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Dernières Infos - Syrie

A Damas, la frappe visant l'Iran ravive le souvenir des années noires de guerre

Des secouristes inspectent les décombres de la section consulaire iranienne, le 2 avril 2024 à Damas. LOUAI BESHARA/AFP

Dans le quartier tranquille de Mazzeh à Damas, les habitants regardent hébétés mardi les secouristes fouiller les décombres de la section consulaire iranienne visée par une frappe qui a ravivé les souvenirs des années noires de la guerre.

Un raid attribué à Israël a visé lundi en fin d'après-midi le bâtiment jouxtant l'ambassade d'Iran, faisant au moins 13 morts, dont sept militaires iraniens.

"J'ai entendu (..) une énorme explosion", raconte Mahmoud Badaoui, 42 ans, qui habite dans un immeuble donnant sur la section consulaire entièrement détruite.

"J'ai été projeté contre le mur, et je n'ai plus rien vu. La maison était pleine de poussière et nous avons commencé à entendre des appels au secours", ajoute-t-il.

La devanture de son immeuble de dix étages a été soufflée et toutes les vitres des fenêtres brisées.

"J'ai longtemps hésité à quitter le pays, en gardant l'espoir que la guerre allait se terminer. Mais après cet incident, je n'ai plus d'espoir. Je vais partir pour trouver un avenir meilleur ailleurs et assurer la sécurité de ma famille", assure cet homme.

Sur le tas de gravats qui reste du bâtiment visé, un grand drapeau iranien a été suspendu après la frappe, qui a creusé un gros cratère de quelque cinq mètres de profondeur.

Les habitants du quartier déblayent eux-mêmes les bris de verre et tentent de dégager les nombreuses voitures endommagées par la frappe.

Les magasins sont fermés mardi dans les environs de l'ambassade, située dans ce quartier huppé qui abrite des missions diplomatiques et des bureaux de l'ONU ainsi que des restaurants.

"On a tous peur"

Dans un pays en guerre depuis 2011, la capitale Damas a été relativement épargnée par les combats dévastateurs, contrairement à Alep, la grande ville du nord.

"Je suis d'Alep et j'ai vécu toute la guerre", affirme Racha Saleh, 33 ans, une habitante du quartier qui travaille dans une ONG. "Quand je me suis installée à Damas en 2022, j'ai cru que la guerre était finie, mais cela ne semble pas le cas".

Quand elle a entendu l'explosion, la première frappe à viser un bâtiment diplomatique iranien en Syrie, "les mauvais souvenirs me sont revenus et j'ai pleuré toute la nuit", ajoute-t-elle.

Plus d'un demi-million de personnes ont été tuées depuis le soulèvement pacifique de 2011 qui a dégénéré en guerre civile et a morcelé le pays.

Abou Mohammad, le gardien d'un immeuble voisin dont la petite-fille a été blessée, est tout aussi sombre.

"On avait cru que la guerre était terminée, mais je suis devenu hystérique après cette frappe", abonde cet homme.

Les secouristes, qui ont travaillé toute la nuit, ont retiré mardi des décombres deux corps, celui d'une femme âgée d'une cinquantaine d'années et un autre qui n'a pas été identifié.

"Il reste au moins un corps sous les décombres. Nous avons transporté à l'hôpital des morts, ainsi que des blessés parmi lesquels le gardien de l'immeuble attenant au consulat et un passant", a indiqué à l'AFP une source de la Défense civile.

Depuis les balcons environnants, des habitants constatent avec stupeur les dégâts occasionnés et prennent des photos, alors que la police tente d'éloigner les badauds attroupés près du site.

"Les explosions font partie de notre routine quotidienne, mais l'agression d'hier est différente (..)", dit Ouday Ibrahim, un agent immobilier de 52 ans dont le bureau est proche de l'ambassade iranienne.

"C'était très fort, ça s'est passé en plein jour et au coeur de la ville. Tout le monde est sous le choc, on a tous peur".

Dans le quartier tranquille de Mazzeh à Damas, les habitants regardent hébétés mardi les secouristes fouiller les décombres de la section consulaire iranienne visée par une frappe qui a ravivé les souvenirs des années noires de la guerre.

Un raid attribué à Israël a visé lundi en fin d'après-midi le bâtiment jouxtant l'ambassade d'Iran,...