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Dernières Infos - Conflit

Intenses batailles de rue à Gaza, « l'enfer sur terre » selon l'ONU

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini. Photo d'archives AFP

Les soldats israéliens, soutenus par des frappes de l'aviation et la marine, ont affronté mardi les combattants palestiniens dans les rues de la bande de Gaza assiégée, où les habitants tentent d'échapper aux bombes dans des conditions humanitaires chaque jour plus terribles.

Pour la première fois depuis le début de la guerre, le président américain Joe Biden a fait état publiquement de divergences avec l'exécutif israélien, appelant Benjamin Netanyahu à « changer » son gouvernement et estimant qu'Israël commençait à perdre le soutien de l'opinion publique mondiale avec ses bombardements dévastateurs sur Gaza.

La population dans le territoire palestinien, où 85% des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés et des quartiers entiers détruits par les bombardements, vit « l'enfer sur terre », a lancé depuis Gaza le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Dans le sud du territoire soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et à un siège total depuis deux mois, de nouveaux raids meurtriers ont visé Khan Younès et Rafah. Des frappes sur deux maisons à Rafah ont fait 24 morts, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

« Ils (les militaires israéliens) ont dit eux-mêmes que le sud est sûr, Rafah est sûre. Où est la sécurité à Rafah ? Chaque jour il y a des frappes à Rafah ici », a lancé Tawfiq Abou Brik, au milieu des ruines.

L'armée israélienne a déclaré la guerre au Hamas après une attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent menée le 7 octobre contre Israël par ses commandos infiltrés depuis la bande de Gaza voisine, qui a fait 1.200 morts en majorité des civils selon les autorités.

Elle a promis de détruire le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, et son offensive par air, mer et terre à Gaza a coûté la vie à 18.412 personnes, en grande majorité des femmes et des moins de 18 ans, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Deux corps d'otages découverts 

Le 7 octobre, les combattants palestiniens ont emmené aussi environ 240 en otage à Gaza, où 135 sont toujours détenus selon l'armée après des libérations dont une centaine à la faveur d'une trêve fin novembre.

Mardi, l'armée a annoncé avoir « durant une opération à Gaza, découvert et ramené en Israël les corps des otages Eden Zakaria et (du soldat) Ziv Dado ».

Les combats au sol accompagnés de frappes aériennes font rage notamment à Khan Younès, où s'étaient réfugiés des centaines de milliers de civils fuyant la progression des troupes israéliennes dans le nord de Gaza.

Le Hamas a fait état aussi de combats dans le centre du territoire. Et des tirs d'artillerie ininterrompus et plusieurs frappes ont ciblé la ville de Gaza (nord).

L'armée a indiqué avoir saisi au Hamas « environ 250 roquettes, obus et lance-roquettes prêts à être utilisés » et découvert une fabrique d'armes.

Les soldats israéliens ont lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de Gaza, avant de l'étendre à l'ensemble du territoire. Selon l'armée, 105 soldats y sont morts dont 13 tués par des « tirs amis ».

Les combattants palestiniens ont eux continué à tirer des roquettes en direction d'Israël dont la grande majorité ont été interceptées, a indiqué l'armée. Des sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs régions du pays.

« Elle était morte » 

Après avoir fui leurs maisons dans le nord puis leurs abris à Khan Younès, des dizaines de milliers de Palestiniens s'abritent désormais à Rafah, plus au sud, devenue un gigantesque camp avec de centaines de tentes montées avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.

Après une frappe nocturne qui a creusé un énorme cratère dans un quartier de Rafah, des survivants fouillent les ruines, à mains nues ou à l'aide de pelles.

« Il reste des gens sous les décombres. La Défense civile nous aide mais nous n'avons pas assez d'équipements pour les sortir », a témoigné Abou Jazar, 23 ans.

Des blessés, enveloppés dans des couvertures, sont emmenés dans le coffre des voitures vers un hôpital de la ville. D'autres sont transportés, une fois tirés des décombres, sur de grandes couvertures tenues par des jeunes hommes qui courent au milieu de personnes couvertes de poussière.

A l'hôpital al-Najjar de Rafah, Hani Abou Jameh porte en pleurant le corps enveloppé dans un linceul blanc de sa fillette, Sidal, tuée par un éclat d'obus alors qu'elle dormait sous une tente. Autour de lui, dix corps sont alignés.

« Il y a eu un bombardement très, très fort, à trois reprises. (...) Au matin, j'ai découvert qu'elle était morte », a-t-il raconté.

Depuis le siège imposé le 9 octobre à Gaza, Israël contrôle l'entrée de l'aide internationale dans le territoire via l'unique point de passage ouvert de Rafah, avec l'Egypte.

Selon l'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha), 100 camions transportant de l'aide sont entrés depuis lundi soir via Rafah, de même que 120.000 litres de carburant, une assistance qui reste d'après elle très en deçà des besoins.

De plus, en raison des combats, l'aide est très difficilement acheminée au-delà de Rafah où la nourriture se fait rare.

La situation humanitaire est « au-delà de toute rupture », a averti Volker Türk, Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme.

Désaccord entre alliés 

La guerre a fait flamber les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les forces israéliennes ont tué six Palestiniens mardi, selon l'Autorité palestinienne.

Elle a aussi rallumé le front avec le Hezbollah libanais à la frontière. L'aviation et l'artillerie israéliennes ont bombardé des positions du mouvement libanais dans le sud du Liban en riposte à des tirs d'obus sur le nord d'Israël, d'après l'armée.

Loin des frontières d'Israël et de Gaza, les rebelles Houthis du Yémen, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens, ont tiré un missile lundi qui a touché un pétrolier battant pavillon norvégien en mer Rouge, faisant craindre un débordement dangereux du conflit.

Alors que les Etats-Unis ont apporté un soutien sans faille à Israël dans sa guerre contre le Hamas, Joe Biden a signalé mardi des désaccords avec son allié.

Contrairement à Washington, le gouvernement israélien ne veut « pas d'une solution à deux Etats » avec les Palestiniens, a-t-il dit. « C'est le gouvernement le plus conservateur de l'histoire d'Israël », a-t-il ajouté en appelant M. Netanyahu à le « changer » afin de pouvoir trouver un règlement global au conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.

Avant lui, M. Netanyahu a fait état de « désaccords » avec le président américain sur leur vision à long terme, une fois terminé le conflit à Gaza.

Prenant le relais après un nouvel échec du Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU doit se prononcer mardi sur une résolution exigeant « un cessez-le-feu humanitaire immédiat » dans la bande de Gaza. Mais le texte, même s'il a toutes les chances de passer, n'est pas contraignant.

Les soldats israéliens, soutenus par des frappes de l'aviation et la marine, ont affronté mardi les combattants palestiniens dans les rues de la bande de Gaza assiégée, où les habitants tentent d'échapper aux bombes dans des conditions humanitaires chaque jour plus terribles.Pour la première fois depuis le début de la guerre, le président américain Joe Biden a fait état publiquement de...