Les évêques envisagent de créer un nouveau tribunal après des révélations sur des abus sexuels

L'Église catholique suisse envisage, à la suite des "révélations choquantes" sur les abus sexuels en son sein, de créer un tribunal pour sanctionner les membres du clergé qui enfreignent la loi ecclésiastique.

La Conférence épiscopale de Suisse s'est déclarée "dévastée" après qu'une étude a identifié près d'un millier de victimes et des efforts généralisés pour dissimuler les abus. Face a cette situation, elle affirme samedi dans un communiqué "avoir déterminé des mesures concrètes pour renforcer les garanties et contribuer à assurer que les victimes soient entendues et qu'elles et leurs familles reçoivent justice et soient soutenues". Parmi les mesures phares, la conférence a indiqué vouloir "créer un tribunal pénal et disciplinaire ecclésiastique pour l’église de Suisse". "Le droit pénal suisse continuera bien entendu à prévaloir et les autorités pénales seront toujours sollicitées pour tout cas d'abus ou autres infractions commises dans le cadre ecclésiastique", souligne-t-on. Le nouveau tribunal, précise-t-il, s'occupera plutôt des sanctions nécessaires contre les membres du clergé qui violent la loi ecclésiastique.

La conférence a déclaré qu'elle était en train d'organiser une réunion avec les autorités du Vatican sur la manière de créer le tribunal. Cette déclaration fait suite à la publication ce mois-ci des résultats d'une enquête d'un an menée par des chercheurs de l'Université de Zurich, identifiant 921 victimes d'abus sexuels au sein de l'Église depuis 1950. 

L’étude a également déterminé que la plupart des cas n’avaient pas été signalés ou que les documents contenant des informations avaient été détruits. L'étude, qui sera complétée par une nouvelle campagne de recherche de trois ans, fait suite à des efforts similaires visant à découvrir les abus religieux dans d'autres parties du monde. Selon les premières conclusions, 74% des victimes étaient des enfants, tandis qu'un total de 510 personnes, presque toutes des hommes, ont commis ces abus.

La Conférence des évêques a également annoncé une enquête distincte au début du mois à la suite d'accusations selon lesquelles quatre évêques actuels et deux anciens évêques auraient dissimulé des cas d'abus sexuels commis par le clergé.

"Face aux abus et aux souffrances qui ont eu lieu, les évêques suisses ne pourront jamais en faire assez", reconnaît le communiqué de samedi. "Adapter continuellement les procédures pour rendre justice aux victimes et garantir que les abus ne se reproduisent plus est donc une priorité absolue."