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Dernières Infos - Accusations

En France, les féministes consternées après la défense de Depardieu par le président Macron

L'acteur français, alors nouveau citoyen russe Gérard Depardieu, pose le 6 juin 2013 après avoir tenu une conférence de presse consacrée au lancement du premier festival du film russe à Nice, dans le sud-est de la France. Photo AFP/VALERY HACHE

"Ce n'est plus un fossé, c'est un trou béant": la défense de la star de cinéma Gérard Depardieu par le président Emmanuel Macron a ravivé l'antagonisme en France entre le chef de l'Etat et les féministes. Dans un entretien sur France 5 mercredi soir, le chef de l'Etat s'est dit "grand admirateur" de l'acteur, visé notamment par deux plaintes en France pour viol et agression sexuelle, et mis en examen dans l'un des deux cas.

"Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (...) il rend fier la France", a poursuivi Emmanuel Macron. La semaine dernière, la ministre française de la Culture, Rima Abdul-Malak, avait au contraire affirmé que l'acteur faisait "honte" au pays.  

Géant du cinéma français, connu pour avoir interprété le commissaire Maigret comme Cyrano, Gérard Depardieu réfute les accusations de viols et agressions sexuelles. Les propos du président "ne sont pas seulement scandaleux mais dangereux, cela envoie un signal qui est de continuer à ne pas croire les victimes, à piétiner leur parole en toute impunité", estime à l'AFP Maëlle Noir, de la Coordination nationale du collectif "Nous toutes".

"C'est d'une violence extrême, un énorme recul dans les prises de position politique contre les violences commises contre les femmes". "Entre nous et le chef de l'Etat, ce n'est plus un fossé, c'est un trou béant", lance-t-elle.

Icône nationale française au même titre qu'Alain Delon ou Brigitte Bardot, connu dans le monde entier, Gérard Depardieu a longtemps semblé bénéficier d'une certaine indulgence. Et, ce, même après sa mise en examen pour viols, en 2020, à la suite d'une plainte d'une comédienne alors âgée d'une vingtaine d'années, Charlotte Arnould, des faits qu'il réfute.

Convictions "masculinistes"

La diffusion début décembre d'un reportage de l'émission "Complément d'enquête" sur la chaîne de télévision France 2 a provoqué une nouvelle onde de choc. On y voit cette figure du cinéma français multiplier les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, n'épargnant même pas une fillette.

A la Fondation des femmes, la présidente Anne-Cécile Mailfert épingle de son côté les convictions "masculinistes" d'Emmanuel Macron et indique ne "plus avoir d'espoir" ni "d'illusion" sur lui concernant les questions des droits des femmes.  

"On est clairement dans la culture du viol, dans le discours qui vise à renverser la culpabilité: ça n'est plus Gérard Depardieu le chasseur, le prédateur, ce sont les femmes qui chasseraient les hommes, qui les cibleraient".  "C'est d'autant plus grave qu'on parle du président de la République, sa parole engage notre pays et a un véritable impact", estime-t-elle auprès de l'AFP. "Il aurait pu dire que c'est insupportable de parler comme cela des femmes, que l'égalité entre les femmes et les hommes est inscrite dans la Constitution, il aurait pu avoir un message pour les victimes de Gérard Depardieu et les femmes en général. Il ne l'a pas fait". 

La position d'Emmanuel Macron relève d'une "constante", estime la présidente de la Fondation des femmes. Elle rappelle ses propos dénonçant ces dernières années "une société de l'inquisition" ou encore "l'ère du soupçon" lors d'accusations de violences sexuelles portées contre des hommes de pouvoir.

Ces crispations entre le chef de l'Etat et les associations féministes mettent un terme à l'apaisement relatif qui prévalait depuis la présentation mi-décembre d'un projet de loi constitutionnel visant à inscrire la liberté de recourir à l'IVG (interruption volontaire de grossesse) dans la Constitution.

Quant aux déclarations d'Emmanuel Macron, se disant mercredi soir "inattaquable" sur la lutte contre les violences faites aux femmes et sur l'égalité femmes-hommes, grandes causes de son quinquennat, elle sont "hors de propos", ajoute Louise Delavier de l'association "En avant toute(s)".. Certes "des choses ont été faites" depuis 2017, salue la militante féministe.

Mais "il y a encore énormément à accomplir. Le nombre de féminicides ne diminue pas, des violences continuent d'être dénoncées chaque jour, des structures ferment alors qu'elles sont parfois les seules sur un territoire à pouvoir assurer la mise en sécurité et l'hébergement de femmes".

"Ce n'est plus un fossé, c'est un trou béant": la défense de la star de cinéma Gérard Depardieu par le président Emmanuel Macron a ravivé l'antagonisme en France entre le chef de l'Etat et les féministes. Dans un entretien sur France 5 mercredi soir, le chef de l'Etat s'est dit "grand admirateur" de l'acteur, visé notamment par deux plaintes en France pour viol et...