
Le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, s'entretenant avec le chef du législatif, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, le 13 mai 2024. Photo Hassan Ibrahim/Parlement libanais
Élias Bou Saab est sorti de son silence. Pour la première fois depuis la polémique suscitée, il y a quelques mois, autour de sa situation au sein du Courant patriotique libre, le vice-président de la Chambre a confirmé jeudi qu’il a été radié de la formation sur décision de son chef, Gebran Bassil. Il a toutefois tenu à préciser que son limogeage « n’a pas été le fruit d’un processus rapide », comme pour ne pas rompre tous les ponts avec la direction du parti. « Cela ne signifie pas pour autant que je suis devenu l’ennemi du CPL », a d’ailleurs assuré le numéro deux de la Chambre, dans une interview accordée à la chaîne locale MTV.
Pour rappel, le fossé entre le député du Metn et la direction du courant aouniste s’est creusé peu après les élections législatives de mai 2022. Outre le rapprochement avec le président de la Chambre, Nabih Berry (qui était, encore à l’époque, un grand adversaire local du parti orange), le député du Metn a surtout dérogé au mot d’ordre aouniste de voter pour le candidat commun du CPL et de l'opposition, Jihad Azour, lors de la dernière séance parlementaire consacrée à la présidentielle, tenue le 14 juin 2023. Quelques mois plus tard, une procédure partisane a été engagée contre lui devant « le conseil des sages », tribunal partisan du CPL. Ce dernier avait recommandé la mise à la porte de M. Bou Saab. Une décision que le chef du parti a temporisé avant de finalement avaliser, et que la formation n’a jamais officialisée.
À ce sujet, le vice-président de la Chambre a déclaré : « Beaucoup de solutions m’ont été proposées (pour éviter le limogeage). Et si je voulais agir à l’encontre de mes convictions, les choses auraient été beaucoup plus faciles. » « La ligne suivie aujourd’hui par le CPL a changé. Et je ne pense pas que je peux m’y conformer », a-t-il déclaré, faisant valoir que depuis deux ans, il ne participe plus aux réunions du conseil politique du parti. « Et je l’ai dit à Gebran Bassil », a raconté le numéro deux du Parlement. « J’ai même mis la barre très haut », a-t-il encore reconnu, affirmant que « quelque chose s’est brisé (avec le CPL) ». Il a ajouté s'être entretenu avec le député de Batroun à ce propos. « Il a donc vu que la décision de limogeage serait dans l’intérêt du parti », a justifié M. Bou Saab, y voyant « une façon pour le chef du CPL de faire comprendre à tout le monde qu’il y a un règlement qu'il faudrait respecter ».
Commentant par ailleurs les informations de presse selon lesquelles le fondateur du parti, Michel Aoun (dont il est pourtant considéré proche), se tiendrait derrière la décision de M. Bassil, Élias Bou Saab a indiqué être entré récemment en contact avec l’ancien président de la République avec qui il se réunira « prochainement ». « J’accepte tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait, même s’il a encouragé une telle décision à mon encontre », a lancé M. Bou Saab.
La présidentielle et la mission Hochstein
Sur un autre registre, le vice-président de la Chambre s’est attardé sur le dossier de la présidentielle qui fait du surplace en dépit des récentes initiatives visant à faire bouger les choses. « (Le chef des Marada et candidat du tandem chiite à la présidence de la République) Sleiman Frangié est le candidat le plus sérieux. Mais il n’a pas encore suffisamment de voix pour être élu », a estimé le député du Metn. « Selon (le président de la Chambre) Nabih Berry, les chances de M. Frangié se sont améliorées », a-t-il encore dit comme pour faire comprendre que le camp du tandem Hezbollah-Amal parie sur un compromis régional – atteint à l’issue de la guerre en cours à Gaza – qui lui profiterait pour imposer sa volonté au niveau de la présidentielle.
Élias Bou Saab a enfin évoqué la mission menée par l’émissaire américain, Amos Hochstein, pour éviter une guerre totale entre le Hezbollah et Israël. Il a indiqué, dans ce cadre, que lors de son dernier séjour à Beyrouth en début de semaine (perçu comme le dernier avertissement avant le scénario du pire), l’envoyé spécial de Washington « n’a pas formulé des menaces ». « La diplomatie est la seule solution, et les États-Unis y croient », a encore dit Élias Bou Saab.
L'initiative de la Modération nationale est la seule « sérieuse », estime Ghayath Yazbeck
Ghayath Yazbeck, député des Forces libanaises à Batroun, a déclaré vendredi que la seule initiative « sérieuse » à même de débloquer la présidentielle est celle proposée en février dernier par le bloc de la Modération nationale (majoritairement sunnites ex-haririens). Dans ces grandes lignes, cette démarche prévoit des concertations parlementaires informelles suivies d’une séance électorale ouverte avec des tours de vote successifs jusqu’à ce que le pays se dote d’un nouveau président de la République. Les FL étaient d’ailleurs un des premiers à avaliser la démarche des ex-haririens, dans une volonté de mettre ai pied du mur le président de la Chambre, Nabih Berry, qui conditionne la convocation d’un conclave par la tenue d’une table de dialogue élargie sous son égide, ce qui demeure rejeté par l’aile radicale de l’opposition, dont les FL.
Le député a évoqué les autres idées récemment mises sur les rails pour faire bouger les choses. « Le Parti socialiste progressiste a donné à ses efforts le nom de ‘`démarche présidentielle’’, alors que le Courant patriotique libre a clairement eu recours à une manœuvre politicienne », a-t-il estimé dans des propos rapportés par le quotidien al-Diyar. Il fait référence aux contacts lancés ces dernières semaines par ces deux groupes, et à la proposition du CPL axée sur « un dialogue ou des consultations » suivis de séances électorales ouvertes opposant un nombre limité de candidats. Pour Ghayath Yazbeck, « le camp de la moumanaa ne veut pas (permettre) l’élection d’un président avant l’issue de la guerre à Gaza et ses répercussions au niveau de la région ». Il a d’ailleurs déploré le fait que « certains protagonistes accusent les FL d’entraver la tenue du scrutin », à l’heure où Nabih Berry reproche aux FL leur veto au dialogue. « Nous sommes les seuls à adopter un langage conforme à la Constitution, tandis que l’on évoque des compromis qui consacreraient de nouvelles coutumes », a souligné M. Yazbeck.
Que reproche au juste le gendron à son acolyte? La trahison? Ah bon je pensais qu’ils étaient d’accords à ce niveau là, puisque Imbassil, pas plus tard qu’il y a quelques jours vantait les idées de Berry en appelant tout le monde à claquer des bottes à son passage lors de la réunion qu’il comptait présider pour permettre l’élection d’un président polichinelle au service des vendus. Il s’agissait bien de lui, le gendron, NON? Quel métamorphose!
21 h 57, le 21 juin 2024