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Sport - Football

Neymar à al-Hilal, énième coup de force des Saoudiens

Après six ans dans la capitale française, le Brésilien vient de s’engager pour deux saisons avec le club de Riyad et s’ajoute à son nouveau panel de stars.

Neymar à al-Hilal, énième coup de force des Saoudiens

Neymar (g.) posant aux côtés de du président d’al-Hilal, Fahad ben Nafel, lors de la signature de son contrat, ce mardi à Paris. Saudi Pro League/AFP

Après chaque séisme, vient souvent l’heure des répliques. Bien qu’elles soient moins puissantes que la secousse originelle, il arrive qu’elles n’en demeurent pas moins impressionnantes, tant par leur nombre que par leur intensité.

Telle est la règle que vient à nouveau de confirmer l’Arabie saoudite. Plaque où la terre ne cesse de trembler depuis le début de l’été, au point de faire vaciller le Vieux Continent à chaque fois qu’un de ses grands noms cède aux sirènes de la Saudi Pro League.

Le dernier en date n’est, encore une fois, pas n’importe qui. S’il n’est plus l’ailier fringant qui rêvait de soulever le Ballon d’or au moment de sa signature dans la capitale française, Neymar reste encore aujourd’hui un de ces joueurs « frisson » capables de faire se lever un stade entier de sa chaise à la faveur d’une frappe ou d’un geste technique dont il a le secret.

Mais à l’heure où son histoire avec le Paris Saint-Germain prenait une nouvelle tournure déplaisante, lui qui n’entrait plus dans les plans du club ni dans ceux du nouvel entraîneur Luis Enrique, le Brésilien a estimé qu’il était temps de tourner la page.

« Nous sommes choqués »

Transféré pour 222 millions d’euros en provenance du FC Barcelone, qu’il souhaitait quitter pour sortir de l’ombre d’un certain Lionel Messi, Neymar devenait à 25 ans le joueur le plus cher de l’histoire, avec l’ambition d’en devenir l’un des plus grands.

Accueilli comme une rock star au Parc des Princes le 4 août 2017, le Ney aura inscrit 118 buts en 173 apparitions sous le maillot parisien et glané, entre autres, cinq titres de champion de France.

Mais au terme de ses six saisons passées dans la capitale française, ses coups d’éclat, qui ont notamment emmené le PSG jusqu’en finale de la Ligue des champions en 2020, ont largement été éclipsés par ses blessures à répétition. Au total, l’enfant de Santos aura manqué pas moins de 119 rencontres, dont d’innombrables rendez-vous décisifs sur la scène européenne.

La faute a des chevilles trop fragiles, fracturées à quatre reprises par ses adversaires en championnat de France, mais aussi à une hygiène de vie douteuse, qui a longtemps nourri les rubriques sur ses frasques extrasportives. Le tout en se faisant progressivement piquer la vedette par Kylian Mbappé, devenu la véritable figure de proue du projet parisien.

De quoi forcément laisser un goût d’inachevé dans la bouche des supporters : « Nous sommes choqués, lâche Joseph Sassine, président du fan club officiel du PSG au Liban. Nous sommes très déçus que Neymar s’en aille de cette façon. C’est très difficile d’accepter ce départ, surtout parce qu’il disait il y a encore deux semaines qu’il voulait rester à Paris. »

« Le bon moment pour mettre fin à l’histoire »

S’il laissera une trace indélébile dans la mémoire et le cœur de nombreux amoureux du PSG, ses absences à répétition et sa relation tumultueuse avec l’environnement du club lui auront valu d’être pris en grippe par une partie du public. Au point d’avoir pu lire des banderoles injurieuses à son encontre dans les travées du Parc des Princes ou voir des supporters le sommer de quitter le club devant sa résidence en banlieue parisienne.

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« C’était sans doute le bon moment pour mettre fin à l’histoire, estime quant à lui Richard Chahine, supporter parisien vivant aux États-Unis. Il va grandement nous manquer sur le terrain, il sera difficilement remplaçable. C’est surtout très triste de voir que son chapitre au PSG se termine sans avoir connu de grande réussite sur le plan sportif. Mais l’offre saoudienne était trop bonne pour être refusée. »

Si l’état-major qatari du PSG a poussé le Brésilien, sur lequel il a tant misé, vers la sortie, c’est aussi parce qu’il a reçu une offre qui ne se refuse pas pour un joueur qui s’avance vers le crépuscule de sa carrière à 31 ans.

« L’Arabie saoudite apparaissait comme le débouché le plus favorable pour Neymar, cela s’inscrit dans la suite logique de sa carrière, estime Raphaël Le Magoariec, géopolitologue spécialiste des pays du Golfe. Au-delà du fait qu’il a encore un très bon niveau, cela reste un joueur qui joue sur courant alternatif ces dernières années et qui ne renvoyait pas toujours une image positive. Le pari aurait été trop risqué pour n’importe quel club européen. »

En proposant près de 90 millions d’euros (hors bonus) en indemnités de transfert, al-Hilal avait donc aligné de quoi s’attirer l’oreille des dirigeants parisiens, mais aussi celle de Neymar et de son entourage. Difficile de rester insensible à un salaire annuel qui avoisinerait les « 100 millions d’euros par saison », selon une source proche des négociations citée par l’AFP. Un véritable pont d’or qui permettra au meneur de la Seleçao de tripler ses émoluments, eux qui n’étaient « que » de 30 millions à Paris.

