Prisons syriennes : Gemayel signe une proposition pour inclure les détenus libanais dans la résolution de l'ONU

Le chef des Kataëb Samy Gemayel a signé mercredi une proposition élaborée par l'Association des détenus politiques libanais dans les prisons syriennes, pour amender une résolution des Nations unies adoptée en juin afin de clarifier le sort des disparus en Syrie. Cette proposition prévoit d'intégrer les prisonniers libanais dans les geôles syriennes dans le texte de l'ONU.

Beyrouth avait refusé de voter en faveur de la résolution de l'ONU, sachant que des dizaines de Libanais disparus pendant la guerre civile libanaise de 1975-1990 se trouveraient dans les prisons syriennes.

Dirigée par Ali Abou Dehen, lui-même ancien détenu en Syrie, la délégation qui a été reçue par M. Gemayel a expliqué que le texte allait être présenté au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et qu'il consiste à inclure dans la résolution les prisonniers et disparus avant 2011, toutes nationalités confondues, ce qui permettra donc d'ajouter le dossier des Libanais détenus en Syrie. 

L'Assemblée générale de l'ONU a créé en juin une "institution indépendante" chargée de "clarifier" le sort des milliers de personnes disparues en Syrie depuis le début de la guerre, en 2011. La résolution a été adoptée par l'Assemblée générale par 83 voix pour, 11 contre et 62 abstentions, notamment de la part du Liban.

"Notre visite chez les Kataëb, qui ont des centaines de prisonniers dans les geôles syriennes, a pour but de demander au député Samy Gemayel de signer ce projet de loi qui pourrait nous aider à déterminer le sort de certains et récupérer les corps de ceux qui sont décédés pour les enterrer au Liban dans la dignité", a déclaré Ali Abou Dehen.

"Les prisonniers sont dépourvus des droits les plus basiques. Ils sont assoiffés et affamés, malades, humiliés et soumis à des exécutions aléatoires", a-t-il dit. 

Le chef des Kataëb a critiqué pour sa par "l'Etat libanais qui n'a rien fait pour aider à rendre justice dans le dossier des prisonniers et disparus forcés en Syrie et qui n'a pas non plus fait ce qu'il fallait auprès de leurs familles lesquelles ignorent tout de leur sort depuis des dizaines d'années". Il a par ailleurs demandé au Premier ministre et au président du Parlement de faire le nécessaire. "Il est regrettable que le Liban ne saute pas sur l'occasion pour essayer d'inclure les prisonniers libanais dans la décision de l'ONU", a-t-il ajouté. 

Samy Gemayel a par ailleurs rappelé qu'un membre éminent du bureau politique des Kataëb, Boutros Khawand, a été kidnappé en 1992 et que son parti est sans nouvelles de lui depuis. Selon ses proches, Boutros Khawand serait détenu en Syrie, mais sa famille n'a jamais pu avoir de confirmation à ce sujet.