Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Diplomatie

L'UE débloque 10 milliards d'euros pour la Hongrie, à la veille d'un sommet crucial

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, à Buenos Aires, lors de la journée d'investiture du nouveau président argentin, Javier Milei, le 10 décembre 2023. Photo JUAN MABROMATA / AFP

La Commission européenne a annoncé mercredi le déblocage de quelque 10 milliards d'euros pour la Hongrie, à la veille d'un sommet des 27 que Viktor Orban menace de faire dérailler. Le feu vert, qui était attendu, a déjà suscité de vives réactions au Parlement européen, où des élus fustigent la faiblesse de Bruxelles face au « chantage » du Premier ministre hongrois.

La Commission a quant à elle expliqué que ce déblocage était dû aux réformes entreprises par Budapest pour respecter une série de conditions visant à améliorer l'indépendance du système judiciaire hongrois. Au total, 21 milliards de fonds européens destinés à la Hongrie sont encore gelés par l'UE dans le cadre de différentes procédures en raison des manquements à l'Etat de droit reprochés à la Hongrie.

Viktor Orban a menacé de bloquer des décisions clés pour l'Ukraine qui sont au menu d'un sommet européen jeudi et vendredi: l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE et l'approbation d'une aide européenne de 50 milliards d'euros - sous forme de dons et de prêts - en faveur de ce pays.

Le nationaliste hongrois, seul dirigeant de l'UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, réclame l'organisation d'un « débat stratégique » entre les 27 sur l'avenir des relations avec Kiev.

Ursula von der Leyen a insisté mercredi sur la nécessité de continuer à soutenir Kiev: « Nous devons donner à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour être forte aujourd'hui », a plaidé la responsable allemande devant le Parlement européen.

« Signal désastreux »

« Mme Von der Leyen verse le plus gros pot-de-vin de l'histoire de l'UE à l'autocrate et ami de Poutine, Viktor Orban. Le signal est désastreux: le chantage (...) porte ses fruits », a réagi l'eurodéputé allemand Daniel Freund (Verts) à l'annonce du déblocage des fonds. Transparency International a aussi exprimé sa « ferme opposition » à cette décision, jugeant qu'elle envoyait le signal que « la destruction de la société démocratique peut rester impunie si de simples réformes cosmétiques sont entreprises ».

Les présidents de quatre groupes du Parlement européen, Manfred Weber (PPE, droite), Iratxe Garcia Perez (Socialistes et démocrates), Stéphane Séjourné (Renew Europe), Philippe Lamberts et Terry Reintke (Verts) ont écrit mercredi une lettre à la présidente de la Commission pour exprimer leur opposition à ce déblocage, jugeant que les conditions sur l'indépendance de la justice n'étaient « pas remplies ».

Balazs Gaal, du Comité hongrois d'Helsinki (HCC) de défense des droits humains, a indiqué à l'AFP que « les réformes requises par Bruxelles n'avaient eu jusque-là aucun impact substantiel » et qu' »en termes d'Etat de droit, la Hongrie restait un mouton noir dans l'UE ». Il a regretté un « timing catastrophique (...), à un moment où la Hongrie s'échine à promouvoir le narratif russe dans la guerre contre l'Ukraine ».

Au total, quelque 21,7 milliards d'euros de fonds de cohésion prévus en faveur de la Hongrie pour la période 2021-2027 avaient été suspendus en décembre 2022 par l'UE, dans l'attente de la réalisation par Budapest d'un certain nombre de réformes.

Pour se conformer aux exigences de Bruxelles dans le domaine judiciaire, la Hongrie a pris des mesures, entrées en vigueur en juin, visant notamment à rétablir le pouvoir et l'indépendance du Conseil national de la magistrature, modifier le fonctionnement de la Cour suprême et limiter les possibilités de recours du gouvernement devant la Cour constitutionnelle pour contester les décisions des tribunaux.

Le dernier ajustement législatif attendu par Bruxelles, concernant la saisine de la justice européenne par les juridictions hongroises, a été voté mardi soir.

La Commission a expliqué que le reste des fonds destinés à la Hongrie était encore gelé en raison de préoccupations concernant la loi anti-LGBT, les atteintes à la liberté académique et au droit d'asile, les conditions de passation de marchés publics et les conflits d'intérêt.

L'UE a aussi gelé le versement des fonds du plan de relance hongrois d'un montant de 10,4 milliards d'euros (6,5 milliards de subventions et 3,9 milliards de prêts), en attendant des progrès en matière d'Etat de droit. A l'exception d'une tranche de 920 millions d'euros, au titre d'avance, qui a récemment été autorisée.

La Commission européenne a annoncé mercredi le déblocage de quelque 10 milliards d'euros pour la Hongrie, à la veille d'un sommet des 27 que Viktor Orban menace de faire dérailler. Le feu vert, qui était attendu, a déjà suscité de vives réactions au Parlement européen, où des élus fustigent la faiblesse de Bruxelles face au « chantage » du Premier ministre...