Le titre lui était promis, encore fallait-il aller le chercher : c'est ce qu'a fait sans flancher Iga Swiatek qui a remporté samedi son quatrième Roland-Garros, le troisième d'affilée, en dominant nettement l'Italienne Jasmine Paolini 6-2, 6-1. « J'adore cet endroit ! », a lancé la N.1 mondiale polonaise pour débuter sa litanie de remerciements, la casquette toujours vissée bas sur le crâne et qu'elle n'a même pas enlevée pour l'hymne. « Je suis très fière de moi parce que les attentes depuis l'extérieur étaient énormes et donc la pression aussi », a-t-elle ajouté en assurant qu'il était plus facile d'être « outsider ». « Jouer contre toi ici, c'est vraiment ce qu'il y a de plus difficile en tennis. Tu es N.1, tu as gagné cinq titres du Grand Chelem, félicitations... Que dire d'autre ? », a déclaré pour sa part Paolini, qui jouait à 28 ans sa première finale de Grand Chelem.
C'est sur ce court Philippe-Chatrier que la Polonaise s'était fait connaître en remportant son premier titre du Grand Chelem à la surprise générale en 2020. Depuis, elle a remporté au total quatre fois ce tournoi en cinq ans, y a ajouté l'US Open 2022 et s'est établie en incontestée N.1 mondiale et en incontestable reine de la terre battue. Elle est aussi la seconde joueuse à réussir le triplé Madrid-Rome-Roland-Garros avec Serena Williams en 2013. Et ses statistiques sur la terre parisienne commencent à avoir un air nadalien : depuis sa première participation en 2019, la Polonaise aujourd'hui âgée de 23 ans, compte 35 victoires pour deux défaites.
Avec Henin et Seles
Swiatek devient également la première joueuse à remporter trois fois les Internationaux de France d'affilée depuis Justine Henin (2005 à 2007) et la troisième de l'histoire après Monica Seles (1990 à 92). Au palmarès, seules Evert (7) et Graf (6) détiennent plus de titres qu'elle à Paris.
Samedi en début de finale, Paolini a bien tenté l'échange coup pour coup façon Ali-Frazier. Et si quelques-uns de ses directs ont fait mouche, elle s'est surtout fatiguée. Et elle n'a pas suffisamment réussi à entrer dans la défense de son adversaire pour placer des crochets dévastateurs comme elle l'avait fait face à Elena Rybakina en quarts.
Pire : si l'Italienne a réussi le premier break de la partie, pour mener 2-1 dans la première manche, cela n'a fait que réveiller complètement la terreur polonaise qui a enchaîné dix jeux d'affilée pour empocher le premier set et se détacher 5-0 dans le second.
« Les plus beaux jours »
Finalement, Swiatek n'aura connu qu'une alerte dans ce tournoi : la balle de match qu'elle a sauvée au deuxième tour contre l'ex-N.1 mondiale Naomi Osaka. Par la suite, elle n'a plus perdu que 17 jeux en cinq matches. En 8es de finale, elle n'a même cédé que dix points et pas le moindre jeu pour écarter la Russe Anastasia Potapova en 40 minutes. Aussi clinique et sans émotion qu'ait donc pu paraître son parcours vers le titre, Swiatek l'a toutefois savouré en montrant des signes de déstabilisation.
Une fois l'ultime balle de Paolini retombée trop longue derrière la ligne de fond du court, elle est tombée à genoux et poings serrés, a hurlé sa joie en direction de son clan, avant de courir les rejoindre en tribune. Puis lors du discours, les mots sortaient comme d'habitude d'un ton monocorde et à haute vitesse... mais pas toujours dans le bon ordre. Reste qu'après cette démonstration de force, elle débutera lundi sa 107e semaine au sommet de la hiérarchie mondiale. Et sera suivie pour la première fois de Coco Gauff qui cueille les fruits de son parcours jusqu'en demi-finales.
Quant à Paolini, elle fera son entrée dans le Top 10, au 7e rang. « Ces quinze jours ont été les plus beaux de ma vie et ça continue puisque je joue la finale du double (avec sa compatriote Sara Errani) » dimanche, a lancé l'Italienne. « Ces quinze jours ont été très intenses et aujourd'hui ça a été dur, mais je suis très fière de moi », a-t-elle ajouté, avant de lancer, en français, un « Merci beaucoup Paris » qui lui a permis de terminer sur un de ses désormais fameux sourires.