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Culture - Quoi qu'on en lise

Le New York arabe de Marc Terrisse

Dans le récit de voyage « New York, portrait d’une ville arabe », l'historien, muséologue, commissaire d'exposition et écrivain retourne sur les traces des Arabo-Américains à Big Apple.

Le New York arabe de Marc Terrisse

Une image tirée de l'ouvrage de Marc Terrisse « New York, portrait d’une ville arabe » publié aux éditions Bibliomonde.

New York, ville arabe ? L’association peut paraître surprenante et pourtant cette ville dans la ville existe bel et bien.

Les Arabes et New York, c’est même une longue histoire. « La première vague significative de migrants provenant du monde arabe court de 1870 à 1924 », lit-on dans le récit de voyage  New York, portrait d’une ville arabe publié aux éditions Bibliomonde. C’est à vélo que le chercheur Marc Terrisse traverse New York sur les traces des Arabo-Américains de la ville. Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, on les estimait à environ 950 000, « les historiens avancent à ce sujet le chiffre de 90 % de chrétiens, des maronites principalement, des melkites et des grecs-orthodoxes. Les 10 % restants étaient composés de druzes et de musulmans sunnites. Certains historiens estiment que cette première vague comprenait environ 10 % de Palestiniens ». Ils étaient essentiellement des paysans, des artisans ou encore de petits entrepreneurs. Plusieurs raisons les ont poussés à émigrer, l’industrie traditionnelle de la soie au Mont-Liban connaissait une grave récession. Le choix d’émigrer a reposé ensuite sur le refus d’incorporer l’armée ottomane pendant la guerre des Balkans (1912-1913) et durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Pour parler de New York, ses nouveaux arrivants disaient : « New Yark. »


Cette population s’est sédentarisée majoritairement dans le bas de Manhattan, « non loin de Castle Garden autour du Washington Street et de Rector Street », et cela à partir du dernier tiers du XIXe siècle. On dénomme ce quartier Little Syria. « Il faut s’imaginer des cafés où l’on fume le narguilé et où l’on déguste le café turc. Des usines à tisser complètent le paysage. Des associations et des journaux s’implantent sur place. » Al-Hoda, al-Sakhra, le Syrian World, le Syrian Society sont autant de titres de presse qui y verront le jour. Les grandes familles règnent sur cette communauté. Ce quartier avait un air de village syrien transvasé dans les rues de New York. En parallèle, une littérature arabo-américaine voit le jour.

Lors de ses déambulations, Marc Terrisse part à la rencontre de Marouane, écrivain et fin connaisseur de ce milieu littéraire. Marouane lui parle de Khalil Gebran, Élia Abou Mahdi ou encore de la pionnière D.H. Melhem et ses héritières très en vue dans les années 2000 : Naomi Shihab Nye, Diana Bou Jaber, Nathalie Handal. Mais un nom semble avoir marqué Marouane, un nom et un poème, l’écrivain américain d’origine libanaise Lawrence Joseph et son Sand Nigger  qu’il écrit durant la guerre civile du Liban.

« Dans sa prose, écrit Marc Terrisse, Lawrence Joseph décrit sa double appartenance inaccomplie. Il maîtrise très imparfaitement le libanais de sa grand-mère. Pour autant, il reste un noir du Levant aux yeux des Américains. Il n’a ainsi pas toute sa place dans cette société qui le rejette, tout comme les Noirs américains sont stigmatisés par cette Amérique (…) Aliéné, égaré, Joseph se réfugie dans l’écriture, thérapie supposée excommunier la névrose de l’exil. » Le poème Sand Nigger donne toute sa portée à la quête de Marc Terrisse, comme si toutes ses recherches new-yorkaises l’avaient mené à ces mots qui définissent cette identité arabo-américaine hybride : « On m’appelle “nègre de sable”, et le nom me sied : je suis le nègre à la peau claire avec des yeux noirs et un regard difficile à décrire – un regard de l’indifférence, un regard vers la mort… un nègre du Levant dans la ville sur le détroit entre les grands lacs Érié et Saint-Clair qui a une réputation de violence, un nègre de sable de mauvaise humeur qui agite ses mains, assez gentiment pour passer, assez libanais d’être contre son frère, avec son frère contre son cousin, avec son cousin et son frère contre l’étranger. »


« New York, portrait d’une ville arabe », Marc Terrisse

Bibliomonde éditions

Écrivain, journaliste, photographe et commissaire d’exposition, Sabyl Ghoussoub a reçu le prix Goncourt des lycéens pour son livre « Beyrouth-sur-Seine », aux éditions Stock. Sa traduction en arabe vient de paraître chez Dar el-Jadeed. Il a publié auparavant deux autres romans aux éditions de l’Antilope : « Le nez juif » et « Beyrouth entre parenthèses ».

New York, ville arabe ? L’association peut paraître surprenante et pourtant cette ville dans la ville existe bel et bien. Les Arabes et New York, c’est même une longue histoire. « La première vague significative de migrants provenant du monde arabe court de 1870 à 1924 », lit-on dans le récit de voyage  New York, portrait d’une ville arabe publié aux éditions...

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