Les réfugiés syriens retournant dans leur pays y font souvent face à de graves violations de leur droits, victimes notamment de tortures et de violences sexuelles, selon un rapport de l'ONU publié mardi, qui souligne la vulnérabilité particulière des femmes. Le rapport, publié par le bureau des droits humains des Nations unies, dresse "un tableau particulièrement sombre de la situation à laquelle les rapatriés font face une fois de retour en Syrie".
Les auteurs du rapport ont documenté détentions arbitraires, tortures, violences sexuelles et enlèvements perpétrés par le gouvernement syrien, les autorités de facto ou d'autres groupes armés à travers le pays déchiré par la guerre. Les rapatriés sont également plus vulnérables à des abus généralisés en Syrie, comme l'extorsion d'argent ou de biens et la confiscation de propriétés.
"Ce rapport peint une image alarmante de la souffrance de ces rapatriés, en particulier des femmes, dans le contexte d'un nombre croissant de déportations de Syriens" ayant migré dans des pays tiers, a réagi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué.
"La situation de ces rapatriés soulève de sérieuses questions concernant l'engagement des Etats envers le droit au respect des procédures et au non-refoulement", a-t-il dit, faisant référence à l'interdiction de renvoyer quelqu'un dans un pays où il encourt un risque de torture ou de traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Le rapport cite notamment des exemples de départs forcés de Syriens réfugiés en Turquie et au Liban. Tout retour en Syrie doit être "volontaire" et des conditions doivent être mises en place pour qu'il soit "sûr, digne et durable", a rappelé M. Türk.
Cela est difficile en Syrie, où la guerre a fait plus de 500.000 morts depuis 2011 et où plus de 90% de la population est plongée dans la pauvreté, selon des chiffres de l'ONU. Cependant, de nombreux Syriens ayant fui le pays décident d'y revenir en raison des difficultés économiques, des abus et de discours anti-réfugiés auxquels ils font face dans certains pays d'accueil, note le rapport.
Le rapport, basé sur des dizaines d'entretiens avec des rapatriés ou d'anciens rapatriés, s'alarme en particulier du fait que, dans certains cas, des femmes ont été forcées par leurs maris ou un autre homme de leur famille à retourner en Syrie pour "tâter le terrain". "Ce comportement peut être vu en soi comme une forme de violence envers les femmes, tout en les exposant à des violations de leurs droits et des abus une fois en Syrie, comme des violences sexistes, y compris l'exploitation et des abus sexuels", ajoute-t-il.
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