Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Argentine

Les réformes de l'ultralibéral Milei passent une première étape au Parlement


Le président argentin Javier Milei, à Buenos Aires, le 19 novembre 2023. Photo AFP

Le train de réformes dérégulatrices du président ultralibéral Javier Milei a franchi vendredi une première étape au Parlement argentin, qui l'a approuvé sur son principe "général", sans présager d'un examen délicat à venir dans le détail, en particulier sur les privatisations et des pouvoirs délégués à l'exécutif.

Après trois jours de sessions-marathons dans l’hémicycle, sur fond de manifestations -vendredi encore- et heurts avec la police à l'extérieur, la Chambre des députés a approuvé le projet dit "Loi omnibus" par 144 votes pour et 109 contre. Succès symbolique pour le président Milei, étant donné sa minorité parlementaire (3e force), cette approbation "en général" tient en partie aux nombreuses concessions apportées ces dernières semaines au pharaonique texte initial de l’exécutif, de 664 articles au départ, passé à moins de la moitié. La loi touche maints domaines des sphères publique et privée, du système électoral à l'éducation, de la culture aux privatisations, au code pénal, commercial, la légitime défense, la lutte contre les incendies, le divorce, le statut des clubs de football...

A partir de mardi, les députés examineront les réformes dans le détail puis voteront "en particulier", thème par thème voire article par article. Nombre de députés qui ont voté le principe de la loi vendredi ont annoncé qu'ils exigeront des modifications supplémentaires. Parmi les thèmes hautement contentieux, la délégation provisoire de pouvoirs accrus à l’exécutif --en matière fiscale, énergétique, tarifaire notamment- au nom de "l'urgence économique", et les privatisations. Etaient initialement visées 41 entreprises publiques, mais la liste s'est réduite, et fera encore débat.

A quelques heures du vote, la présidence avait enjoint les députés "à montrer de quel côté de l'Histoire ils veulent être (...) L’Histoire les jugera selon leur travail en faveur des Argentins ou pour l’appauvrissement continu du peuple". "L'esprit est d'accompagner le gouvernement et le président pour qu'ils disposent des instruments", a expliqué Miguel Pichetto, chef d'un petit groupe d'opposition modérée (centriste), clé pour le vote de vendredi.

Quelle tolérance à l'austérité ? 

Pour le sondeur et analyste Jorge Giaccobe, au-delà d'une certaine  "théâtralisation" des vifs débats au Parlement, "tout le système politique est convaincu qu'il faut des corrections à l'économie". Mais l'élément-clef est "combien durera la tolérance des gens à la douleur (économique) de ce que propose Milei pour arriver à un +mieux+ selon lui", estime-t-il pour l'AFP. "Cela peut tenir un an. Deux ans s'il marque des buts (obtient des résultats). Mais six mois seulement s'il n'y a pas de buts". Car hors Parlement, les pans les plus concrets à ce jour des mesures d'austérité de Milei à ce jour, mordent déjà le pouvoir d'achat de millions d'Argentins: une dévaluation de 50%, la fin du contrôle des prix, et celle, par étapes, des subventions aux transports, à l'énergie.

Le porte-parole présidentiel a lui-même vendredi paru dédramatiser un éventuel décharnement du projet de loi dans les débats à venir: "la loi +Bases+ est une partie du chemin que nous traçons (...), une partie très importante, sans doute, mais ce n'est pas tout".

Au fil de la semaine, le thème sécuritaire, la gestion par l’exécutif de l'ordre public, a pris les devants sur le processus législatif, notamment après les heurts de jeudi entre la police et quelques centaines de manifestants. La police a fait usage de balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes, canons à eau lors d'accrochages et bousculades.  Sept policiers ont été blessés, et huit personnes interpellées, selon l’exécutif. Au moins 15e journalistes ont été atteints par des balles en caoutchouc, selon un syndicat de presse SiPreBA. "Répression" pour l'opposition de gauche, "quelques moments de tension", pour la ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, qui a affirmé avec défi qu'elle "ne s'arrêterait pas à mi-chemin" pour résister à la "prise des rues".

Quelques milliers de manifestants étaient encore réunis vendredi en début de soirée sur la place du Parlement, initiant un face-à-face tendu et quelques bousculades avec les forces de l'ordre.


Le train de réformes dérégulatrices du président ultralibéral Javier Milei a franchi vendredi une première étape au Parlement argentin, qui l'a approuvé sur son principe "général", sans présager d'un examen délicat à venir dans le détail, en particulier sur les privatisations et des pouvoirs délégués à l'exécutif.

Après trois...