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Moyen-Orient - ONU

Véto russe et chinois à la vision américaine d'un cessez-le-feu à Gaza

Une décision « cynique » et « mesquine », fustige l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

L'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield parle avec l'ambassadeur d'Israël à l'ONU Gilad Erdan après le vote d'une motion du Conseil de sécurité de l'ONU au siège de l'ONU à New York, le 22 mars 2024. Photo AFP / Angela WEISS

La Russie et la Chine ont mis leur veto vendredi à une résolution américaine soulignant la « nécessité » d'un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza, dénonçant comme les pays arabes une formulation ambiguë qui n'appelle pas directement à faire taire les armes.

Une décision « cynique » et « mesquine », a fustigé l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

« La Chine et la Russie ne voulaient simplement pas voter pour un projet rédigé par les Etats-Unis, parce qu'ils préfèrent nous voir échouer que de voir un succès du Conseil », a-t-elle ajouté, faisant planer la menace d'un veto américain à un autre texte appelant directement à un « cessez-le-feu immédiat » qui sera mis au vote samedi.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, les Américains s'étaient systématiquement opposés à l'utilisation du terme « cessez-le-feu » dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.

Mais ils avaient finalement décidé de mettre aux voix vendredi ce texte qui notait « la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l'aide humanitaire essentielle (...), et dans cette optique, soutient sans équivoque les efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un tel cessez-le-feu en lien avec la libération des otages encore détenus ».

« Formulation diluée » 

Alors que les Etats-Unis sont sous pression de la communauté internationale pour atténuer leur soutien à Israël, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait qualifié cette initiative mercredi de « signal fort ».

Cette résolution « appelle à un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages », avait-il assuré dans un entretien à la chaîne de télévision saoudienne Al Hadath.

Mais le texte, qui a recueilli 11 voix en faveur, trois voix contre (Russie, Chine et Algérie) et une abstention (Guyana), n'utilise pas les mots « appelle » ou « demande » et fait un lien entre cette trêve et les négociations en cours à Doha pour la libération des otages.

L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a dénoncé le « spectacle hypocrite » des Etats-Unis qui ont essayé de « vendre à la communauté internationale un produit totalement différent, une formulation diluée », alors que « Gaza a quasiment été effacée de la carte ».

Saluant les « efforts » américains, l'ambassadeur algérien Amar Bendjama a malgré tout dénoncé un texte « loin de nos attentes », pas à la hauteur « des souffrances immenses du peuple palestinien ».

Un rejet de cette résolution soutenu « unanimement » par les pays arabes, parce qu'elle n'appelle « pas à un cessez-le-feu immédiat », a commenté l'ambassadeur palestinien Riyad Mansour.

Si le projet américain avait été adopté, le Conseil aurait d'autre part pour la première fois condamné spécifiquement les attaques du Hamas du 7 octobre contre Israël, qui ont entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

« La décision du Conseil de ne pas condamner le Hamas est une tache qui ne sera jamais oubliée », a dénoncé l'ambassadeur israélien Gilad Erdan.

Autre résolution samedi 

Après ce rejet du texte américain, un texte alternatif porté par sept membres non permanents du Conseil (Algérie, Malte, Mozambique, Guyana, Slovénie, Sierra Leone, Suisse) sera mis au vote samedi à 14H00 GMT, selon des sources diplomatiques.

Ce texte vu par l'AFP « exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat pour le mois du ramadan » et la libération immédiate de tous les otages, alors que l'offensive israélienne a fait plus de 32.000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Si les Etats-Unis sont sérieux quant à un cessez-le-feu, alors votez pour l'autre projet », a plaidé l'ambassadeur chinois Jun Zhang. Mais son homologue américaine a déjà émis des réserves, estimant que ce texte pourrait mettre en danger les efforts diplomatiques sur le terrain en vue d'un accord de trêve en échange de la libération des otages. Un argument utilisé lors du dernier véto américain.

Le Conseil, largement divisé sur le dossier israélo-palestinien depuis des années, n'a pu adopter depuis le 7 octobre sur ce dossier que deux résolutions, essentiellement humanitaires. Sans grand résultat: l'entrée de l'aide à Gaza reste largement insuffisante et la famine plane.

Plusieurs résolutions plus politiques ont été rejetées par des vetos américains d'un côté, russe et chinois de l'autre, ou par un nombre de voix insuffisant.

Le président Emmanuel Macron a de son côté assuré que la France travaillait sur un autre projet de résolution.

Selon une source diplomatique, ce texte plus large et à plus long terme inclurait une consolidation d'un éventuel cessez-le-feu, la libération des otages, le rôle de l'Autorité palestinienne et de l'ONU à Gaza après la guerre et la relance d'un processus politique.

La Russie et la Chine ont mis leur veto vendredi à une résolution américaine soulignant la « nécessité » d'un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza, dénonçant comme les pays arabes une formulation ambiguë qui n'appelle pas directement à faire taire les armes.Une décision « cynique » et « mesquine », a fustigé l'ambassadrice américaine Linda...

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