Les rebelles houthis au Yémen ont affirmé dimanche s'être emparés en mer Rouge d'un navire commercial propriété d'un homme d'affaires israélien en représailles à la guerre menée par Israël contre leurs alliés palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza.
Cette annonce intervient quelques jours après la menace des rebelles soutenus par l'Iran de prendre pour cible des navires israéliens dans cette mer stratégique située entre le nord-est de l'Afrique et la péninsule arabique, en raison de la guerre menée par Israël contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
« Les forces navales des forces armées yéménites ont mené une opération militaire en mer Rouge, dont le résultat est la saisie d'un navire israélien et son transfert vers la côte yéménite », a indiqué le porte-parole militaire des houthis, Yahya Saree, sur le réseau social X.
Cette saisie se fonde « sur la responsabilité religieuse, humanitaire et morale envers le peuple palestinien opprimé, soumis à un siège injuste et à la poursuite des massacres horribles et odieux perpétrés par l'ennemi israélien ».
Les houthis, qui contrôlent une bonne partie du Yémen en guerre, ne menacent « que les navires de l'entité israélienne et ceux appartenant à des Israéliens », a fait valoir leur porte-parole militaire, soulignant que l'équipage était traité « conformément aux enseignements et aux valeurs de notre religion islamique »
« Domicilié en Israël »
D'après la compagnie de sécurité maritime Ambrey, le transporteur automobile est propriété de Ray Car Carriers, une société contrôlée par l'homme d'affaires israélien Abraham Rami Ungar, « domicilié en Israël ».
En 2021, un navire appartenant à M. Ungar, le MV Helios Ray, battant pavillon des Bahamas, avait été touché par une explosion dans le golfe d'Oman dans un contexte alors de tensions accrues entre Israël et l'Iran.
Selon le site spécialisé Tradwinds, la société Ray Car Carriers est enregistrée en Grande-Bretagne, et le navire est opéré par Nippon Yusen (NYK), une société japonaise de transport maritime.
Cette entreprise a confirmé dans un communiqué lundi qu'un cargo qu'elle avait affrété, le Galaxy Leader, avait bien été « capturé » alors qu'il naviguait près des côtes yéménites avec 25 membres d'équipage à son bord. Et le gouvernement japonais a condamné « avec fermeté » la prise de ce navire, tout en précisant qu'aucun ressortissant japonais n'était à bord.
Selon le site spécialisé Marine Traffic, le Galaxy Leader, qui bat aussi pavillon des Bahamas, naviguait au large de la ville portuaire saoudienne de Jeddah, en mer Rouge, lorsque ses signaux radars ont été coupés samedi.
Une source maritime du port de Hodeida (ouest), contrôlé par les rebelles yéménites, a indiqué de son côté que « les houthis avaient saisi un navire commercial et l'avaient conduit jusqu'au port d'Al-Salif à Hodeida ».
« Agression » de l'Iran
Côté israélien, l'armée a indiqué que ce navire avait à son bord « des civils de diverses nationalités, mais aucun Israélien ». « Il ne s'agit pas d'un navire israélien », a-t-elle souligné.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a « condamné fermement l'attaque iranienne contre un navire international », qu'il a qualifié « d'agression » contre le « monde libre » ayant des conséquences « sur la sécurité des voies maritimes mondiales ».
« Le navire, qui appartient à une société britannique et est exploité par une société japonaise, a été détourné sous la direction de l'Iran par la milice yéménite des houthis », a ajouté M. Netanyahu, précisant que 25 membres d'équipage de diverses nationalités - ukrainienne, bulgare, philippine et mexicaine - se trouvaient à bord mais « aucun Israélien ».
Une source militaire américaine a qualifié de « violation flagrante du droit international » la saisie « du transporteur de voitures Galaxy Leader » par les « rebelles houthis ». Selon cette source, Washington va contacter ses alliés et l'ONU pour jauger les mesures « appropriées ».
Traque et « Camouflage »
Au cours des dernières semaines, les rebelles houthis ont lancé plusieurs drones et missiles en direction du territoire israélien.
« Le fait que huit vagues de missiles et drones lancés par les houthis depuis le Yémen n'ont pas réussi à atteindre leurs cibles en territoire israélien a peut-être poussé (les rebelles) à se focaliser à nouveau sur la Mer Rouge », a déclaré à l'AFP Mohammed Al-Basha, spécialiste du Moyen-Orient au centre d'analyse américain Navanti Group.
« Nous avons les yeux ouverts pour surveiller et rechercher en permanence tout navire israélien », avait déclaré le chef des houthis, Abdel Malek al-Houthi, dans un discours sur leur chaîne Al-Massira, menaçant de les « prendre pour cible ».
Ils se recyclent en pirates maintenant? Attention aux navires pièges ça pourrait leur coûter cher.
12 h 30, le 20 novembre 2023