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Économie - Concurrence

Pékin saisit l’OMC après des surtaxes dans l’UE sur ses véhicules électriques

Bruxelles avait annoncé jusqu’à 38 % au lieu de 10 % de droits de douane supplémentaires provisoires sur les importations d’automobiles chinoises.

Pékin saisit l’OMC après des surtaxes dans l’UE sur ses véhicules électriques

Des voitures électriques de marques chinoises et allemandes dans un mall de Pékin, le 3 novembre 2023. Tingshu Wang/Archives Reuters

La Chine a annoncé vendredi avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après la décision de l’Union européenne (UE) prise en juillet d’imposer des surtaxes sur les importations de véhicules électriques chinois.

Bruxelles avait annoncé jusqu’à 38 % de droits de douane supplémentaires provisoires sur les importations de véhicules électriques chinois dans l’UE, alors que Pékin est accusé d’avoir favorisé illégalement ses constructeurs.

Les véhicules fabriqués dans les usines chinoises étaient jusqu’ici taxés à hauteur de 10 % dans l’UE.

« La Chine a saisi le mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce », a indiqué vendredi le ministère chinois du Commerce, appelant l’UE « à corriger immédiatement ses mauvaises pratiques ».

À Genève, le porte-parole de l’OMC Ismaila Dieng a confirmé que l’organisation avait reçu « une copie de la demande de consultations (...) présentée par la Chine ».

« De plus amples informations seront communiquées une fois que la demande aura été transmise aux membres de l’OMC », a-t-il indiqué.

Les « consultations » demandées par la Chine constituent la première étape de la procédure de règlement des différends dans le cadre de l’OMC. Les consultations durent en principe au moins 60 jours. Si aucune solution n’est trouvée durant ce laps de temps, Pékin pourra demander la constitution d’un groupe chargé de statuer sur la question.

Selon Pékin, Bruxelles « enfreint gravement les règles de l’Organisation mondiale du commerce » et « compromet » les efforts mondiaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

La Commission européenne a « pris note » de cette démarche de la Chine, précisant qu’elle étudierait en détail cette saisine. Elle s’est dite « confiante » dans le fait que les décisions qu’elle avait prises étaient compatibles avec les règles de l’OMC.

Elle a désormais quatre mois pour décider de surtaxes définitives, ce qui laisse ouverte une fenêtre de dialogue. Ces droits définitifs, qui devront être avalisés par les Vingt-Sept, seraient valables cinq ans.

Si la France et l’Espagne poussaient activement pour des mesures proportionnées, l’Allemagne, très engagée en Chine, bataillait au contraire avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions, craignant des représailles de Pékin.

La Chine a menacé à plusieurs reprises de prendre des mesures de rétorsion.

Marques prestigieuses

L’UE affirme se conformer aux règles de l’OMC avec ces taxes qui visent à freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement, contrairement à la politique menée par Washington.

De Mercedes à Ferrari, l’Europe est le berceau de marques automobiles prestigieuses.

Championne des moteurs à essence et diesel, elle craint pourtant de voir ses usines disparaître si elle échoue à endiguer la déferlante annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d’avance dans l’électrique.

Avec ces surtaxes, Bruxelles espère protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE tout en évitant un conflit mortifère avec son deuxième partenaire économique.

La Chine a doublé le Japon l’an dernier comme premier exportateur automobile. Elle a investi très tôt dans les batteries, cœur technologique des véhicules électriques dont elle a fait sa spécialité.

En juillet, véhicules hybrides et électriques ont représenté plus de la moitié des ventes d’automobiles en Chine, une première sur ce marché particulièrement compétitif.

En Europe, les marques chinoises progressent vite grâce à des tarifs compétitifs, mais jugés artificiellement bas par Bruxelles.

Elles y sont passées de moins de 2 % du marché des voitures électriques fin 2021 à près de 8 % fin 2023, selon le cabinet spécialisé Jato.

Sébastien RICCI/AFP

La Chine a annoncé vendredi avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après la décision de l’Union européenne (UE) prise en juillet d’imposer des surtaxes sur les importations de véhicules électriques chinois.Bruxelles avait annoncé jusqu’à 38 % de droits de douane supplémentaires provisoires sur les importations de véhicules électriques chinois dans l’UE,...
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