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Sport - Sports automobiles

Y a-t-il un problème avec le circuit de Spa-Francorchamps ?

Le mois dernier, Dilano van’t Hoff, jeune pilote néerlandais de 18 ans, est décédé des suites d’un grave accident survenu lors d’une course de formule 3 à Spa-Francorchamps. Un nouveau drame qui rappelle le décès du Français Anthoine Hubert, cinq ans auparavant, sur le même circuit et qui interroge sur sa dangerosité.

Y a-t-il un problème avec le circuit de Spa-Francorchamps ?

Le pilote monégasque de Ferrari Charles Leclerc participant à la séance de qualification du Grand Prix de Belgique de formule 1 sur le circuit de Spa-Francorchamps à Spa, le 27 août 2022. Photo John Thys / AFP

Le 30 juillet dernier se déroulait le Grand Prix de formule 1 de Belgique sur le circuit historique de Spa-Francorchamps, dernière étape du championnat du monde avant la pause traditionnelle de la mi-saison. Cependant, il planait au-dessus de cette quatorzième course de l’année l’ombre du drame qui s’était produit moins d’un mois auparavant sur le même circuit.

Lors de la seconde course du championnat européen de formule 3, le samedi 1er juillet, un pilote néerlandais de 18 ans, Dilano van ’t Hoff, a perdu la vie dans un accident impliquant plusieurs voitures, percuté à pleine vitesse par un concurrent à la suite d’une collision en chaîne.

Si ce genre d’accident fait bien entendu partie des « risques du métier » tant l’histoire des sports automobiles en est jalonnée, celui-ci s’inscrit dans une triste lignée. Puisque, quelques années auparavant, un autre pilote, le Français Anthoine Hubert, alors âgé de 22 ans, avait, lui aussi, péri dans les virages du circuit belge, lors d’une course de formule 2, après un carambolage similaire. De quoi interroger sur la dangerosité d’un circuit qui aura coûté la vie à deux jeunes espoirs du sport automobile en l’espace de quatre ans.

Piste détrempée

Quelques minutes avant son tragique accident, van’t Hoff s’alignait à la 19e place sur la grille de départ sous les couleurs de l’écurie MP Motorsport. La température de la piste n’est que de 17° C et la pluie détrempe le circuit alors que les pilotes doivent parcourir neuf tours sur une durée de 32 minutes.

Malgré les conditions météorologiques, peu propices à la tenue d’une course, les commissaires de la FIA (Fédération internationale d’automobile) déploient le drapeau vert, les pilotes pouvant donc s’élancer.

La course se déroule sans encombre jusqu’à l’avant-dernier tour, moment où plusieurs pilotes, dont Dilano van’t Hoff, perdent le contrôle de leur monoplace dans la ligne droite de Kemmel (des Combes). En raison des trombes d’eau qui s’élèvent derrière chaque voiture, la visibilité est quasi nulle pour les pilotes arrivant sur les lieux de la collision.

Immobilisé au centre de la piste après avoir rebondi sur la rambarde, le Néerlandais se fait percuter de plein fouet par une autre voiture lancée à pleine vitesse. Malgré l’intervention des secours, il succombera quelques instantsplus tard à ce choc mortel.

Plusieurs questions surviennent. Cet accident aurait-il pu être évité ? La décision de la FIA de laisser de jeunes pilotes s’élancer dans de telles conditions était-elle déraisonnée ? Et que fera-t-elle pour éviter que ce genre de drame ne se répète à l’avenir ?

Un tracé dangereux ?

Présent sur le calendrier de formule 1 depuis 1950, le circuit de Spa-Francorchamps fait partie des tracés les plus emblématiques du sport automobile. Il accueille également d’autres compétitions que la course en monoplace, telles que l’endurance voiture et moto, et, bien sûr, les 24 Heures de Spa. La création du tracé date de 1921, et seulement quatre ans après sa naissance, le circuit fait déjà son premier mort. En tout, de 1925 à aujourd’hui, 53 personnes y ont perdu la vie, dont quatre officiers de course.

