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Depuis la Mongolie, le pape appelle les catholiques chinois à être de "bons citoyens"


Le Pape François assistant à la Sainte Messe au Steppe Arena à Ulaanbaatar, le 3 septembre 2023. Photo Simone Risoluti / VATICAN MEDIA / AFP

Le pape François a appelé dimanche les catholiques chinois à être de « bons citoyens », au dernier jour de sa visite en Mongolie durant laquelle il a tenté d'améliorer les relations entre le Vatican et Pékin.

Entouré de l'évêque de Hong Kong Stephen Chow et de son évêque émérite John Tong Hon, le souverain pontife de 86 ans a dit envoyer « un salut chaleureux au noble peuple chinois ». « Aux catholiques chinois, je vous demande d'être de bons chrétiens et de bons citoyens », a-t-il ajouté. Ces commentaires, non prévus dans le discours officiel, semblent marquer une nouvelle tentative du pape de rassurer le gouvernement communiste chinois.

Pékin se méfie de toute organisation, notamment religieuse, susceptible selon lui de menacer son autorité et n'entretient pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. La veille, le souverain pontife avait déjà paru envoyer un message à la Chine, sans la nommer explicitement: « Les gouvernements et les institutions séculières n'ont rien à craindre de l'action évangélisatrice de l'Eglise parce que celle-ci n'a pas d'agenda politique ».

Avec cette visite papale inédite en Mongolie, nation enclavée entre Chine et Russie, François visait deux objectifs: toucher une région reculée où le catholicisme est récent et encore peu répandu, et profiter de sa présence aux portes de la Chine pour nouer des liens avec Pékin.

« Difficile de venir » 

De nombreux pèlerins chinois avaient fait le déplacement, bravant les risques de représailles dans leur pays. C'était « assez difficile de venir ici », a confié à l'AFP, dans la foule venue assister à la messe dimanche, une femme chinoise venue de Xi'an (nord) qui n'a pas donné son nom. Elle a affirmé que les deux organisateurs du pèlerinage de son groupe avaient été arrêtés en Chine. « Laissez-moi vous dire que j'ai honte de brandir le drapeau national (chinois) », a-t-elle dit. « Mais je dois le tenir et faire savoir au pape à quel point c'est difficile pour nous ».

Dimanche, le pape a apporté son soutien à la modeste communauté catholique de Mongolie - 1.400 membres dont 25 prêtres, pour quelque trois millions d'habitants - en célébrant la messe dans une arène de hockey sur glace récemment construite à Oulan-Bator, la capitale.A l'issue de celle-ci, il a  lancé un « bayarlalaa ! » - « merci » en langue mongole - à ses « frères et soeurs de Mongolie ». Plus tôt dans la journée, le pape avait rencontré dix leaders religieux dans le petit théâtre Hun, aux allures de yourte traditionnelle mongole.

Des représentants du bouddhisme et du chamanisme - les deux croyances majoritaires en Mongolie - ainsi que de l'islam, du judaïsme, de l'hindouisme et de l'église orthodoxe russe étaient notamment présents. « Le fait d’être ensemble dans le même lieu est déjà un message: les traditions religieuses, dans leur originalité et leur diversité, représentent un formidable potentiel de bien au service de la société », a estimé le pape jésuite.

Citant Bouddha et Gandhi, il a appelé « les responsables des nations » à choisir « la voie de la rencontre et du dialogue avec les autres ». Le pape doit quitter la Mongolie lundi à la mi-journée.

« Pèlerin de l'amitié » 

Sa visite « prouve la solidarité de l'humanité », se félicitait dimanche Natsagdorj Damdinsuren, le chef d'un monastère bouddhiste de Mongolie, interrogé par l'AFP. « Je ne suis qu'un humble moine bouddhiste, mais pour moi, la guerre et les conflits sont les événements les plus tragiques de notre époque. Je suppose que d'autres religions sont d'accord avec moi », a-t-il ajouté. Venue assister à la messe, Nomin Batbayar, étudiante mongole de 18 ans, a salué le pape comme « une personne vraiment authentique, c'est pourquoi il y a un milliard de personnes dans le monde qui croient en lui et le soutiennent ». « La Chine ne le soutient pas vraiment, mais son peuple est présent aujourd'hui », a-t-elle noté.

A la messe, une Chinoise venue de la province du Hebei (nord) a dit se sentir « bénie » de voir le pape. « Avoir notre propre religion, ça ne veut pas dire qu'on est contre notre pays », a-t-elle affirmé. « En réalité, nous prions pour notre pays ». La liberté de religion en Mongolie, pays devenu démocratique en 1992, contraste avec la situation en Chine voisine où elle reste entravée. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement chinois et le Vatican de reconduire l'année dernière un accord sur l'épineuse question de la nomination des évêques, critiqué par certains comme une concession dangereuse du Saint-Siège en échange de sa présence dans le pays.

Interrogé sur les apparentes références à Pékin dans le discours du pape, l'évêque de Hong Kong Stephen Chow a assuré à l'AFP que le message du souverain pontife était destiné « au monde entier ». « L'Eglise actuellement (...) n'a vraiment pas l'intention de devenir politique et c'est important pour nous », a-t-il dit. « Sinon nous perdons notre crédibilité comme institution parlant d'amour et de vérité ». Arrivé vendredi à Oulan-Bator, François avait loué « la sagesse » de la Mongolie et de ses habitants mais s'était inquiété de la corruption et de la pollution, deux maux qui rongent le pays.

Le pape François a appelé dimanche les catholiques chinois à être de « bons citoyens », au dernier jour de sa visite en Mongolie durant laquelle il a tenté d'améliorer les relations entre le Vatican et Pékin.Entouré de l'évêque de Hong Kong Stephen Chow et de son évêque émérite John Tong Hon, le souverain pontife de 86 ans a dit envoyer « un salut chaleureux...