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Culture - Portrait

Tamino, la nouvelle coqueluche arabe de la chanson pop-rock mondiale

En deux albums solo, « Amir » et « Sahar », le chanteur, auteur et compositeur égypto-belge de 26 ans n’a cessé de mêler la musique arabe de ses racines à une mélancolie solaire pop-rock…

Tamino, la nouvelle coqueluche arabe de la chanson pop-rock mondiale

Tamino, petit-fils de la star égyptienne Muharram Fouad, est la nouvelle coqueluche de la chanson pop-rock. Photo Taminomusic.com

Par quel mystère, par quel hasard la maman de Tamino lui a-t-elle choisi comme prénom celui du héros de La Flûte Enchantée de Mozart ? C’est qu’à rencontrer l’artiste de 26 ans, ses boucles jais, son regard qui abrite quelque chose de l’enfance et puis sa silhouette de doux géant ; à l’écouter moduler ses cordes de vocales qu’on dirait enrubannées d’une matière onirique, on est tenté de se demander si Tamino Amir est en fait le double inversé, la réincarnation contemporaine du Tamino fictif imaginé par Mozart en 1791. De toute manière, c’est à la faveur de la magie qui est la sienne que le chanteur, auteur et compositeur belgo-égyptien a cambriolé l’attention de la presse, des festivals musicaux les plus pointus, mais aussi d’un public qu’on retrouve quasiment en transe à chacun de ses concerts. Et c’est surtout à la faveur de ses deux albums solo, Amir (2018) et Sahar (2022), que Tamino est devenu l’un des artistes européens et arabes les plus séduisants de sa génération.

Le chanteur égypto-belge ne cache pas son attachement au oud. Photo Taminomusic.com

Une lignée dans la musique

Cet attrait pour le fantastique que cultive Tamino tant au niveau de son physique tout droit sorti d’un roman que de son art empreint de sons venus d’ailleurs, il prend justement racine dans l’enfance de l’artiste. Ce dernier se souvient d’avoir trouvé la cassette du Seigneur des anneaux cachée dans la maison, « alors que nous étions trop jeunes pour la regarder, et bien sûr, la première chose que j’ai faite a été de la mettre dans le lecteur vidéo et de commencer à la regarder. C’est toujours l’une de mes trilogies préférées. Plus tard dans ma vie, j’ai trouvé dans la musique un moyen d’exprimer cette imagination et ce monde fantastique ». La musique lui parvient des deux versants de son arbre généalogique. D’une part, c’est dans la musicothèque de sa mère, une anthropologue belge, qu’il se plonge et découvre John Lennon, Serge Gainsbourg et Jeff Buckley, dont les spectres semblent planer aujourd’hui sur sa jeune mais riche discographie. D’autre part, c’est le oud de son père, un organisateur d’événements égyptien, qui lui sert de sésame vers la musique. En retrouvant cet instrument qui, dit-il, l’avait « appelé » à l’époque, Tamino ressent l’envie de s’essayer à la musique, d’abord au piano, puis à la guitare, et plus précisément celle de son grand-père, l’acteur et star de la musique égyptienne Muharram Fouad. C’est à la force de ce vieil instrument qu’il compose à 14 ans sa première mélodie, à la suite d’une rupture amoureuse.

Après un bref passage au conservatoire de musique d’Amsterdam qu’il quitte au bout de deux ans, Tamino sort « sans s’attendre à rien » un premier single intitulé Habibi (2017). À travers ce single qui caracole en tête des ventes, le chanteur alors méconnu du public a non seulement déployé ses mots et ses cordes vocales veloutées, mais a aussi réussi à capturer rapidement une attention significative. « Je n’avais jamais imaginé que cette chanson serait diffusée à la radio, qu’elle aurait une vie propre. À partir de ce moment-là, les choses me sont passées au-dessus », confie-t-il. Un an plus tard, en 2018, son premier album, Amir, sort. Lequel est principalement composé de chansons écrites pendant son adolescence et donc teinté des émotions sépia de cet âge. Traversé par une certaine forme de tourment, Tamino y a principalement intégré son héritage en mêlant des guitares électriques à un orchestre de musiciens arabes. Cependant, l’artiste d’origine arabe nuance qu’incorporer des sonorités arabes dans sa musique n’a jamais été une revendication ou un geste politique. Ces influences font simplement partie de lui.

« Habibi » et « Sahar »

Après une première tournée à guichets fermés, et malgré le contexte sanitaire difficile du Covid, Tamino trouve dans sa maison d’Anvers le cocon idéal pour lâcher la bride à son imagination. « Ce que je recherche dans un processus créatif, c’est le silence. Du temps seul. De l’espace pour que mes émotions et mon inspiration s’expriment, mais aussi de l’espace pour une vie normale. Créer du temps pour de vraies expériences, avant de plonger dans un monde intérieur pour laisser ces idées circuler librement. » Près de deux ans plus tard, en 2022, Tamino lance donc son deuxième album, Sahar, qu’il a façonné à la manière d’un artisan, autour de la douce combinaison de guitares acoustiques et de oud. « J’ai appris les bases du oud grâce à Tarek el-Sayed, un musicien syrien qui est mon oudiste préféré, avec l’Égyptien Riad el-Sonbati », dit Tamino. Cependant, il serait trop simpliste de confiner Sahar à ses influences orientales. En arabe, le terme sahar fait référence au moment avant l’aube, à un état d’indétermination, de flottement, d’entre-deux. Et c’est précisément ce sentiment de suspension entre deux mondes qui se produit lorsqu’on est à l’écoute de l’album. Ses morceaux, tissés par la voix feutrée mais intense de Tamino, oscillent entre une idée de mélancolie et quelque chose de profondément solaire. Entre le charme des ambiances folk, comme sur Cinnamon, et des mélodies plus étranges, comme dans l’hypnotique The Longing. Entre des échos du rock des années 1990, infusés par Colin Greenwood, le bassiste de Radiohead qui a contribué à la majorité des chansons de Sahar, et une pop aérienne, édulcorée, comme dans le rêveur Sunflower, un duo avec la pop-star belge Angèle.

Et près de deux ans après leur sortie, tous ces morceaux une fois assemblés constituent le Sahar (« l’aube ») du talent de Tamino…

Par quel mystère, par quel hasard la maman de Tamino lui a-t-elle choisi comme prénom celui du héros de La Flûte Enchantée de Mozart ? C’est qu’à rencontrer l’artiste de 26 ans, ses boucles jais, son regard qui abrite quelque chose de l’enfance et puis sa silhouette de doux géant ; à l’écouter moduler ses cordes de vocales qu’on dirait enrubannées d’une...

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