Encore un week-end tendu au Liban-Sud. Après une semaine relativement calme, les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, qui soutient le Hamas dans son opération Déluge d’al-Aqsa, se sont intensifiés depuis vendredi.
Ainsi, samedi après-midi, une usine d’aluminium située entre les villes de Kfour et Toul, à l’ouest de la ville de Nabatiyé, a été la cible de deux missiles lancés par un drone israélien, déclenchant un incendie. Il s’agit de la première frappe israélienne sur le caza de Nabatiyé depuis la guerre de juillet 2006. L’attaque israélienne a blessé deux civils, qui ont été transportés à l’hôpital, a indiqué à l’AFP le président du conseil municipal de Kfour, Khodr Saad. Ce raid a frappé à une quinzaine de kilomètres au nord de la frontière entre le Liban et Israël et constitue donc une rare frappe en profondeur à l’intérieur du territoire libanais.
Le 11 novembre, l’armée israélienne avait effectué un premier bombardement hors de la bande frontalière, visant un véhicule à Zahrani, à quelque 45 km au nord de la ligne bleue. En outre, l’armée israélienne a bombardé sans répit la région frontalière tout au long du week-end. Furent ciblés des zones résidentielles dans les localités de Mhaibib, Tair Harfa, Aïta el-Chaab, mais aussi la vallée de Khiam et les abords de Kfar Kila et Deir Mimas (caza de Marjeyoun), selon les déclarations d’une source sécuritaire à notre correspondant Mountasser Abdallah.
Dimanche, un homme et sa mère ont survécu au bombardement israélien de leur voiture alors qu’ils se dirigeaient de leur village frontalier de Adaïssé vers Kfar Kila. Le chef de la municipalité de Adaïssé, Ali Rammal, qui s’est entretenu avec les victimes, a déclaré à L’Orient Today qu’un projectile israélien s’est abattu devant leur voiture pendant qu’ils conduisaient, ce à quoi ils ont réagi en s’échappant du véhicule quelques secondes avant que l’armée israélienne ne le bombarde. Les deux survivants sont à l’hôpital de Marjeyoun et ne souffrent pas de blessure physique. En revanche, « ils sont sous le choc », a souligné M. Rammal.
L’armée israélienne a affirmé pour sa part avoir visé des positions du Hezbollah en territoire libanais, notamment des complexes militaires et des postes utilisés par le parti, rapporte le quotidien israélien Haaretz. Selon le communiqué de l’armée israélienne, « l’armée de l’air israélienne a également éliminé avec succès » un système de missiles sol-air en réponse au tir de vendredi soir vers un avion israélien qui a été « intercepté avec succès ».
Du fait de la montée des violences, le réseau téléphonique mobile de l’opérateur Alfa a été complètement à l’arrêt dimanche dans le village frontalier de Meïs el-Jabal. En cause, une panne provoquée par les bombardements israéliens qui ont touché la localité de Mhaibib samedi après-midi, rapporte l’Agence nationale d’information. La région souffre depuis plus d’un mois de pannes régulières dues au manque de fuel et à des dysfonctionnements techniques dans les stations de relais.
« État d’alerte maximale »
De son côté, le Hezbollah a lui aussi revendiqué de nombreuses opérations contre des cibles israéliennes. Samedi, il a annoncé dans un communiqué avoir abattu un drone de combat israélien de type Hermes 450 « à l’aide d’un missile sol-air tiré à 1h45 à l’aube », affirmant que « les débris de l’engin ont été vus en train de tomber au-dessus de la Galilée ».
Pour sa part, l’armée israélienne, citée par le Haaretz, a affirmé que ses systèmes de défense antiaérienne ont intercepté un missile sol-air tiré depuis le Liban contre un drone israélien, sans préciser si l’engin a été touché. Le parti chiite a également revendiqué ce jour-là des attaques contre les sites israéliens de Hadab el-Bustan, Raheb, Ramim, Bayad Blida. Plus tard, le parti a revendiqué une frappe touchant « le nouveau quartier général du commandement militaire à Wadi Sahsah avec des tirs de missiles, causant des impacts confirmés ».
Dimanche, la formation pro-iranienne a affirmé avoir ciblé des positions israéliennes faisant face aux village de Dhaïra et de Markaba, ainsi qu’une brigade israélienne non loin du secteur de Labbouné, dans la région frontalière de Naqoura, et du village de Hanita. L’armée israélienne, citée par le Haaretz, affirme quant à elle avoir intercepté des « cibles aériennes infiltrées dans le nord d’Israël », frontalier avec le Liban. « Le Hezbollah reste en état d’alerte maximale et constamment prêt », a affirmé dans ce contexte le numéro deux du parti chiite, le cheikh Naïm Kassem, lors d’une cérémonie partisane, selon un communiqué de son mouvement. Ce dernier « continue d’occuper l’ennemi et de le rendre confus, tout en lui faisant subir des pertes et en l’empêchant d’utiliser toute sa force ailleurs », a ajouté le cheikh Kassem. « Nous sommes extrêmement prêts à tout ce qui pourrait advenir. Toutes les menaces proférées par l’ennemi n’ont aucune valeur à nos yeux », a-t-il ajouté.
Le Hezbollah veut coute que coute détruire le Liban déjà en pièce
16 h 51, le 20 novembre 2023