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Culture - Concert

Billy Eidi, hors des sentiers battus

Le pianiste franco-libanais a donné samedi soir un récital à l’Assembly Hall de l'Université américaine de Beyrouth, au profit des bourses scolaires de son ancienne école, l’International College.

Billy Eidi, hors des sentiers battus

Billy Eidi , maître du clavier de l'Assembly Hall (AUB). Photo DR

Il semble que la mode d’aujourd’hui pour les récitals de piano soit minimaliste. En effet, Dominique Salloum avait présenté Beethoven/Brahms ; Karim Saïd : Bach/Variations Goldberg. Billy Eidi a choisi Bach/Chopin.

Trois extraits du Clavier bien tempéré livres 1 et 2 de Bach ouvrent le récital du pianiste franco-libanais à l'Assembly Hall de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), au profit des bourses scolaires de l'International College (IC). On aurait aimé une Suite anglaise, une Suite française ou une Partita. Billy Eidi a semble-t-il aimé juxtaposer Bach et Chopin. Récital hors des sentiers battus.

Quand on a en tête les interprétations d’Edwin Fischer, Glenn Gould, Sviatoslav Richter, il est difficile d’écouter autre chose. Et pourtant, Billy Eidi s’impose dès le début du 9e Prélude en Do majeur du livre avec austérité, grandeur. Une  attention particulière est accordée par l’interprétation à la respiration des 3 Préludes. Son jeu a beaucoup de relief, de contraste avec une progression rythmique implacable et un phrasé ondoyant qui ne cesse d’être formé.

L’interprétation est remarquable de vie et de sensibilité. Il caresse le clavier et le fait scintiller. Le clavier bien tempéré est la source de toute la musique classique et moderne, la musique sérielle y compris.

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C’est Robert Schumann qui a écrit à propos des mazurkas que c’était des « canons cachés sous des fleurs ». Simplicité, tendresse, douceur avec lesquelles Billy Eidi aborde ces pages intimistes de Chopin. Visionnaire et raffiné, il recrée toute la poésie mais aussi la densité, la force et la violence. Toute son interprétation est marquée par la finesse et la générosité. Certes Billy Eidi n’a pas choisi les plus connues des mazurkas. Mais c’est beau et émouvant, éloquent aussi. Sobriété et maîtrise, mais avec une virtuosité qui se cache et qui peut se montrer fulgurante dans la coda de la Ballade n° 4. Jouer Chopin n’est pas donné à tout le monde. Mais tout le monde le joue, surtout les jeunes filles de bonne famille à l’heure du thé.

Eidi est un élu de Chopin parce qu’il n’a aucun défaut des « Chopinistas », c'est-à-dire sans mièvrerie, sentimentalisme, sans mauvais goût ni afféterie.

Il joue Chopin avec une touche vigoureuse et il y a dans son jeu la passion et la douleur, l’espoir et la désespérance. Bref un récital conçu comme deux-pièces pour piano avec ses différents mouvements et qui a terminé avec ce chef-d’œuvre extraordinaire à la fois passionné, tendre, pathétique, voire suppliante qui est la 4e ballade de Chopin.

C’était comme dans un rêve. Et c’est sur la pointe des pieds que notre pianiste nous quitte avec L’enfant s’endort, avant dernière pièce des Scènes d’enfants de Robert Schumann. D’ailleurs, il était l’heure d’aller au lit.


Bio express
Billy Eidi, élève à Beyrouth de Zafer Dabaghi puis de Laila Aouad, a étudié à Paris auprès de Magda Tagliaferro, Jacques Coulaud et Jean Micault. Il est actuellement professeur au CRR de Paris et à la Schola Cantorum. Auparavant, il a enseigné au Conservatoire national supérieur de musique (Lyon) et à l'École normale de Paris. Il donne régulièrement des master-classes aux académies internationales d'été de Nice et de Nancy, ainsi qu'en Espagne, en Chine, au Japon et en Corée du Sud.
Billy Eidi défend principalement le répertoire romantique et le répertoire français du XXe siècle. Il donne avec le compositeur et écrivain Guy Sacre des conférences-récitals sur des thèmes littéraires et musicaux. Pour ses enregistrements d'œuvres pour piano (Sauguet, Milhaud, Poulenc, Satie, Scriabine, Séverac Hahn, Fauré et Sacre) et de chansons françaises (Ravel, Debussy, Fauré, Roussel, Poulenc, Sacre, Honegger, Auric, Delage, Chausson), il a reçu de hautes distinctions, parmi lesquelles le Grand Prix de l'Académie Charles Cros, la Nouvelle Académie du disque français, le BBC « Music Choice », ou encore le Grand Prix Gerald Moore, décerné par l'Académie du disque lyrique française, à la suite d'un nouvel enregistrement des chansons de Sacre.
Son dernier enregistrement, un disque des œuvres pour piano de Guy Sacre, a été récompensé par le label « Choc de l'année » décerné par le magazine français Classica. De même que son opus sur les 13 Barcarolles de Fauré en 2019.  
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