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Dernières Infos - Conflit

Inquiétudes à Gaza et Jérusalem à l'approche du ramadan

Des immeubles détruits par les frappes israéliennes dans la bande de Gaza, le 20 février 2024. Photo JACK GUEZ / AFP

En pleine guerre à Gaza, Israël commence à s'inquiéter à propos du ramadan, mois saint des musulmans qui doit débuter vers le 10 mars, des tensions nourries par l'appel d'un ministre à limiter l'accès à l'esplanade des Mosquées de Jérusalem.

Y aura-t-il une trêve à Gaza avant le ramadan ?

Ce weekend, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a assuré que l'armée israélienne mènerait coûte que coûte une opération à Rafah, à la pointe sud du territoire palestinien assiégé et où s'entassent 1,4 million de Palestiniens, en grande majorité des déplacés de guerre qui survivent dans des conditions catastrophiques selon l'ONU. 

Et ce même en cas d'accord avec le Hamas pour la libération des quelque 130 otages toujours détenus par le mouvement islamiste palestinien à Gaza, a-t-il soutenu.

Pendant ce temps, les médiateurs - Qatar, Egypte, Etats-Unis - tentent d'arracher, avant le ramadan, un nouvel accord de trêve permettant une pause de plusieurs semaines dans les combats, assortie de la libération d'otages, dont 130 sont toujours aux mains du Hamas et de ses alliés à Gaza.

Le ministre sans portefeuille et ex-ministre de la Défense Benny Gantz a de son côté prévenu dimanche: "Le monde doit savoir et les dirigeants du Hamas doivent savoir: si d'ici au ramadan, les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah". 

"A ceux qui disent que le prix est trop élevé, je dis clairement: le Hamas a le choix. Ils peuvent se rendre, libérer les otages et les civils de Gaza pourront ainsi célébrer la fête du ramadan", qui devrait commencer cette année le 10 ou le 11 mars. M. Gantz était d'ailleurs chef d'état-major de l'armée en 2014 lors de la dernière opération militaire israélienne au sol à Gaza, qui s'était déroulée en plein ramadan.

Pourquoi le ramadan suscite-t-il des craintes à Jérusalem ?

A Jérusalem, les habitants se souviennent toujours de mai 2021. A l'époque, la destruction de maisons de Palestiniens à Jérusalem-Est, et les restrictions imposées aux rassemblements devant la Vieille Ville, en plein ramadan, avaient conduit à des heurts quasi-quotidiens entre jeunes Palestiniens et policiers israéliens.

Ces tensions s'étaient déplacées sur l'esplanade des Mosquées (ou mont du Temple), troisième lieu saint de l'islam et lieu le plus sacré du  judaïsme, où se réunissent chaque soir des dizaines de milliers de fidèles musulmans pendant le ramadan.

Après des semaines de tensions, et des centaines de blessés au coeur même de l'esplanade, le Hamas avait lancé depuis Gaza des salves de roquettes sur Israël, disant vouloir "protéger" ce lieu saint. S'en était suivi une guerre de 11 jours. Cette année, la guerre consume déjà Gaza. Et les craintes des autorités israéliennes de voir Jérusalem s'enflammer pendant le ramadan n'en sont que plus vives. 

Ce weekend, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, chef d'une formation d'extrême-droite favorable à un contrôle juif de l'esplanade, a déclaré que les Palestiniens de Cisjordanie occupée "ne devraient pas pouvoir entrer" sur l'esplanade pendant le ramadan.

"Nous ne pouvons pas prendre de risque", a-t-il asséné. "Nous ne pouvons pas avoir des femmes et des enfants otages à Gaza et permettre des célébrations pour le Hamas sur le Mont du Temple", a-t-il ajouté. 

L'esplanade, qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa, est située à Jérusalem-Est, portion de la ville sainte occupée et annexée par Israël. Si ce lieu saint musulman est administré par la Jordanie, Israël y impose des restrictions sur le nombre de fidèles, leur âge, etc. 

Comment les propos de M. Ben Gvir ont-ils été reçus?

Le Hamas a rapidement dénoncé une "violation de la liberté de culte", voire une "intensification" de la "guerre de religion" menée par ce ministre "contre le peuple palestinien". Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a lui accusé M. Ben Gvir de mettre le feu aux poudres en jouant au "pompier pyromane".  

Ce que propose M. Ben Gvir est un "geste politique cynique fondé sur une idéologie extrêmement dangereuse et volatile" et qui se retournerait au final contre Israël, estime mardi le quotidien Israel Hayom, pourtant très marqué à droite.

Depuis le début de la guerre, l'armée israélienne tente d'isoler Gaza de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie occupée et des villes arabes d'Israël pour éviter d'avoir à gérer quatre foyers de tension à la fois, l'un des vecteurs d'unification de ces fronts étant la défense de l'esplanade des Mosquées.

Dans ce contexte, fermer l'accès à l'esplanade serait "une provocation non nécessaire qui ne servira au final que les intérêts du Hamas", souligne Israel Hayom.  Le gouvernement Netanyahu n'a à ce stade pas annoncé de mesures officielles de restrictions d'accès à l'esplanade. 


En pleine guerre à Gaza, Israël commence à s'inquiéter à propos du ramadan, mois saint des musulmans qui doit débuter vers le 10 mars, des tensions nourries par l'appel d'un ministre à limiter l'accès à l'esplanade des Mosquées de Jérusalem.



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