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Nos Lecteurs ont la Parole

Notion judéo-chrétienne : Dieu a-t-il failli dans ses directives ?

Point de vue d’un chrétien d’Orient.

La notion judéo-chrétienne inventée au XIXe siècle contient en son socle commun « le patrimoine et les valeurs religieuses et culturelles provenant de deux traditions, juive et chrétienne, considérées dans leur ensemble ». Le sionisme se fonde sur la religion juive. Dans quelle mesure est-il induit dans la notion judéo-

chrétienne ?

Parler d’une civilisation

judéo-chrétienne comporte, entre autres, une notion de complémentarité d’une civilisation à l’autre. On penserait à un apport mutuel. En d’autres termes, la civilisation juive inspire la civilisation chrétienne et est supposée s’inspirer d’elle et vice versa. On parlera d’apport mutuel.

Le sionisme se base sur les fondements de la religion juive. Faut-il alors l’intégrer dans la formule judéo-chrétienne ? Le sionisme a-t-il une place dans ce concept ?

En prenant les 10 commandements comme exemple de valeurs communes, on peut s’interroger : ont-ils été suffisants pour vivre en paix ? À quoi la venue du Christ a-t-elle servi si les 10 commandements avaient été suffisants ? Quel a été l’apport du Christ ? Dieu a-t-il failli dans ses directives ou du moins a-t-il été non

prévoyant ?

Or le Christ dans sa fameuse phrase « je ne suis pas venu abolir la loi mais l’accomplir », mettait le curseur de la faute en amont de l’action. En plaçant la pensée d’agir avant l’action répréhensible, il nous invite à ériger une barrière. Penser tuer, c’est déjà commettre un péché. Penser voler, c’est déjà un péché. De là, provient aussi la phrase « ne nous laisse pas entrer en tentation » dans le Pater. Quiconque ne respecte pas ce préambule enfreint déjà les 10 commandements.

Aussi, s’approprier le fait de descendre exclusivement de la dynastie d’Abraham est une aberration. Dans la Bible, le bon Dieu dit à Abraham (« je multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel et le sable de la mer »). Quelle communauté peut prétendre être aussi nombreuse que le sable de la mer ? Aucune communauté ne peut le prétendre. Par cette phrase le bon Dieu inclut tous les semblables à Abraham morts ou vivants ayant obéi et cru en lui comme seul et unique vrai Dieu Maître et Seigneur (peuple choisi).

« La terre appartient à Dieu et tout ce qu’elle renferme. » (La Bible).

La terre promise ne serait pas non plus rattachée à une étendue désertique ou à un jardin idyllique, mais plutôt au royaume des cieux. « Mon royaume n’est pas de ce monde », disait le Christ. Naître de nouveau dans l’Évangile, c’est dépasser son identité terrestre physique et provisoire pour se focaliser vers l’identité céleste spirituelle et éternelle.

Le christianisme devient une relation directe entre créatures et Créateur.

Dans ce qui précède, la religion chrétienne s’appuyant sur des préceptes et données hébraïques cherche à les affiner et surtout à les universaliser, sans pour autant les remettre en cause. Cette démarche intègre et ajoute une bonne dose d’universalité et de spiritualité évidente, réduisant le côté matériel et privatif de toutes les religions. En d’autres termes, il faut empêcher quiconque de s’approprier le bon Dieu, ou ses promesses, pour son propre compte.

En qualifiant le bon Dieu de « père », le christianisme le rapproche de l’humain aimant, prenant soin de tous ses enfants. Sommes-nous créés à « l’image de Dieu » ?

Certains sionistes, en voulant s’intégrer dans la notion

judéo-chrétienne, cherchent un aval à leur comportement. Les amalgamer dans la même formule judéo-chrétienne est une tentative audacieuse d’embarquer les chrétiens comme alliés des sionistes alors que des différences fondamentales les séparent. Ne serait-ce que reconnaître le Christ comme Messie et Dieu incarné, respecter les 10 commandements, considérer les autres croyants aussi comme descendants d’Abraham et ne plus vouloir étendre leur terre promise du Nil à l’Euphrate.

Vont-ils (les sionistes) continuer à associer les chrétiens pour légitimer leurs crimes et prendre ce qui ne leur appartient pas en biens et âmes ?

Vont-ils une fois leur entreprise réussie se tourner contre les Occidentaux (chrétiens), qui furent jadis leurs alliés et protecteurs ? Enfin, les sionistes auraient-ils travesti le judaïsme pour des fins criminelles ?

Chaque vie est sanctifiée dans l’esprit de Dieu. Comment vont-ils se présenter devant lui avec des mains remplies de sang ?

En tant que chrétiens, on ne peut que considérer les juifs, et non les sionistes, comme nos frères aînés dans la foi, et prier afin qu’ils reconnaissent en nous la nouvelle alliance promise par le prophète Jérémie (bible 31.31) et que tout le monde se retrouve sur les commandements : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas. »

On ne peut pas juger le passé avec les lunettes d’aujourd’hui, mais on peut construire un modèle pour les conflits futurs (comme Nelson Mandela, par exemple). Au lieu d’opposer deux forces, mieux vaut les unir avec des résultats décuplés.

Israéliens et Palestiniens ont des personnages hautement qualifiés capables de trouver la formule du vivre-ensemble. Il reste la volonté de la chercher.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Point de vue d’un chrétien d’Orient.La notion judéo-chrétienne inventée au XIXe siècle contient en son socle commun « le patrimoine et les valeurs religieuses et culturelles provenant de deux traditions, juive et chrétienne, considérées dans leur ensemble ». Le sionisme se fonde sur la religion juive. Dans quelle mesure est-il induit dans la notion judéo-chrétienne ? Parler d’une civilisation judéo-chrétienne comporte, entre autres, une notion de complémentarité d’une civilisation à l’autre. On penserait à un apport mutuel. En d’autres termes, la civilisation juive inspire la civilisation chrétienne et est supposée s’inspirer d’elle et vice versa. On parlera d’apport mutuel. Le sionisme se base sur les fondements de la religion juive. Faut-il alors l’intégrer dans la formule...
commentaires (1)

Comme c'est bien exprimé. Merci

Irene Souki

20 h 06, le 29 novembre 2023

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Commentaires (1)

  • Comme c'est bien exprimé. Merci

    Irene Souki

    20 h 06, le 29 novembre 2023

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