de la nécessité. Cependant, l’exil n’est pas une solution miracle. Déracinement, éloignement de la famille et des amis, difficultés d’intégration dans une société étrangère : tels sont les défis auxquels ces jeunes émigrés sont confrontés.

Paradoxalement, cette crise sans précédent a également suscité une mobilisation sans précédent parmi la jeunesse. Des collectifs citoyens, des initiatives solidaires et des start-up innovantes fleurissent dans tout le pays. Ces jeunes, porteurs d’une énergie et d’une créativité débordantes, refusent de se résigner à l’adversité. Ils s’engagent dans des actions concrètes pour répondre aux besoins de leurs communautés, en matière d’éducation, de santé, d’environnement et de développement économique.

Le secteur de l’économie sociale et solidaire connaît un essor remarquable. Des coopératives agricoles, comme celles qui produisent des légumes biologiques dans la Békaa, des entreprises d’économie circulaire qui recyclent les déchets plastiques en objets utiles, et des initiatives de réinsertion professionnelle pour les jeunes en difficulté émergent, créant de nouvelles opportunités d’emploi et contribuant à la revitalisation de l’économie locale. Ces initiatives témoignent de la capacité de la jeunesse libanaise à faire preuve de résilience et d’innovation, même dans les conditions les plus difficiles.

Pour que cette dynamique positive puisse se consolider, un soutien politique et financier sans précédent est indispensable. Le gouvernement doit créer un environnement propice à l’entrepreneuriat, à l’innovation et à la création d’emplois. Il doit également investir massivement dans l’éducation et la formation professionnelle pour doter la jeunesse des compétences nécessaires pour relever les défis du XXIe siècle. Une réforme en profondeur de l’administration publique est également nécessaire pour lutter contre la corruption, améliorer l’efficacité des services publics et restaurer la confiance des citoyens.

La jeunesse libanaise est à un tournant décisif de son histoire. Le choix entre l’exil et la reconstruction du pays dépendra en grande partie des politiques publiques mises en œuvre et des opportunités qui lui seront offertes. Le Liban a besoin de sa jeunesse pour sortir de la crise et bâtir un avenir meilleur. Il est impératif de créer les conditions nécessaires pour que cette génération puisse s’épanouir et contribuer au développement du pays.

En conclusion, la jeunesse libanaise est confrontée à un défi historique. L’exil ou la renaissance, tel est le dilemme auquel elle est confrontée. Le choix qui sera fait aura des conséquences déterminantes pour l’avenir du Liban. Il est essentiel de soutenir et d’encourager les initiatives de la jeunesse, de créer un environnement propice à l’entrepreneuriat et à l’innovation, et de renforcer le tissu social pour permettre à la société libanaise de surmonter cette crise et de se reconstruire.

Le Liban partage avec d’autres pays de la région, notamment la Syrie, l’Irak et le Yémen, les défis liés à la crise économique, aux conflits armés et aux migrations forcées. Cependant, le Liban se distingue par sa société civile dynamique et sa tradition de pluralisme, qui constituent des atouts pour faire face à la crise. Toutefois, la fragilité des institutions, la corruption endémique et l’absence d’un véritable projet de nation freinent le potentiel de développement du pays.

François KHOURY

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Le Liban, jadis un creuset de cultures, d’économies florissantes et d’une société vibrante, est aujourd’hui confronté à une crise multidimensionnelle qui érode les fondements mêmes de son existence. Au cœur de cette tempête, la jeunesse libanaise, autrefois moteur d’innovation et de dynamisme, se trouve à un carrefour existentiel. Devant le spectre de l’exil, certains optent...
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