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Dernières Infos - Conflit

Dans le nord d'Israël, le calvaire d'un père druze pour retrouver son fils tué par une roquette

Des incendies dans le nord d’Israël après des frappes depuis le Liban le 3 juin 2024. JALAA MAREY / AFP

Quand Ibrahim Ibrahim a entendu la sirène d'alerte aux tirs de roquettes retentir dans sa ville de Majdal Shams, dans le Golan syrien occupé par Israël, sa première pensée a été pour son fils Guevara, qui se trouvait avec des amis sur le terrain de jeu touché.

"J'ai entendu la sirène et j'ai senti que quelque chose était arrivé à Guevara", raconte M. Ibrahim à l'AFP qui l'a rencontré quelques jours après le drame du 27 juillet. Il s'était précipité sur le terrain de jeu où une roquette a explosé dans cette ville druze de 11.000 habitants. "Quand j'ai vu les nombreuses victimes, j'ai eu peur qu'il soit parmi elles", ajoute-t-il d'une voix tremblante qui a vite cédé la place aux larmes. Certains jeunes qui s'amusaient sur le terrain ont été touchés par des éclats de roquette alors qu'ils couraient vers l'abri antiaérien proche. Dans un premier temps, les autorités ont annoncé la mort de 11 jeunes âgés de 10 à 16 ans. Guevara ne figurait pas parmi les victimes et son père Ibrahim était sans nouvelle de lui. Majdal Shams est situé dans le nord d'Israël, au pied du mont Hermon, à seulement sept km de la frontière avec Liban. Depuis le début de la guerre le 7 octobre dans la bande de Gaza entre le Hamas palestinien et Israël, le Hezbollah et Israël échangent des tirs quasi quotidiens, le mouvement armé libanais affirmant soutenir ainsi son allié du Hamas et les Palestiniens. 

"Mensonges"

Recherchant désespérément son fils, Ibrahim et sa femme Dalia se sont rendus à la clinique de Majdal Shams après avoir appris que leur fils s'y trouvait. En vain. De là, ils se sont rendus à l'hôpital de Safed, dans la région voisine de la Galilée. Sans succès. Ensuite on leur a dit que Guevara était en salle d'opération dans un hôpital de la ville côtière de Haïfa, à plus d'une heure de route. Mais quand Ibrahim et Dalia sont arrivés à cet hôpital, un autre homme leur a dit que le garçon qui se trouvait dans l'unité de soins intensifs était en fait son fils, et non le leur.

"Il s'est avéré qu'il n'y avait pas de Guevara. Ce n'était que des mensonges, mais nous avons continué à espérer", dit Ibrahim. Ce n'est que 27 heures plus tard qu'ils ont appris la mort de leur fils de 11 ans, le 12e jeune tué par le tir de roquette. "C'était difficile, surtout de ne pas savoir pendant deux jours", dit le père en parlant de son calvaire. Ibrahim raconte que les caméras de sécurité montraient Guevara "jouant avec son ami, tenant le ballon, tirant, puis se dirigeant vers les autres enfants lorsque la sirène a retenti à 18H18". "Lui et son ami ont atteint le portail lorsque la roquette a frappé", et c'est à ce moment-là que Ibrahim a "commencé à comprendre" que son fils avait peut-être été si près de l'impact que rien n'avait pu être conservé pour permettre son identification.

"La paix"

Le lendemain du drame, des centaines de Druzes, une communauté soudée dont la religion est issue de l'islam, sont partis à la recherche de Guevara. Mais à 21H00, la police a appelé et confirmé sa mort après des tests d'ADN. "C'est comme ça que ça s'est terminé", dit le père de Guevara, prénom qui est le nom du célèbre révolutionnaire marxiste-léniniste argentin, Che Guevara, mort exécuté en 1967. Aujourd'hui, un portrait du "Che" est toujours accroché sur une étagère à l'extérieur de la chambre que Guevara partageait avec son jeune frère Ram.

Grand amateur de ballon rond et supporter du Brésil et de Ronaldinho, Guevara voulait devenir footballeur professionnel. Il avait un maillot du Brésil et un coussin représentant le drapeau brésilien sur son lit. L'attaque à la roquette a suscité beaucoup d'émotion à Majdal Shams. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'y est rendu le lendemain du drame et a promis une "réponse sévère" à cette attaque attribuée par Israël au Hezbollah qui a nié en être l'auteur. Malgré la mort de son fils, Ibrahim ne nourrit aucun sentiment de vengeance, à l'instar de nombreux habitants de la ville. "Personne n'aime la guerre. Nos enfants et les enfants de tout le monde souffrent", dit Ibrahim: "Cet incident ne m'a pas fait changer d'avis, je reste favorable à la paix".

Quand Ibrahim Ibrahim a entendu la sirène d'alerte aux tirs de roquettes retentir dans sa ville de Majdal Shams, dans le Golan syrien occupé par Israël, sa première pensée a été pour son fils Guevara, qui se trouvait avec des amis sur le terrain de jeu touché.

"J'ai entendu la sirène et j'ai senti que quelque chose était arrivé à Guevara",...