Depuis l’apparition du circuit jusqu’à aujourd’hui, l’objectif suivi par les organisateurs a été d’améliorer la sécurité du tracé tout en optimisant la vitesse. À partir de 1970, le circuit s’étendait sur un peu plus de 14 000 m, tandis qu’aujourd’hui, il s’étend sur environ 7 000 m. Il reste malgré tout un circuit magnifique à voir et très apprécié des pilotes. Néanmoins, même avec les rénovations qui ont eu lieu l’année dernière, il reste un des circuits les plus dangereux au monde, et la perte tragique de van’t Hoff en est la preuve.

La FIA a une part de responsabilité

Autre exemple lors de l’édition 2021 du Grand Prix de Belgique. Les pilotes de F1 devaient prendre le départ dans les mêmes conditions météorologique que celles qui ont perturbé la course de F3 régionale le 1er juillet dernier. Pourtant, la FIA avait décalé le départ du Grand Prix à plusieurs reprises, jusqu’à faire rouler les pilotes presque intégralement sous la surveillance d'une voiture de sécurité.

Étonnamment, cette expérience n’a pas empêché la FIA à autoriser des jeunes pilotes, peu expérimentés, à courir sous des conditions extrêmement exigeantes. Lorsque les pilotes courent sur piste mouillée, les voitures envoient d’énormes projections d’eau sur la piste, et donc sur les véhicules qui les précèdent. Dès lors, les pilotes conduisent à l’aveuglette. En roulant à 200 km/h, la FIA a fait prendre des risques inutiles à ces jeunes pilotes de formule régionale.

Des pilotes aux avis partagés

De nombreux pilotes ont très rapidement réagi au drame et pointent du doigt différents responsables. Au lendemain du décès de van’t Hoff, à l’arrivée du Grand Prix d’Autriche à Spielberg, Lance Stroll confiera au micro de Sky Sports : « C’est injuste ce qu’il s’est passé. » Avant de pointer du doigt le périlleux tracé du circuit : « Les virages ont besoin d’être changés, on le dit depuis plusieurs années. Nous avons perdu deux enfants maintenant en l’espace de quatre ans. »

Puis ce fut le tour de Max Verstappen de s’exprimer sur la question : « C’est incroyablement triste pour toute la famille et l’équipe MP Motorsport. Je ne le connaissais pas personnellement. Il s’agissait d’un pilote de course néerlandais en pleine ascension. Il avait les mêmes rêves que nous lorsque nous avions l’âge de monter en F1. »

Cependant, pour le double champion du monde en titre, le problème ne viendrait pas de la piste en elle-même, mais plutôt de la décision des commissaires de course de laisser se dérouler la course dans de telles conditions. « Nous devons examiner ces situations. Il est facile de blâmer la piste, mais quand on voit à quel point elle était mouillée, nous devons nous pencher sur la question à l’avenir et voir ce que nous pouvons faire de mieux pour protéger les pilotes. Parce que je pense qu’aujourd’hui, ce n’était clairement pas nécessaire. »

Enfin, Fernando Alonso partage l’avis de Max Verstappen. « Je ne sais pas si c’est Spa le problème, a déclaré le pilote espagnol. Parce que, à Monza, c’est la même chose. Si une voiture se retrouvait au milieu de la piste, vous ne seriez pas capables de la voir, et ça, c’est le réel problème. »

Pour l’instant, on ne prévoit pas de travaux sur le circuit belge. Mais pour essayer d’améliorer la sécurité des pilotes par temps de pluie, le producteur de pneumatiques Pirelli a récemment expérimenté, à l’occasion du Grand Prix de Silverstone, en Angleterre, la mise en place de garde-boue au-dessus des roues des monoplaces. Un nouvel équipement censé permettre de réduire considérablement la projection d’eau sur piste mouillée. Mais les tests n’ont pas été totalement concluants, car l’eau se pulvérise encore par d’autres parties de la voiture, notamment l’aileron et le diffuseur. L’instauration de ce nouveau matériel ne serait de toute façon pas très pratique, car cela impliquerait de le prévoir avant le départ ou bien de stopper une course.

Le 30 juillet dernier se déroulait le Grand Prix de formule 1 de Belgique sur le circuit historique de Spa-Francorchamps, dernière étape du championnat du monde avant la pause traditionnelle de la mi-saison. Cependant, il planait au-dessus de cette quatorzième course de l’année l’ombre du drame qui s’était produit moins d’un mois auparavant sur le même circuit. Lors de la seconde...
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