La justice allemande a condamné mardi une femme de 22 ans à une amende de 600 euros pour avoir scandé le slogan très controversé "Du fleuve à la mer" considéré comme antisémite lors d'une manifestation peu après le massacre de civils israéliens par le Hamas.
Ce verdict du tribunal de première instance de Berlin a été dénoncé par son avocat comme une volonté de "punir" la jeune femme. "C'est un jour sombre pour la liberté d'expression", a estimé Alexander Gorsky auprès de l'AFP.
"Le tribunal a criminalisé cette phrase (...) alors que ma cliente voulait seulement exprimer l'espoir d'un avenir de coexistence démocratique entre tous les habitants de la région", a-t-il assuré, ajoutant qu'il allait faire appel du jugement. "Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre" est régulièrement scandé dans les manifestations propalestiniennes dans le monde depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
La phrase, telle qu'employée par le Hamas, est considérée par ses détracteurs comme antisémite car niant l'existence d'Israël ou appelant à son élimination. D'autres estiment qu'il s'agit simplement d'un appel à l'égalité entre Palestiniens et Israéliens.
Le tribunal a estimé que la jeune femme, identifiée seulement comme Ava M., avait de facto endossé les crimes du Hamas en scandant ce slogan lors d'une manifestation non autorisée le 11 octobre dans le quartier multiculturel berlinois de Neukölln, soit quelques jours seulement après le massacre du 7 octobre sur le sol israélien perpétré par le Hamas, explique-t-il dans un communiqué.
"Dans ce contexte concret, cette phrase ne peut être comprise que comme une négation du droit à l'existence d'Israël et une approbation de l'attaque", a-t-il jugé. L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur des données officielles israéliennes.
En riposte, Israël a lancé une offensive qui a provoqué un désastre humanitaire et fait jusqu'à présent 39.623 morts, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas. En novembre dernier, le ministère allemand de l'Intérieur a interdit le mouvement islamiste dans le pays.
La phrase controversée reste toutefois appréciée de manière différenciée sur le plan juridique par les tribunaux. Ainsi le tribunal de grande instance de Mannheim a récemment exclu une condamnation pour emploi de ce slogan, jugeant qu'une interprétation non punissable par la loi de la phrase était possible.
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