Intérêts convergents

Preuve que tout était réuni pour que les deux parties se sautent dans les bras, al-Hilal avait encore un train de retard par rapport à ses concurrents : celui de ne pas être parvenu jusque-là à attirer dans ses rangs une grande star internationale.

À l’image des autres pensionnaires de Saudi Pro League, le club le plus titré du royaume (avec dix-huit couronnes nationales) s’était déjà considérablement renforcé tout au long de cette fenêtre de transferts parmi les plus folles de l’histoire.

En s’attachant les services de Koulibaly (ex-Chelsea), Milinkovin-Savic (ex-Lazio), Ruben Neves (ex-Wolverhampton) ou encore de l’ailier brésilien Malcom (ex-Zénith Saint-Pétersbourg et Bordeaux), le club de Riyad s’était constitué une armada remplie de joueurs référencés ayant évolué dans les plus importants championnats européens.

Mais au contraire des autres membres du quatuor de clubs privilégiés, récemment intégrés dans le giron du fonds souverain saoudien, le PIF (Public Investment Found), al-Hilal n’avait pas encore dégoté sa tête de gondole. Ce dernier avait consécutivement essuyé les refus de Lionel Messi (parti à l’Inter Miami), puis de Kylian Mbappé, en dépit d’offres colossales dépassant les 500 millions d’euros de salaire annuel.

Un pari qu’avait déjà réussi haut la main son voisin d’al-Nasr en enrôlant Cristiano Ronaldo fin décembre dernier. L’arrivée du quintuple Ballon d’or portugais donnait en réalité le coup d’envoi d’une cavalcade inouïe dans laquelle s’est engouffré Sadio Mané (ex-Liverpool et Bayern Munich), également à destination d’al-Nasr.

Mais aussi et surtout le désormais ex-attaquant du Real Madrid, Karim Benzema, qui a atterri à Djeddah dans les rangs d’al-Ittihad, ou encore Riyad Mahrez dans ceux d’al-Ahly.

Avec de tels noms, accompagnés de joueurs plus jeunes encore dans la fleur de l’âge comme Jota (24 ans), Franck Kessié (26 ans), Allan Saint-Maximin (26 ans) ou encore Séko Fofana (28 ans), les ambitions des dirigeants saoudiens sont montées d’un cran, eux qui espèrent se hisser, à terme, dans le « top 5 » des meilleurs championnats mondiaux et s’y frotter dans le cadre du Mondial des clubs (qui aura lieu dans le royaume l’année prochaine).

Nouvelle force d’attraction

Ce nouveau transfert au retentissement mondial prouve une fois de plus que l’appétit des dirigeants saoudiens semble sans limite. Au passage, il entérine la nouvelle force d’attraction de la ligue saoudienne, soucieuse de s’attirer les regards de tous les passionnés de ballon rond autour du globe.

« Contrairement aux autres clubs, qui doivent considérer tout investissement par rapport à un budget prédéfini, les clubs saoudiens ont des moyens quasi illimités. Ils suivent une tout autre logique économique, guidée par des ambitions de nature étatique », analyse Raphaël Le Magoariec.

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« Les clubs saoudiens peuvent se permettre d’investir de telles sommes car ils cherchent à créer un véritable marché sportif autour de la ligue nationale. Le but n’est pas seulement d’apporter du divertissement pour la jeunesse, mais de créer les conditions nécessaires à l’essor d’un marché économique autour du sport en Arabie saoudite, notamment grâce à l’émulation autour des droits télévisés à l’étranger », ajoute-t-il.

Un premier pas a été franchi en ce sens avec l’achat récent des droits de la Saudi Pro League par le groupe Canal+, qui diffusera l’intégralité des rencontres lors des deux prochaines saisons en France et en Afrique. Et plus les stars mondiales afflueront en masse vers les pelouses du royaume, plus le nombre de curieux, et donc de téléspectateurs, pèsera dans la balance.

« Neymar est un joueur parmi tant d’autres dans la stratégie saoudienne, conclut Raphaël Le Magoariec. Pas plus que Ronaldo, Benzema et tous les autres grands noms qui ont rejoint la ligue saoudienne cet été. Leur but dans toute cette opération est avant tout d’asseoir leur légitimité sportive à l’approche de la désignation des hôtes des prochaines grandes échéances sportives. Notamment la Coupe du monde et les Jeux olympiques que l’Arabie saoudite se verrait bien accueillir chez elle. »

Après chaque séisme, vient souvent l’heure des répliques. Bien qu’elles soient moins puissantes que la secousse originelle, il arrive qu’elles n’en demeurent pas moins impressionnantes, tant par leur nombre que par leur intensité.Telle est la règle que vient à nouveau de confirmer l’Arabie saoudite. Plaque où la terre ne cesse de trembler depuis le début de l’été,...

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Nous sommes ravis d'apprendre que leur plan de faire du pays un oasis technologique a franchi un grand pas avec cette acquisition...

IBN KHALDOUN

15 h 41, le 17 août 2023

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Commentaires (1)

  • Nous sommes ravis d'apprendre que leur plan de faire du pays un oasis technologique a franchi un grand pas avec cette acquisition...

    IBN KHALDOUN

    15 h 41, le 17 août 2023

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