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Dernières Infos - Soudan

Les risques de famine sont bien réels, alerte l'ONU

Un volontaire dispose de la nourriture dans des assiettes pour les musulmans déplacés à l'intérieur du pays qui rompent le jeûne pendant le mois sacré du Ramadan à Gedaref, le 13 mars 2024. Photo AFP

Les risques de famine sont réels au Soudan, a prévenu vendredi l'ONU, qui craint que la crise humanitaire s'étende aux pays voisins si les combats se poursuivent.

De son côté l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a demandé une intensification de l'aide humanitaire, appelant l'ONU "à faire preuve de plus de volonté" pour contribuer activement à une augmentation rapide et massive de l'aide humanitaire.

"Le temps presse", a déclaré un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS, émanation de l'ONU), Christian Lindmeier, lors d'un point de presse à Genève.

"Si les combats ne cessent pas et sans un accès sans entrave pour l'aide humanitaire, la crise au Soudan s'aggravera considérablement dans les mois à venir et pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble de la région", a-t-il ajouté.

Selon l'OMS, 70 à 80% des établissements de santé ne sont pas fonctionnels.

S'exprimant en visioconférence depuis le Kenya, le chef de la délégation de la Fédération des Croix-Rouge (FICR), Farid Abdulkadir, a souligné qu'il s'agissait de "la plus grande crise" humanitaire actuelle.

Les combats au Soudan, qui font rage depuis le 15 avril 2023 entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir, ont fait des milliers de morts et plus de huit millions de déplacés, selon l'ONU.

"La possibilité d'une famine est tout à fait réelle" car "la production alimentaire au Soudan a été fortement réduite" et les revenus des ménages ont baissé, a relevé Thair Shraideh, du Programme de développement de l'ONU (PNUD), depuis Bruxelles.

"Si nous ne faisons rien maintenant, la crise au sein du pays s'amplifiera (...). Et je pense que les conséquences de cette crise franchiront très vite les frontières", a-t-il averti.

"Famine attendue"

Une étude du PNUD, menée auprès de plus de 4.500 ménages au Soudan entre novembre et janvier, montre que la crise alimentaire s'accélère.

"L'étude montre qu'une famine au Soudan est attendue en 2024, en particulier dans les États de Khartoum et d'al-Jazira, ainsi que dans les régions du Darfour et du Kordofan", a indiqué M. Shraideh.

Selon l'ONU, dans les prochains mois, près de 5 millions de personnes pourraient plonger dans une "insécurité alimentaire catastrophique", le niveau le plus élevé de l'échelle du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Lundi, Paris accueillera une conférence internationale pour le Soudan et les pays voisins co-organisée avec l'Allemagne et l'Union européenne, mais le ministère soudanais des Affaires étrangères s'est dit vendredi "indigné" par cet événement, dénonçant une atteinte à la "souveraineté" du pays.

MSF a appelé de son côté à la levée des restrictions et blocages d'accès imposés par les parties en conflit.

Mais l'ONG souligne aussi que bien que les conditions d'accès soient difficiles, la réponse humanitaire "aurait dû augmenter, et non diminuer, en particulier dans les zones où l'accès est possible".

"L'ONU et ses partenaires continuent de s'imposer des restrictions d'accès à ces régions, et ne se sont pas préparés à intervenir ou à mobiliser des équipes sur le terrain", indique Ozan Agbas, responsable des opérations d'urgence de MSF pour le Soudan, dans un communiqué.

Dans les régions difficiles d'accès comme le Darfour, Khartoum et d'al-Jazira, MSF est souvent l'une des seules organisations humanitaires internationales présentes, indique-t-elle, ajoutant que "même dans les régions plus accessibles comme les États du Nil blanc, du Nil bleu, de Kassala et de Gedaref, la réponse globale est négligeable".

Les risques de famine sont réels au Soudan, a prévenu vendredi l'ONU, qui craint que la crise humanitaire s'étende aux pays voisins si les combats se poursuivent.De son côté l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a demandé une intensification de l'aide humanitaire, appelant l'ONU "à faire preuve de plus de volonté" pour contribuer activement à une augmentation rapide...