La Banque mondiale (BM) a estimé le coût annuel total des réfugiés syriens au Liban à 5 milliards de dollars. Cependant, ce chiffre est jugé insuffisant car il ne prend en compte que les coûts visibles et ignore de nombreux coûts invisibles. Dans un texte précédent, « Une estimation du coût global des réfugiés syriens au Liban », publié le 5 juin dernier dans la rubrique Courrier de L’Orient-Le Jour, nous avons souligné la nette séparation entre les coûts visibles et les coûts invisibles.
Pour rappel, les coûts visibles comprennent la nourriture, le logement et le cas échéant l’éducation, la santé.
Ces coûts peuvent être facilement estimés par personne puis multipliés par une hypothèse officielle qui parle d’un million de Syriens déplacés au Liban. C’est selon ce calcul que l’estimation de la BM suggère un coût de 5 000 dollars par Syrien par an, soit un total de 5 milliards de dollars annuellement.
Cependant, la population syrienne au Liban a considérablement augmenté, doublant au cours des dix dernières années pour atteindre deux millions de personnes, ce qui reflète un taux de croissance composé annuel de 7 %. En utilisant ce chiffre mis à jour de 2 millions de réfugiés, les coûts visibles estimés s’élèveraient déjà à 10 milliards de dollars par an.
Mais il existe des coûts invisibles dont la BM n’a pas tenu compte : la pression sur les infrastructures (services publics, transports…) ; l’impact économique (marché du travail, économie informelle, concurrence accrue pour les entreprises locales) ; les services sociaux ; la cohésion sociale (sécurité, tensions sociales) ; l’impact environnemental (gestion des déchets, ressources naturelles) ; coûts gouvernementaux et administratifs (charge administrative, légal et réglementaire) ; subventions (banque centrale...).
L’estimation de la BM s’avère insuffisante car elle ne prend en compte que les coûts visibles. Avec la population actuelle de 2 millions de réfugiés syriens, une estimation plus précise et complète doit inclure les coûts invisibles.
Pour une compréhension holistique et une gestion efficace de la situation des réfugiés syriens au Liban, des études supplémentaires et des évaluations détaillées sont essentielles. Une estimation plus réaliste et complète, permettrait de mieux planifier et d’allouer les ressources nécessaires pour soutenir non seulement les réfugiés, mais aussi la population hôte et les infrastructures nationales.
Il est crucial de souligner que nous n’avons même pas pris en compte la perte d’identité du Liban, ni sa perte de souveraineté, ni la perte de son projet en tant que nation distincte. Le phénomène de « grand remplacement » des Libanais par les Syriens, avec une telle croissance démographique, est également une menace sérieuse. En dix ans, les Syriens pourraient être aussi nombreux que les Libanais au Liban. De plus, avec l’émigration continue des Libanais, il ne resterait que les enfants et les retraités. Ces dynamiques socio-démographiques doivent être prises en compte pour une évaluation véritablement exhaustive de la situation.
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