« Les Arabes dans le train de l’ordre mondial » du journaliste Mounir Rabih

Les éditions Riad el-Rayès viennent de publier le livre en langue arabe Les Arabes dans le train de l’ordre mondial, cartes menacées ou mondialisation renouvelée de notre collègue Mounir Rabih.

Ce livre divisé en six parties propose un aperçu historique et examine la réalité du monde et de l’ordre mondial. Il dissèque l’ordre mondial qui connaît un bouleversement dans les alliances, en raison de l’impact de la guerre russo-ukrainienne, ainsi que les alliances stratégiques qui entourent ce conflit, en faisant un point sur les relations sino-américaines. Il se concentre sur les projets « expansionnistes » d’Israël, de l’Iran et de la Turquie et sur les répercussions de ces projets sur la région du Moyen-Orient et sur la situation arabe après les révolutions du printemps arabe. Il pose en conclusion la question de la possibilité de l’émergence d’un projet moderniste arabe. S’il s’arrête à la politique d’élimination des problèmes adoptée par les États du Golfe, qui vivent la révolution d’en haut et la transition vers la modernité et le développement économique et culturel, l’expérience de l’Orient arabe et les questions de son avenir sont toujours présentes.

Le livre commence par rappeler les évolutions et transformations fondamentales dont le monde a été témoin au début du XXe siècle, en particulier depuis la Première Guerre mondiale qui a marqué la chute des grands empires et le début de l’ère des États-nations. Cela reproduisait les conflits nationaux entre pays qui ont éclaté pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux guerres ont eu des répercussions sur le Moyen-Orient et certains de leurs événements s’y sont déroulés. L’un des produits de la Première Guerre, qui a réduit les entités impériales en États nationaux ou en États-nations, a été l’invention du concept de mandat pour modérer les ambitions coloniales des grands pays après l’ère des empires. C’est ce qui a contribué à la création de petits pays dans la région du Moyen-Orient, où les pays colonisés se disputent l’influence, sur les ruines de l’Empire ottoman. Il convient de noter que dans les deux guerres, les États-Unis d’Amérique ont adopté une position de neutralité et d’isolement et ont choisi le moment qui leur convenait pour leur intervention. Malgré la différence entre cette époque et aujourd’hui, on ne peut échapper à la question : que fera Washington, dont on dit que le leadership mondial est en déclin et qu’il recule ?

Le livre tente d’étudier les conflits régionaux qui sont le reflet de conflits internationaux, comme ce fut le cas du conflit Golfe-Iran au cours des dernières années, dans lequel le Levant arabe était le champ le plus important, aux côtés du Yémen. Ce conflit a clairement éclaté après les attentats du 11-Septembre et l’entrée de l’Amérique dans la « guerre contre le terrorisme ». Il s’agit d’un conflit qui a conduit à des divisions majeures dans les structures centrales de chaque État, menaçant ainsi ses composantes. Ce conflit a-t-il été alimenté au niveau international ? Quels en sont les intérêts ? D’autant que les conflits sectaires et ethniques qui en ont résulté ont renforcé les tendances à la division ou à la séparation des sociétés, au lieu de préserver les composantes d’un État central ou d’un État national. Y a-t-il eu des efforts pour attiser la crise arabo-iranienne, visant à rendre les Arabes vulnérables au chantage économique, financier, sécuritaire et militaire, ou le but derrière la peur des Arabes du croquemitaine iranien était-il de les jeter dans les bras d’Israël ? Cela a-t-il rétabli la considération du concept d’« alliance des minorités » d’une manière qui sert le principe de minimisation des entités dans la région, et sert également à Israël en justifiant le déplacement des Palestiniens et en éliminant les éléments de construction de leur État indépendant, et pour justifier la judaïsation de l’État et la déclaration de son nationalisme ?