La journée de jeudi a été marquée par la tournée au Liban-Sud du chef de l’Église maronite, Béchara Raï. Depuis la ville de Tyr, le patriarche a affiché sa solidarité avec le peuple palestinien, tout en appelant à « préserver le Liban » des effets destructeurs de la guerre. Cette visite intervient en effet à l’heure où l’implication du Hezbollah dans le conflit entre Israël et le Hamas a fait près d’une centaine de morts et des milliers de déplacés au Liban-Sud.
« Nous soutenons la cause palestinienne »
« La région paie le prix d’une guerre dépourvue d’humanité et qui détruit, tue des enfants, des femmes ainsi que des personnes âgées », a déploré Mgr Raï, selon des propos rapportés par l’Agence nationale d’information. « Nous sommes solidaires avec vous et soutenons la cause palestinienne. Mais nous assistons à une guerre d’anéantissement, sans merci, c’est une guerre de destruction programmée. Des voix s’élèvent dans le monde, mais elles ne se traduisent pas par des positions qui atténuent la souffrance du peuple », a souligné le patriarche. Le chef de l’Église maronite a souligné l’importance de l’application de la solution à deux États du conflit israélo-palestinien, la seule façon, selon lui, d’obtenir « une paix durable ». Il a également déploré le fait que « tous les villages (du
Liban-Sud) subissent les répercussions de la guerre à Gaza », ajoutant que « les habitants ont dû quitter leurs logements ». Il a tenu à affirmer qu’il s’est rendu dans la région pour saluer les habitants de « tous les villages ». Des propos tenus alors que son appel lancé il y a quelques semaines à « faire la quête à l’église » pour les Libanais déplacés de la région frontalière avait suscité des critiques, certains considérant qu’il souhaitait uniquement aider les localités chrétiennes. Le dignitaire maronite a effectué sa tournée au Sud alors que les affrontements s’intensifient ces derniers jours dans la région frontalière. Jeudi, le Hezbollah a revendiqué une attaque contre un rassemblement de militaires près de la caserne israélienne de Matat. Le parti armé a également affirmé avoir ciblé les sites israéliens de Marj, Jal el-Alam, Khallat Wardeh, Ramim et Bayad Blida « à l’aide d’armes appropriées ». Comme toujours, la milice a également assuré avoir causé des « blessures directes » aux Israéliens. Dans ce contexte, un civil israélien a été tué dans le nord du pays par un tir de missile antichar effectué depuis le Liban-Sud, ont annoncé l’armée et les secours israéliens. Selon l’AFP, qui cite des sources israéliennes, la frappe a atteint la voiture dans laquelle circulait cet homme de 60 ans, près de la localité de Matat, non loin de la frontière libanaise. Le quotidien Haaretz a également relayé l’information et indiqué que les sirènes avaient retenti deux fois en quelques minutes côté israélien, près du village de Arab al-Aramché.
Un civil israélien et trois combattants du Hezb tués Pour sa part, Israël a pilonné tout au long de la journée des villages du Liban-Sud. Dans la matinée, un drone de l’armée israélienne a tiré un missile sur Wadi Slouki, près de la localité de Houla, selon une source sécuritaire citée par notre correspondant au Sud Mountasser Abdallah. Des obus israéliens ont aussi visé Wadi Chebaa, Rbaa el-Teben et les hauteurs de Kfarchouba, selon des habitants de la région. Les abords de Naqoura ont également été pris pour cible par l’artillerie israélienne, selon des riverains. Un drone israélien a tiré un missile, qui n’a toutefois pas explosé, près des habitations de Zallaqa, situées dans la bourgade de Sultaniyé (Bint Jbeil).Dans le caza de Bint Jbeil, un raid israélien a visé les abords du village de Kounine, rapportent notre correspondant et l’Agence nationale d’information. Le président de la municipalité du village, Mohammad Tohmé, a affirmé à notre correspondant que des avions de combat israéliens ont lancé huit missiles sur les abords de la localité. L’artillerie israélienne a aussi lancé quinze roquettes sur la périphérie de Kounine, a-t-il ajouté. « Les portes et les vitres de plusieurs habitations ont été soufflées par l’explosion », a encore précisé M. Tohmé. Dans un communiqué, la défense civile de l’Association des scouts de la mission islamique a, par ailleurs, annoncé dans un communiqué avoir pris en charge des personnes blessées par ce bombardement. Une vidéo fournie par notre correspondant montre des habitants de la localité prendre la fuite. Un état de panique régnait dans le village. Plus tard dans la journée, des obus se sont abattus aux alentours des localités de Rmeich, Aïta el-Chaab, Kfar Kila et Naqoura. Suite aux attaques israéliennes, le Hezbollah a annoncé la mort « en martyrs » de trois de ses combattants : Moustapha Darwich, originaire de Mjadel (caza de Tyr), ainsi que Imad Ali Rachiini et Hatem Ali Jaafar, tous deux originaires de Hermel. Le groupe armé n’a pas donné plus de détails concernant les circonstances de leur mort. Face à la montée des tensions, le porte-parole du département d’État américain Sam Werberg a affirmé que Washington fait porter « au Hezbollah la responsabilité de l’escalade » au Liban-Sud, rappelant toutefois que l’État libanais n’est pas un belligérant dans ce conflit. M. Werberg a également affirmé que le dossier du tracé de la frontière terrestre en Israël et le Liban n’est pas lié à la « situation en Israël ». Des informations indiquent toutefois que des émissaires internationaux ont proposé la résolution des 13 points de litige sur cette frontière en échange du retrait des combattants du Hezbollah vers le nord du fleuve Litani. La diplomatie française a également réaffirmé son « attachement à l’indépendance du Liban », appelant à éviter une escalade. Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réitéré ses menaces à l’égard du Hezbollah, affirmant que si le parti chiite décide de recourir à une « guerre totale », l’État hébreu va « transformer Beyrouth et le Liban-Sud en Gaza et Khan Younès ».