Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Caucase

Arménie : le leader des manifestants renonce à ses fonctions cléricales pour contester le Premier ministre

L'archevêque Bagrat Galstanyan dirige un rassemblement pour demander la démission du Premier ministre Nikol Pashinyan sur le transfert de terres à l'Azerbaïdjan voisin, à Erevan le 27 mai 2024. Photo KAREN MINASYAN/AFP

Le leader des protestations anti-gouvernementales en Arménie, l'archevêque Bagrat Galstanian, a renoncé lundi à ses fonctions cléricales, une étape nécessaire avant de pouvoir envisager de briguer le poste de Premier ministre dans ce pays du Caucase. Bagrat Galstanian, 53 ans, réunit des milliers de manifestants depuis l'approbation fin avril par les autorités arméniennes de la restitution de quatre villages frontaliers saisis dans les années 1990, à l'Azerbaïdjan, son voisin et rival régional.

L'annonce d'un accord définitif sur une nouvelle délimitation de la frontière à la mi-mai et la restitution des villages vendredi dernier n'ont fait qu'augmenter la colère des manifestants contre le Premier ministre Nikol Pachinian dont ils réclament la démission.

A la tête de la contestation, Bagrat Galstanian appelle notamment au vote d'une motion de défiance contre cet ex-journaliste, arrivé au pouvoir après des manifestations pacifiques en 2018. Lundi, l'Eglise apostolique arménienne a annoncé avoir suspendu le "service clérical et administratif" de M. Galstanian à sa demande, une condition nécessaire pour pouvoir envisager de se présenter dans le futur au poste de Premier ministre.

Selon la loi arménienne, Bagrat Galstanian, un chef religieux de la région de Tavouch, où les quatre villages ont été restitués à l'Azerbaïdjan, ne peut toutefois pas se présenter au poste de Premier ministre en raison de sa double nationalité arménienne et canadienne. Mais rien ne l'empêcherait de renoncer à sa nationalité canadienne, un processus toutefois long.

Lundi, des centaines de manifestants sont encore descendus dans la rue à travers l'Arménie, dans le cadre de ce que M. Galstanian présente comme une "campagne nationale de désobéissance", a constaté une journaliste de l'AFP. La police arménienne a pour sa part indiqué avoir interpellé 284 manifestants qui tentaient de bloquer des axes routiers de la capitale Erevan, la plupart d'entre eux ayant été rapidement relâchés.

Importance stratégique

Ces nouvelles manifestations surviennent alors que l'Arménie a rendu vendredi à l'Azerbaïdjan quatre villages frontaliers, étape-clé vers la normalisation des relations entre les deux pays rivaux, qui se sont opposés dans plusieurs guerres. Les villages rétrocédés revêtent une importance stratégique pour l'Arménie, pays enclavé, car ils contrôlent des tronçons d'une route vitale vers la Géorgie.

Les habitants arméniens des localités voisines affirment que leur cession les coupe du reste du pays, et accusent le Premier ministre Nikol Pachinian de céder des territoires sans concession en retour. M. Pachinian assure de son côté que cette décision vise à garantir la paix avec Bakou.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques voisines, se sont affrontées à plusieurs reprises pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh. La première guerre, dans les années 1990, a été remportée par l'Arménie, faisant plus de 30.000 morts. L'Azerbaïdjan a ensuite repris le contrôle d'une partie de la région à l'automne 2020, avant d'en prendre la totalité après une offensive éclair en septembre 2023, chassant les séparatistes arméniens qui la dirigeaient depuis trois décennies.

Les autorités arméniennes, en quête d'un accord de paix pour apaiser enfin des décennies de différends territoriaux et de conflits armés avec Bakou, ont approuvé la restitution de villages frontaliers saisis par leur armée dans les années 1990. Mais cette décision, perçue par certains comme une concession inutile, a entraîné une marche depuis la région concernée de Tavouch, qui a culminé avec une manifestation de dizaines de milliers de personnes le 9 mai. Durant le week-end, d'autres rassemblements ont eu lieu à Erevan.

Avant cela, le gouvernement arménien avait fait face à des semaines de manifestations, certaines bloquant par moment le principal axe nord-sud du pays, reliant l’Arménie à la Géorgie.


Le leader des protestations anti-gouvernementales en Arménie, l'archevêque Bagrat Galstanian, a renoncé lundi à ses fonctions cléricales, une étape nécessaire avant de pouvoir envisager de briguer le poste de Premier ministre dans ce pays du Caucase. Bagrat Galstanian, 53 ans, réunit des milliers de manifestants depuis l'approbation fin avril par les autorités...