Les réactions se sont multipliées depuis l'annonce mardi de la désignation à la tête du Hamas de Yahya Sinouar, un des hommes les plus recherchés par Israël, oscillant entre la colère du côté israélien, et les félicitations des protagonistes de « l'axe de la résistance » qui soutiennent le mouvement islamiste depuis le début de la guerre en octobre dernier.
La nomination de Yahya Sinouar a immédiatement fait sortir la diplomatie israélienne de ses gonds, l'armée et les autorités l'accusant d'être l'un des cerveaux de l'attaque du 7 octobre qui a déclenché la guerre à Gaza. « La nomination de l'archi-terroriste Yahya Sinouar à la tête du Hamas, en remplacement d'Ismaïl Haniyé, est une raison supplémentaire de l'éliminer rapidement et de rayer de la carte cette ignoble organisation », a réagi le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, sur X, peu après l'annonce.
« Sinouar a été et reste le premier décisionnaire pour la conclusion d'un cessez-le-feu » dans la bande de Gaza, a estimé pour sa part le secrétaire d'État américain Antony Blinken, alors que Washington presse depuis des semaines le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de sceller un accord.
Le mouvement Fateh du président palestinien Mahmoud Abbas, rival du Hamas, a jugé « logique » et « attendue » la nomination de M. Sinouar, saluant, par la voix d'un de ses responsables, Jibril Rajoub, une « personnalité pragmatique, réaliste et logique ». Un responsable du Hamas a affirmé, de son côté, que la désignation de Yahya Sinouar envoyait un « message fort » à Israël, dix mois après le début de la guerre.
Un « message fort »
Le Hezbollah a félicité mardi le nouveau chef du Hamas, estimant que le choix de Sinouar « confirme que l'ennemi n'a pas su atteindre ses objectifs », selon un communiqué diffusé par le parti chiite. C'est « un message fort » envoyé à Israël, aux États-Unis et ses alliés, selon lequel le Hamas est « uni dans sa décision, solide dans ses principes, inébranlable dans ses choix importants et déterminé à avancer (...) sur la voie de la résistance », a ajouté le texte.
« L'axe de la résistance », qui regroupe les alliés de Téhéran, « mène une bataille héroïque et historique sur plusieurs fronts à un moment sensible au niveau régional », a poursuivi le Hezbollah. Selon ce parti qui affirme qu'il ne mettra fin à ses attaques contre Israël qu'en cas de cessez-le-feu à Gaza, l'élection de Sinouar « en ce moment crucial » renforce la « détermination à unir les efforts et à poursuivre le jihad et la résistance ».
Peu après l'annonce mardi soir, des dizaines de voitures et de deux roues ont sillonné les routes de Saïda, au Liban-Sud, en klaxonnant pour célébrer la nomination du nouveau leader du Hamas, rapporte notre correspondant. Dans le camp de réfugiés palestiniens d’al Bass à Tyr, des dizaines d'habitants ont défilé dans les rues principales, scandant des slogans en faveur de Yahya Sinouar et du Hamas.
Le porte-parole des rebelles houthis du Yémen, Mohammed Abdulsalam, qui fait également partie de l'axe pro-iranien a écrit sur X que la milice priait pour que M. Sinouar reçoive « le soutien et les conseils divins pour assumer cette responsabilité dans cette phase historique de la confrontation avec l'ennemi israélien ».
Qu’est ce qu’ils attendaient, après avoir assassiné Haniyeh ?
21 h 56, le 07 août 2024