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Dernières Infos - Turquie

Colère après l'invalidation de l'élection d'un prokurde

Des partisans du maire d'Ankara, Mansur Yavas, célébrant la victoire de ce dernier à Ankara, le 31 mars 2024. Photo d'illustration ADEM ALTAN/AFP

L'invalidation de l'élection d'un maire du parti prokurde au profit du parti au pouvoir à Van, dans l'est de la Turquie, a suscité mardi la colère jusqu'à Istanbul.

L'élu du DEM (ex-HDP), le principal parti prokurde de Turquie, était pourtant sorti largement vainqueur dimanche des municipales, souligne son parti.

« Le ministère de la Justice tente de confisquer la volonté du peuple de Van. C'est un putsch politique », a réagi le co-président du DEM Tuncer Bakirhan lors d'un rassemblement devant le Haut conseil électoral à Ankara.

« Nous rejetons la décision de la commission électorale provinciale de Van de remettre le mandat de maire de la métropole au candidat de l'AKP », s'est insurgé le parti dans un communiqué.

Abdullah Zeydan a été élu dimanche avec 55,48% des voix dans cette grande ville à majorité kurde célèbre pour son lac et proche de la frontière iranienne, contre 27,15% à son principal rival du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, balayé dans de très nombreuses grandes villes du pays.

Troisième force politique au parlement, le DEM dénonce une décision « illégale » de la commission électorale qui, selon lui, a contesté les droits politiques de M. Zeydan vendredi, à moins de 48 heures du scrutin.

La formation prokurde affirme que son candidat avait pourtant « accompli toutes les procédures légales requises et obtenu la validation de sa candidature par le Haut comité électoral (YSK) ».

Des centaines de partisans se sont rassemblés devant le siège du parti à Van pour exprimer leur solidarité avec l'élu, lançant des fumigènes et dressant des barricades, selon des images de l'agence de presse turque DHA.

« Une question de droit » 

Les forces de l'ordre ont riposté et dispersé le rassemblement en faisant usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau.

Une centaine de personnes se sont également rassemblées dans une atmosphère tendue à Kadikoy, sur la rive asiatique d'Istanbul, un quartier traditionnellement frondeur et hostile au gouvernement.

« Non aux administrateurs nommés par le gouvernement, ne touche pas à la volonté du peuple kurde », ont chanté les manifestants.

« Ne pas remettre son mandat au candidat du parti DEM élu maire de Van c'est nier la volonté du peuple de Van. C'est inacceptable », a réagi sur X Ekrem Imamoglu, le maire d'Istanbul (CHP, opposition sociale-démocrate) réélu dimanche.

« C'est une question de droit, à la discrétion de la commission électorale provinciale », a répliqué le porte-parole de l'AKP Omer Celik lors d'une conférence de presse. « Ce n'est pas un domaine où le gouvernement peut intervenir ».

« Réagir dans le cadre démocratique est le droit de chacun. Mais transformer ceci en violences n'a rien à voir avec la démocratie », a-t-il ajouté.

L'ex co-président du HDP Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 pour « terrorisme », a interpellé le chef de l'Etat: « le soir des élections, vous avez déclaré que vous respecteriez la volonté du peuple. Malheureusement, ce qui s'est passé à Van n'est pas compatible avec vos déclarations ».

Dans un message transmis par ses avocats, il appelle « tout notre peuple, en particulier la population de Van, ainsi que toutes les forces et partis pro-démocratie, à s'opposer à cette décision illégale ».

Élu député HDP en 2015, Abdullah Zeydan avait été arrêté l'année suivante en même temps qu'une dizaine d'autres membres de son parti.

Les autorités l'accusaient d'avoir assisté aux funérailles de membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, que le pouvoir accuse de liens avec le principal parti prokurde de Turquie.

Emprisonné, M. Zeydan avait été libéré début 2022.

Une cinquantaine de maires élus en 2019 sous l'étiquette du HDP dans le sud-est de la Turquie avaient été remplacés par des administrateurs nommés par l'Etat.

Ces vagues d'arrestations et de révocations avaient suscité des tensions dans la région et des réactions indignées en Occident.

L'invalidation de l'élection d'un maire du parti prokurde au profit du parti au pouvoir à Van, dans l'est de la Turquie, a suscité mardi la colère jusqu'à Istanbul.L'élu du DEM (ex-HDP), le principal parti prokurde de Turquie, était pourtant sorti largement vainqueur dimanche des municipales, souligne son parti.« Le ministère de la Justice tente de confisquer la...