L’ample cape blanche à grande capuche rebrodée de roses et de cristaux de Slimane, signée Robert Abi Nader. Photo Robert Abi Nader
Éminemment parisienne, l’ouverture des JO a mis en avant peu de créateurs étrangers. Le Libanais Robert Abi Nader a pourtant réussi à tirer son épingle des Jeux en s’y prenant par la bande, si l’on peut dire, puisque c’est lui qui signait l’ample cape blanche à grande capuche rebrodée de roses et de cristaux de Slimane, lors de son concert gratuit sur l’esplanade de la basilique Saint-Denis.
Le 26 juillet à 16h, des milliers de Dionysiennes et Dionysiens (habitants de Saint-Denis et non participants au Festin des dieux d’après Jan van Bijlert) attendaient l’ultime passage du relais de la flamme olympique devant leur basilique. C’est en poussant des cris de joie et agitant des drapeaux français qu’ils ont accueilli le présentateur de France 2 Mohamed Bouhafsi, porteur de la flamme à son arrivée, qui la remet ensuite à Laetitia Casta, laquelle la remet à son tour à Pharell Williams.
C’est à ce moment que le chanteur Slimane, gagnant de la cinquième saison de The Voice et lauréat des Victoires de la musique 2020 pour la meilleure chanson originale, mais aussi quatrième à l’Eurovision 2024, fait une apparition spectaculaire. Il sort de la basilique, annoncé par l’envol d’une nuée de colombes blanches et entouré d’un aveuglant halo de lumière. Sa tête et son visage sont recouverts par la capuche. Accompagné par la chorale urbaine Sankofa Unit et l’orchestre symphonique Divertimento dirigé par la cheffe Zahia Ziouani, il ouvre le spectacle en interprétant Ma gueule, la chanson de Johnny Hallyday contre le racisme et l’exclusion. Au cours de la chanson, il laisse tomber sa cape qui devient un élément de la chorégraphie des danseurs. Il enchaîne avec Des milliers de je t’aime, bouleversante chanson adressée à sa fille Esmeralda, et Mon Amour, titre qui lui a valu la 4e place à l’Eurovision en mai 2024. Enfin dans un duo émouvant avec Lara Fabian, il clôture avec Je suis malade de Serge Lama. Tout au long du spectacle, sa voix chaleureuse semble désincarnée, tant sa tenue de scène l’entoure d’une matière céleste.
Lors d’un défilé présenté dans le cadre de la semaine parisienne de la haute couture automne-hiver 2024-2025, à la galerie Bourbon, avenue Marceau, Robert Abi Nader avait décliné une collection inspirée de Van Gogh. La palette lilas, bleu citron et vert feuille dominait une ligne de fourreaux également traversée de noir, orange et or. Le choix du fourreau, selon le créateur, était un parti pris inclusif, invitant les femmes à être fières de leur corps quelle qu’en soit la forme. Une série de pectoraux, féminins et masculins, se détachait de l’ensemble avec des textures inédites, imitant les plumes ou le bois, mais aussi l’or moulé dans la résine. L’abaya était également un modèle dominant de cette collection. C’est ce vêtement asexué et cérémonial qui a séduit Slimane pour le temps fort qu’il a offert à Saint-Denis.
Le fourreau, un choix de Robert Abi Nader pour inviter les femmes à être fières de leur corps quelle qu’en soit la forme. Photo Robert Abi Nader
L’un des premiers créateurs libanais de sa génération à sortir diplômé de la prestigieuse Chambre syndicale de la haute couture, Robert Abi Nader suit une formation chez Yves Saint Laurent. Il a également travaillé chez Dior et Claude Montana avant, d’ouvrir sa maison de couture éponyme. Ses créations se démarquent par la recherche d’un équilibre entre la fantaisie et l’audace. À travers une fusion de matières et de couleurs, il incorpore à ses créations des éléments rigides, concevant chaque tenue comme un bijou complexe qui embellit celui qui le porte et se transmet comme un patrimoine.
