Poème d’ici

Poème d’ici de Zuhayr Abu Shayeb

Poème d’ici de Zuhayr Abu Shayeb

D.R.

Poète et graphiste palestinien né en 1958 à Tulkarm en Cisjordanie, Zuhayr Abu Shayeb est diplômé en langue et littérature arabes de l’université de Yarmouk. Auteur de plusieurs recueils de poésie, il reçoit en 2012 le prix Mahmoud Darwich de la créativité.

Nous n’avons pas beaucoup rêvé

Ne reste que le sable

Les arbres n’ont pas offert leur ombre aux dormants

Le vent ne s’est point attendri quand une femme l’a palpé

Et nos âmes ne suffisent pas

Nous sommes sortis de l’enfance comme des papillons

Pour brûler en approchant la première femme

Et la sagesse de la cendre nous a affligés

Nous étions pressés

N’avons pas tété le lait de nos mères

Ni respiré les odeurs de nos pères

Et le ciel ne nous a rien dit

Comme eux le voulaient

Nous étions pressés

Aussitôt nés

Nous avons tout improvisé

La mort, le sens et nous-mêmes

Nous n’avons pas beaucoup rêvé

N’étions pas sur terre

Et sur les murs n’avons écrit que nos cœurs

Nous étions pressés

Nous avons grandi comme les obsessions

Sous l’aile de la nuit

Et, encore fœtus, avons perdu nos corps

Et nos premières demeures

Nous avons erré sans ciel pour nous couvrir

Sans terre sous notre terre

Jusqu’à remplir la nuit de fantômes

Puis nous avons grandi

Et nous nous sommes penchés

Pour dire adieu aux choses

Avant de nous éloigner

Sans avoir tété le lait de nos mères

Et la glaise qui enveloppait nos os

N’avait pas encore séché

Ne reste que le sable

Les prophètes ont semé des éclairs

Et sont allés prier

Le ciel s’est retiré sans nous regarder

Ni parler à l’un de nous

Et Dieu Lui-même

N’a pas voulu nous guider.

Poème traduit de l’arabe par Farouk Mardam Bey.

Poète et graphiste palestinien né en 1958 à Tulkarm en Cisjordanie, Zuhayr Abu Shayeb est diplômé en langue et littérature arabes de l’université de Yarmouk. Auteur de plusieurs recueils de poésie, il reçoit en 2012 le prix Mahmoud Darwich de la créativité.Nous n’avons pas beaucoup rêvéNe reste que le sableLes arbres n’ont pas offert leur ombre aux dormantsLe vent ne s’est...
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