Le gouvernement allemand critique des propos du pape sur l'Ukraine

Le gouvernement allemand a vivement critiqué l'appel du pape François samedi à "hisser le drapeau blanc" et entamer des négociations pour mettre un terme à la guerre en Ukraine, deux ans après le début de l'invasion russe.

"Je ne comprends pas", a réagi la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, lors d'une interview sur la chaîne publique ARD dimanche soir. "Je pense que certaines choses ne peuvent être comprises que si vous les voyez par vous-même", a ajouté la ministre, qui s'est rendue plusieurs fois à Kiev depuis le début de la guerre.

Un porte-parole du chancelier Olaf Scholz a quant à lui déclaré lundi que ce dernier "ne partageait pas l'avis du pape". "L'Ukraine s'oppose à un agresseur, bénéfice en ce sens d'un large soutien international et agit dans le cadre de son droit à se défendre inscrit dans le droit international", a ajouté Steffen Hebestreit.

Dans une interview à la télévision publique RTS diffusée samedi, le pape François, interrogé sur la situation de l'Ukraine, a appelé à ne pas avoir "honte de négocier avant que les choses n'empirent". "Je crois que les plus forts sont ceux qui voient la situation, pensent aux gens et ont le courage de hisser le drapeau blanc et de négocier", a-t-il estimé.

L'Allemagne estime au contraire que si l'Ukraine et ses alliés "ne font pas preuve de force maintenant, il n'y aura pas de paix", a déclaré Mme Baerbock. "Nous devons être aux côtés de l'Ukraine et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir qu'elle puisse se défendre", a-t-elle ajouté. 

L'Allemagne est le deuxième contributeur en matière d'aide militaire à l'Ukraine, après les États-Unis.

L'Ukraine a elle aussi répondu vertement dimanche au pape François, le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, affirmant que son pays ne se rendrait "jamais". 

Les Ukrainiens de toutes confessions se sont levés pour défendre leur pays depuis le début de l'invasion russe, a déclaré de son côté le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dimanche dans son message vidéo quotidien: "Chrétiens, musulmans, juifs, tout le monde… Ils nous soutiennent par la prière, la conversation et les actes".

"C'est là que doit être l'Eglise, avec le peuple. Et non à 2.500 kilomètres de là, avec une médiation virtuelle entre quelqu'un qui veut vivre et quelqu'un qui veut vous détruire", a-t-il ajouté