La Palestine décroche la victoire... et la qualif'

D'une pierre, deux coups. En sortant pour la première fois vainqueur d'un match en Coupe d'Asie, les joueurs palestiniens ont décroché leur qualification pour les huitièmes de finale de la compétition.

Grâce à leur large victoire (3-0) face à l'équipe d'Hong-Kong, les « Lions de Canaan » sont assurés de poursuivre l'aventure au Qatar. Un exploit historique sur le plan sportif, dont la portée symbolique est forcément toute particulière vu le drame humain toujours en cours dans la bande de Gaza, bombardée depuis plus de quatre mois par l'armée israélienne.

Au coup de sifflet final, plusieurs joueurs n'ont pu cacher leur émotion. Ce fut le cas de Mohammed Saleh, originaire de Gaza, fondant en larmes avant de lever les yeux vers le ciel : « Avant-hier, j'ai appris que trois de mes cousins étaient morts en martyrs et que d'autres étaient blessés, déclarait-il avant la rencontre au micro d'un média koweïtien. Notre maison et celle de mon oncle ont été bombardées. Ma famille a dû se déplacer de maisons en maisons jusque dans le sud de la bande de Gaza. Nous jouons ces matchs pour tout notre peuple, qui souffre chaque jour, et si Dieu le veut, nous serons victorieux ».

Pour mémoire

À l’ombre de la guerre à Gaza, l’équipe de Palestine retrouve les terrains à Doha

« J'espère que cette qualification donnera à notre peuple un petit moment de bonheur au milieu de toute la souffrance et la destruction qui se produisent en Palestine, ajoute pour L'OLJ Susan Shalabi, vice-présidente de la Fédération Palestinienne de football. Cette équipe est devenue un symbole de nos aspirations et sa magnifique qualification rappelle au monde que nous sommes un peuple résilient et qui n'abandonne jamais », clame-t-elle.

Doublé de Dabbagh

Alors qu'ils n'avaient plus connu le goût de la victoire depuis 8 matchs, les Palestiniens se sont donnés les moyens de réussir leur mission dès les premières minutes de cette rencontre décisive. Les hommes de Makram Daoud ont en effet ouvert le score dès la 12e grâce à son attaquant star, Odday Dabbagh, qui a parfaitement repris de la tête un centre du capitaine Musab Al-Battat (1-0).

Le joueur de Charleroi, en première division belge, passait tout proche de doubler la mise dix minutes plus tard, mais sa frappe du gauche trop croisée a fui le cadre de Ka-Wing Tse. Le portier hong-kongais était de nouveau mis à contribution par le n°11 palestinien, voyant sa reprise à bout portant être détournée par une parade exceptionnelle (40e).

Largement dominateurs face à une équipe friable défensivement, les « Fedayin » (autre surnom de la sélection) reprennent la 2e période tambour battant et finissent par retrouver la faille dès la 49e minute. Sur un nouveau centre de Battat venu du côté droit, c’est cette fois Zaid Al Qanbar qui reprend le ballon d’une tête victorieuse. Une copie conforme du premier but qui assure quasiment la qualification des Palestiniens.

Sauf que les Lions de Canaan sont encore loin d’être rassasiés. Décidés à aller chercher la 2e place qui les qualifieraient directement pour le tour suivant aux dépens des Émirats Arabes Unis (à égalité de points au classement), ils continuent de se ruer vers la cage hong-kongaise. C'est alors que Tamer Seyam s’échappe sur l’aile droite et repique dans l’axe pour décocher une frappe limpide qui finit sa course… sur la barre. Mais Dabbagh, à la limite du hors-jeu, reprend le ballon et inscrit un 3e but plein d’opportunisme (3-0, 60e).

Le même Seyam se retrouve quelques minutes plus tard une nouvelle fois seul face au but, mais butte à son tour sur Ka-Wing Tse. Une occasion manquée de sceller définitivement la qualification car, dans le même temps, l’Iran mène 2-0 face aux Émirats qui, à la différence de buts, voit sa 2e place leur échapper au profit des Palestiniens qui continuent de pousser en fin de match. 

Mais en raison de la réduction de l'écart de Yahya Al-Ghassani (2-1), la 2e place repasse côté émirati dans le temps additionnel. Peu importe, après un coup d'œil sur les autres résultats et quelques calculs sur le coin d'une feuille de papier, la Palestine est bel et bien assurée de figurer parmi les 4 meilleurs troisièmes de groupes.

Cela valait bien un tour d'honneur au son du tube « Dammi Falastini » (mon sang est palestinien, en arabe) de Mohammed Assaf sur la pelouse du stade Abdullah bin Khalifa, garni de keffiehs et d'une myriade de drapeaux verts, blanc, rouge et noir.