Rechercher
Rechercher

Sport - Mondial-2026/Qualifications

Japon-Corée du Nord : un symbole au-delà du football pour les Zainichi

Cette rencontre comptant pour les éliminatoires du Mondial 2026 aura une saveur particulière pour la communauté coréenne vivant au Japon.

L'ancien joueur de la sélection nord-coréenne, An Yong-hak, posant avec un ballon le 14 mars 2024, à Yokohama, au Japon. Yuichi Yamazaki/AFP

An Yong-hak est né et a grandi au Japon, mais c'est son ancienne équipe, la Corée du Nord, qu'il encouragera jeudi à Tokyo lors du match de qualification pour le Mondial 2026 entre les deux pays.

L'ex-footballeur de 45 ans fait en effet partie des quelque 300 000 Coréens ethniques (appelés Zainichi) vivant au Japon, une communauté originaire du nord comme du sud de la péninsule qui a longtemps souffert de discrimination à l'emploi ou pour la protection sociale dans l'archipel nippon.

Éduqué au Japon dans une école pro-Pyongyang, l'ancien milieu de terrain a été sélectionné à 40 reprises par la Corée du Nord, et a même affronté le Portugais Cristiano Ronaldo, le Brésilien Kaka et l'Ivoirien Yaya Touré lors de la Coupe du monde 2010.

Jeudi sera donc l'occasion pour certains Coréens ethniques du Japon d'affirmer leur identité en encourageant l'équipe nord-coréenne. « J'ai joué contre le Japon au stade de Saitama (en banlieue de Tokyo) lors des qualifications pour la Coupe du monde 2006 », se souvient M. An. « Ils ont marqué dans les arrêts de jeu et nous avons perdu » mais après la rencontre, « nous nous sommes tous serrés la main et nous avons ensemble salué les supporters japonais ».

« C'était un grand match qui allait au-delà du résultat, et j'espère qu'il en sera de même cette fois-ci », espère l'ancien joueur lors d'un récent entretien donné dans une école pro-Pyongyang de Yokohama (sud de Tokyo).

Accueilli chaleureusement en Corée du Nord

Les membres de la communauté Zainichi descendent pour la plupart d'immigrés ou de civils coréens déplacés souvent sous la contrainte pour devenir de la main-d'œuvre pendant la colonisation japonaise de la péninsule (1910-1945).

Certains, comme le fut M. An, un Coréen ethnique de troisième génération au Japon, sont scolarisés dans des écoles soutenues par des organisations pro-Nord et financées par Pyongyang. Le Japon et la Corée du Nord n'ont pas de liens officiels, mais Tokyo autorise ces écoles à fonctionner, sans toutefois leur accorder les mêmes subventions qu'aux autres écoles.

Au début, « pour être honnête, je connaissais mieux les noms et les visages des joueurs japonais que je voyais à la TV que ceux des Nord-Coréens », dit celui qui a commencé sa carrière dans le championnat nippon (la J-League).

« Mais je suis d'origine coréenne et je m'appelle An Yong-hak. Je considérais la République populaire démocratique de Corée (nom officiel de la Corée du Nord) comme mon équipe nationale et j'ai toujours travaillé dur en gardant cela à l'esprit. » Lors des voyages scolaires à Pyongyang auxquels il a participé enfant, il dit avoir toujours été accueilli chaleureusement.

Des raisons d'être fiers

Et si ses coéquipiers internationaux n'étaient pas forcément très ouverts vis-à-vis de ces joueurs venus du Japon, « à la fin, nous étions comme une famille. Nous vivons dans des pays différents (...), mais j'ai travaillé dur sur le terrain pour établir un climat de confiance ».

M. An défendait les couleurs nord-coréennes pour la Coupe du monde 2010, la dernière fois que le pays s'est qualifié pour cette compétition. Son équipe comptait une poignée d'autres Coréens nés au Japon, comme l'attaquant Jong Tae-se, surnommé le « Rooney du peuple », en clin d'œil à l'attaquant anglais Wayne Rooney.

Mais la baisse du nombre de Zainichi ne favorise guère l'éclosion de talents issus de cette communauté et jeudi l'équipe nord-coréenne ne comptera probablement qu'un seul joueur né au Japon, souligne M. An, qui souhaite avec l'école de football qu'il dirige contribuer à la formation d'une nouvelle génération d'internationaux nord-coréens.

« Le nombre d'enfants diminue peut-être, mais il y en a encore qui rêvent de jouer » pour le pays, estime M. An, qui a entraîné une équipe de Coréens du Japon lors d'une Coupe du monde alternative pour les nations non reconnues, après avoir pris sa retraite de joueur en 2017.

En 2006, il était aussi devenu le premier international nord-coréen à évoluer dans la K-League sud-coréenne, même si on l'avait prévenu que ce serait difficile, car les deux pays sont toujours officiellement en guerre.

Grâce au football, les Zainichi ont des raisons d'être fiers, explique-t-il. « Je ne veux pas que les enfants grandissent en pensant que le fait d'être d'origine coréenne est quelque chose de négatif » au Japon. « Je veux qu'ils l'utilisent à leur avantage, qu'ils réalisent qu'ils peuvent tout faire et qu'ils montrent à la génération suivante qu'elle peut aussi y arriver. »

An Yong-hak est né et a grandi au Japon, mais c'est son ancienne équipe, la Corée du Nord, qu'il encouragera jeudi à Tokyo lors du match de qualification pour le Mondial 2026 entre les deux pays.

L'ex-footballeur de 45 ans fait en effet partie des quelque 300 000 Coréens ethniques (appelés Zainichi) vivant au Japon, une communauté...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut