Faire comme si rien ne s’est passé
Quand quelque chose s’est passé
Tellement de choses
L’effondrement, l’explosion, la dépossession
Faire comme si rien ne se passe
Quand quelque chose se passe
La guerre
Mais pas seulement la guerre
La déshumanisation de l’autre
La banalisation de la mort
Des vies en manque de sens
L’incapacité de distinguer son ennemi
De soi-même
Le pays n’est plus un pays
Le pays n’est plus ton pays
Faire comme si tu étais toujours toi-même
Quand tu n’es plus le même
Et tu regardes les autres d’une autre façon
Tu regardes ailleurs
Et tu te tais
Rien ne vaut le silence
Quand tout ce que tu diras va se résumer à « trop tard »
Trop tard pour sauver
Ce qui aurait pu être sauvé
Trop tard pour t’exprimer
Sans te faire passer pour un imposteur
La révolution a bien eu lieu
Une révolution à l’envers
Où les honnêtes gens ont fait faillite
Pour sauver les escrocs
Où des innocents sont morts
Pour sauver des criminels
Où les chiens ont été abandonnés
Avec leurs colliers par les nuits sombres et glaciales
Pour recommencer à zéro
Et personne n’assume
L’impunité est partout
La vraie tragédie c’est l’impunité
Et tu vis dans le déni
Dans ton déni, tu crois que le pays
Est un grand restaurant
Qui a remplacé une grande banque
Et tu te poses la question :
Guerre ou pas guerre
Sans oser dire ce que tu penses
Et tout recommence
Comme avant
Seulement à la surface
Parce que derrière la petite vitrine
Il ne reste plus rien.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.
commentaires (0)
Commenter